Page découverte
Contexte
Le romantisme apparaît à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, puis s’étend au début du XIXe siècle en France et dans les autres pays d’Europe. Le courant se dessine tout d’abord en littérature. Les auteurs romantiques - au contraire des auteurs classiques dont les textes étaient fondés sur la raison – écrivent sur leurs sentiments, leurs émotions. Cette pratique s’étend ensuite aux autres arts, dont la musique. Souvent incompris, en prise avec un perpétuel mal-être, le compositeur romantique crée un langage personnel, original, qui évolue sans cesse.
Si l'expression des sentiments en musique n’est pas un fait nouveau, le romantisme se caractérise par les moyens qu'il emploie à cette fin. Les progrès techniques des instruments permettent plus de nuances et de contrastes, à l'image du tout nouveau piano-forte, un clavier qui, comme son nom l’indique, permet de jouer fort ou doux. Cet instrument aux possibilités expressives nombreuses devient l’instrument « symbole » du romantisme. Le compositeur, seul face à son piano, peut s’épancher librement.
Par ailleurs les musiciens romantiques portent leur attention sur l’orchestration. Là encore, les progrès techniques réalisés sur les instruments – et notamment les instruments à vent – permettent aux compositeurs de nouvelles couleurs par de nouvelles associations, ajoutant encore de nouvelles possibilités d’expression.
Même si le XIXe siècle est marqué par un essor considérable de la musique instrumentale, la voix reste une préoccupation du musicien romantique. Elle s'épanouit dans deux genres majeurs : le lied et l'opéra. Charles Gounod, Georges Bizet et Hector Berlioz représentent l’opéra français, Carl Maria von Weber et Richard Wagner l’opéra allemand, tandis que Gioacchino Rossini, Vincenzo Bellini et Giacomo Puccini s’expriment en Italie. Dans le genre du lied, le piano est l'instrument privilégié pour accompagner la mélodie. Franz Schubert en est le plus grand représentant, sans oublier aussi Robert Schumann, Johannes Brahms et Gustav Mahler.
Caractéristiques
Le lied et la mélodie
Le lied et la mélodie désignent le même principe d'écriture : une voix seule, accompagnée au piano. Le lied en est la forme allemande, tandis que la mélodie en est la forme française. La poésie romantique alimente le répertoire musical par des textes qui recherchent déjà la musicalité de la langue.
Les chanteurs inventent une façon de chanter propre au lied et à la mélodie. Jusqu’ici, c’est la technique du bel canto italien qui prédominait, mais des cantatrices telles que W. Schröder-Devrient introduisent une nouvelle façon de faire, plus tournée vers l’expression que vers la virtuosité.
Le public amateur de musique change. Il est constitué d’une nouvelle classe bourgeoise, qui entend trouver au concert une forme d’art représentative de son pays. Ainsi, le lied et la mélodie deviennent respectivement les symboles nationaux de la musique allemande et de la musique française.
L’opéra romantique
Les compositeurs d’opéra de la période romantique recherchent une certaine forme d’équilibre entre tous les styles existants jusque-là. Chaque compositeur trouve une réponse personnelle à cette synthèse, tout en partageant quelques thèmes communs : la lutte d’un héros, la délivrance d’un amour désespéré, la mort, la religion mais aussi la superstition. La femme occupe aussi une grande place dans l’opéra romantique.
Comme dans le lied et la mélodie, la littérature et la musique s’allient de façon intime. De grands auteurs sont choisis pour les livrets (Shakespeare, Goethe, Schiller, Pouchkine, Victor Hugo, Walter Scott). Les compositeurs apportent une attention toute particulière à l’interdépendance entre la musique et le texte.
Auteure : Bérénice Blackstone