Page découverte
La Flûte enchantée Wolfgang Amadeus Mozart 1. De la commande à la création
Carte d’identité de l’œuvre : La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart |
|
Genre | opéra : singspiel |
Librettiste | Emanuel Schikaneder |
Composition | en 1791 à Vienne |
Création | le 30 septembre 1791 au Theater auf der Wieden, à Vienne |
Forme | opéra en une ouverture et deux actes |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 1 cor de basset, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones percussions : timbales, glockenspiel cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Enfin une commande d’opéra !
Le projet d’un opéra intitulé La Flûte enchantéeDie Zauberflöte naît en mars 1791, entre Wolfgang Amadeus Mozart et Emanuel Schikanederhomme de théâtre et chanteur (1751-1812). Il ne reste alors à Mozart que quelques mois à vivre. Le compositeur est dans une situation financière difficile, car sa musique se joue de moins en moins à Vienne. Son dernier opéra Così fan tutte, créé en janvier 1790, n’a eu que peu de succès. De plus, le nouvel empereur Leopold II, successeur de Joseph II, n’apprécie pas Mozart, et ce dernier n’a donc aucune chance de recevoir une commande de la cour. Le librettiste Lorenzo da Pontehomme de lettres italien (1749-1838), avec lequel collabore habituellement Wolfgang, a par ailleurs quitté Vienne pour Londres. C’est donc une vraie joie - et une chance inespérée - pour Mozart de travailler à un nouvel opéra, en allemand cette fois, avec son ami l’acteur Emanuel Schikaneder qui en rédige le livret. Les deux hommes se connaissent de longue date : Schikaneder, acteur de grand talent, a rencontré Mozart lors de son passage à Salzbourg, et leur amitié a grandi à Vienne où ils fréquentent tous deux les mêmes cercles maçonniques. C’est d’ailleurs dans un petit chalet en bois, attenant au théâtre que dirige son ami, que Mozart conçoit la plus grande partie de l’œuvre. Mozart écrit très rapidement le nouvel opéra, en six mois à peine. Mais il reçoit subitement dans l’intervalle deux nouvelles commandes : un requiem, et un opéra intitulé La Clémence de Titus, qu’il doit écrire en moins de trois semaines, pour les festivités du couronnement de Leopold II comme roi de Bohème. Ce n’est qu’à son retour de Prague, en septembre, qu’il termine l’instrumentation de La Flûte enchantée, y ajoutant même trois nouveaux morceaux (La Marche des prêtres, Le Chœur des prêtres, et un air pour le personnage de Papageno). Et ce n’est qu’en tout dernier, conformément à son habitude, qu’il compose l’Ouverturela pièce instrumentale qui sert d’introduction à l’opéra la veille de la répétition générale !
Une première suivie de 24 représentations
La première représentation de La Flûte enchantée a lieu au Theater auf der Wieden, un théâtre populaire dans les faubourgs de Vienne, où Schikaneder monte régulièrement depuis 1789 des œuvres à grand spectacle. Mozart dirige lui-même son œuvre du clavecin. La salle est remplie d’un millier de personnes. Le public - qui n’est ni celui de la cour, ni celui des résidences princières - vient des faubourgs de Vienne et est habitué à la représentation de pièces féériques : il goûte particulièrement les effets spéciaux, tels que les éclairs et les effets de tonnerre. Le premier acte est reçu avec réticence : le public applaudit peu et Mozart se sauve dans les coulisses, catastrophé, à la recherche de son ami Schikaneder qui le rassure. Ce n’est que lors du deuxième acte que le public applaudit à tout rompre. L’opéra remporte finalement un grand succès et est représenté presque tous les soirs (pas moins de 24 fois en octobre de la même année) devant une salle toujours comble. Mozart accorde une grande importance à La Flûte enchantée, et il vient régulièrement assister lui-même aux représentations, jusqu’à peu de temps avant sa mort. Un soir, il joue une bonne plaisanterie à Schikaneder qui tient dans l’opéra le rôle de Papageno. Mozart s’est en effet installé dans l’orchestre devant le glockenspielinstrument composé d'une série de lames métalliques, sur lesquelles on frappe avec des baguettes, que l’on doit entendre au moment où Papageno, sur scène, donne l’illusion de jouer du carillon. Mais, bien exprès, le compositeur décide de faire entendre l'instrument alors que Schikaneder ne fait plus mine de jouer ! « Beaucoup de gens ont compris pour la première fois, par cette plaisanterie, que ce n’est pas lui qui frappe l’instrument » (lettre de Mozart du 9 octobre 1791).
La Flûte enchantée : opéra ou singspiel ?
Même si Mozart désigne La Flûte enchantée comme « grand opéra », cette œuvre adopte les caractéristiques de ce qu’on appelle le singspielce qui veut dire en allemand que l’on joue et chante à la fois, opéra populaire de langue allemande, destiné à un théâtre populaire. Par exemple, il n’y a pas de récitatifs chantés : ceux-ci sont remplacés par des dialogues parlés. En outre, l’opéra de Mozart se compose de numéros clairement séparés : chœurs, ensembles, duos ou airs, d’une durée plus courte que dans ses autres opéras. Les interprètes sont en effet surtout des acteurs sachant bien chanter plutôt que de véritables chanteurs professionnels : Mozart s’adapte donc à la contrainte de la commande. Mais il destine des passages virtuoses à la Reine de la Nuit, car il sait que le rôle va être tenu par sa belle-sœur, Josepha Hofer, excellente chanteuseElle est soprano colorature.. Il s’agit aussi d’un des opéras les plus courts de Mozart – La Flûte enchantée ne dure que deux heures – en seulement deux actes.
L’essentiel
- Mozart écrit un opéra pour les faubourgs de Vienne et doit écrire pour des chanteurs qui ne sont pas tous professionnels.
- L’opéra La Flûte enchantée comporte une part importante de dialogues parlés.
- L’œuvre rencontre un grand succès et est représentée de nombreuses fois.
- Il s’agit d’une œuvre particulièrement appréciée par le compositeur, qui vient assister à plusieurs des représentations.
Auteur : Bruno Guilois