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Symphonie n° 31 « Paris » Wolfgang Amadeus Mozart
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie n° 31 « Paris » de Wolfgang Amadeus Mozart |
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Genre | musique symphonique |
Commanditaire | Joseph Le Gros |
Composition | en 1778 à Paris |
Création | le 18 juin 1778 à Paris par le Concert Spirituel |
Forme | symphonie en trois mouvements : I. Allegro assai II. Andantino III. Allegro |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
Mozart est à Paris. Il vient de subir une grande déconvenue : sa Symphonie concertante, commandée par M. Le Gros pour le Concert Spirituelsociété de concerts parisiens n’a pas été donnée. En réalité, Le Gros n’a pas osé faire jouer cette symphonie, trop novatrice à son goût. Il tente de se faire pardonner en demandant à Mozart une nouvelle symphonie. Le compositeur s’exécute et écrit à son père : J’en suis tout à fait content. Mais savoir si elle plaira, c’est ce que j’ignore. En vérité, je m’en soucie peu. Car à qui ne plairait-elle pas ? Pour le petit nombre de Français intelligents qui seront là, je suis bien sûr qu’elle leur plaira. Quant aux imbéciles, ça ne sera pas un grand malheur si elle leur déplaît. Et j’ai quand même l’espoir que même les ânes y trouveront aussi quelquechose qui puisse leur plaire.
Déroulé de l’œuvre
Certainement échaudé par les critiques de Le Gros sur sa Symphonie concertante, Mozart compose une symphonie plus à même de séduire le public parisien. Il y glisse tous les ingrédients appréciés en France à l’époque : grands contrastes de nuances, crescendos spectaculaires, passages brillants et inattendus, débuts avec la solennité des ouvertures à la française.
Le premier mouvement, Allegro assai, concentre l’ensemble de ces caractéristiques. Le deuxième mouvement, Andantino, laisse place à la grâce et au calme, parfois interrompus par un unisson solennel. Le troisième mouvement, Allegro, est le lieu de tous les contrastes. Mozart fait courir les violons dans une nuance piano, puis surprend l’auditeur par un tutti orchestralTout l’orchestre joue. nuance forte, mis en valeur par les timbales. Il varie aussi les tonalités, passant brusquement du majeur au mineurCela change la couleur du morceau : en majeur, la musique semble brillante, tandis qu’elle comporte un aspect plus sombre en mineur..
Cette symphonie est le reflet de l’ambivalence qui habite Mozart à cette période de sa vie : il veut plaire (effets du premier et du troisième mouvements) mais ne peut s’empêcher d’être lui-même (élégance du deuxième mouvement).
Focus sur le premier mouvement Allegro assai
Le thème initial de ce premier mouvement est construit sur plusieurs motifs. Les quatre accords d’ouverture sont un pied de nez au public parisien dont Mozart disait qu’ils voulaient toujours des accords précis et nets
. Le motif qui découle de ces quatre accords est une simple gamme ascendante, dont toute la puissance provient de l’unisson des cordes, bassons et flûtes, renforcée par le trémolo de timbale. La montée s’achève sur un silence qui crée à la fois un effet de surprise et d’attente. Mozart joue sur les contrastes en faisant suivre ce puissant tutti d’une descente en rebonds aux seuls violons. Enfin, le thème se termine sur une petite conclusion sautillante des violons, à laquelle se superposent, aux vents, les accords du début.
Tout le mouvement est construit à partir de ce thème. Il apparaît tantôt tel que présenté la première fois, précédé des quatre accords, tantôt sous la forme de la gamme seule, tantôt sous la forme d’une évocation. Mozart alterne les accompagnements rythmiques, ce qui donne de la variété et de la force à une musique qui pourrait paraître répétitive.
Auteure : Bérénice Blackstone