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Symphonie n° 35 « Haffner » Wolfgang Amadeus Mozart
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie n° 35 « Haffner » de Wolfgang Amadeus Mozart |
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Genre | musique symphonique |
Commanditaire | Sigmund Haffner, bourgmestre de Salzsbourg |
Composition | en 1782 à Vienne |
Forme | symphonie en quatre mouvements : I. Allegro con spirito II. Andante III. Menuetto IV. Presto |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
Au moment où Mozart reçoit la commande de la Symphonie n° 35, tout a changé pour lui. Il n’est plus – pour son plus grand bonheur – au service du prince-archevêque Colloredo de Salzbourg qui le traitait si mal : c’est en homme libre qu’il s’installe à Vienne, se marie avec Constanze Weber, et apprécie le succès qu’il vient de remporter avec son opéra L’Enlèvement au sérail. Lorsque son père lui transmet la demande d’une sérénade de la part du bourgmestremaire de la ville de Salzbourg, Sigmund Haffner, Mozart est à la fois agacé et intéressé : ceux qui le méprisaient autrefois s’adressent désormais à lui en tant que compositeur reconnu. Se montrant surchargé de travail, il répond à son père : Et je devrais encore écrire une symphonie ? Comment serait-ce possible ? (…) Enfin, bon, je l’écrirai la nuit, autrement je n’en sortirai pas – et que ce sacrifice soit pour vous, mon très cher père !
On voit comme Mozart a déjà décidé d’écrire une symphonie et non une sérénade, c’est-à-dire une œuvre plus conséquente et au caractère moins divertissant.
Déroulé de l’œuvre
Mozart ne choisit pas réellement la tonalité de cette symphonie. À Salzbourg, la mode est au ré majeur, ce sera donc en ré majeur même si cela agace profondément le compositeur. Cet agacement semble même s’immiscer dans la symphonie. Ainsi, dans le premier mouvement, Allegro con spirito, une certaine puissance émane du thème principal, donné en tutti à l’unisson. Le silence qui le suit renforçe son caractère imposant. Ce thème alterne tantôt avec de furieuses gammes ascendantes, tantôt avec des moments plus sombres et tendus même s’ils sont dans une nuance piano. Le deuxième mouvement, Andante, très différent, est à la fois calme et élégant. Le troisième mouvement, Menuetto, semble prendre plus d’importance que ceux des symphonies précédentes de Mozart : le Menuet évoque le caractère du premier mouvement, tandis que le Trio garde sa majesté grâce à une instrumentation, certes allégée (ni timbales ni trompettes), mais pas uniquement constituée des seules cordes. Enfin, le dernier mouvement, Presto, cache dans l’un de ses thèmes l’air n° 19 de L’Enlèvement au sérail : c’est l’Air d’Osmin auquel Mozart associait bien volontiers la figure du prince de Salzbourg !
Focus sur le deuxième mouvement Andante
Dans ce mouvement, Mozart montre sa maîtrise du temps musical. Le tempo est très lent, mais le compositeur habille le thème de façon à ce qu’il ne semble pas ennuyeux. Tout en délicatesse, ce thème comporte beaucoup d’ornementations (des appoggiatures brèvespetites notes étrangères à l’harmonie jouées très rapidement, des trilles...) sans pour autant paraître frivole.
L’utilisation d’un accompagnement en notes répétées apporte un certain calme, une plénitude au mouvement, et semble élargir le temps comme s’il était suspendu.
Enfin, Mozart apporte du mouvement et déstabilise sa mesure en faisant jouer les cordes à contre-temps, tandis que les instruments à vent et la basse jouent sur les temps.
Auteure : Bérénice Blackstone