Christof Lauer (1953-)
Soliste d’envergure internationale aux collaborations nombreuses tant sur la scène européenne qu’avec des musiciens américains de premier ordre, Christof Lauer est l’une des figures les plus proéminentes du jazz allemand, qui n’est inféodée ni au courant du free jazz germanique rattaché au label berlinois FMP, ni à l’univers plus conservateur des big bands radiophoniques de l’Ouest du pays. D’abord marqué comme la majorité des ténors de sa génération par la double influence de Michael Brecker et John Coltrane, il s’est progressivement démarqué de ses modèles par un lyrisme puissant qu’amplifie une sonorité ouverte et expressive.
Premières collaborations
Né le 25 mai 1953 à Meisungen (Allemagne), fils de pasteur, Christof Lauer a grandi dans un milieu propice à la musique. Débutant par le piano, puis le violoncelle qu’il apprend à Francfort, il se prend de passion pour le saxophone ténor qu’il étudie avec Dieter Glawischnig à Graz en Autriche de 1972 à 1974. Installé à Vienne, il débute sa carrière dans des groupes locaux avant de regagner Francfort en 1978 où il est associé à deux figures du jazz allemand, le tromboniste Albert Mangelsdorff (dans l’orchestre Hessischer Rundfunk) et le saxophoniste Heinz Sauer (dans le groupe Voices). Très rapidement considéré comme l’un des instrumentistes les plus valeureux de son pays, Christof Lauer enchaîne à partir du début des années 1980 les collaborations : avec la plupart des personnalités du jazz de son pays (Joachim Kühn, Wolfgang Puschnig, Eberhard Weber, Dieter Ilg…), avec certains des acteurs du jazz européen émancipé (Jean-François Jenny-Clark, Daniel Humair, Palle Danielsson…) mais aussi avec des musiciens américains coutumiers des échanges transatlantiques (Peter Erskine, Billy Hart, Steve Swallow, Carla Bley, Bob Stewart, etc.).
Des projets originaux
La pluralité d'expériences et de rencontres fertiles contribue à asseoir la réputation internationale de Christof Lauer (qui effectue une tournée aux États-Unis en 1992) et à porter ses qualités très tôt perceptibles à un haut degré de maturation. Celles-ci lui permettent d’entamer en 1999 une relation suivie avec le label munichois Act Records pour lequel il enregistre un album, Fragile Network avec un groupe à l’image de son parcours, qui se compose de Michel Godard, Marc Ducret, Anthony Cox et Gene Jackson, entre attachement à l’énergie du jazz moderne et libre pensée des improvisateurs européens. La même année débute une association avec son compatriote Jens Thomas, de près de vingt ans son cadet. Le premier fruit de leur rencontre est une relecture originale des chansons de la rock-star Sting, Shadows in the Rain (2001), qui est suivi par Pure Joy enregistré entièrement en duo. Tout en demeurant très actif comme membre de nombreux groupes auxquels il apporte ses talents d’improvisateur enflammé (notamment les formations du pianiste Eric Watson), Christof Lauer engage sous son nom des projets musicaux de plus en plus singuliers, à l’image de Heaven, une série d’interprétations de chants traditionnels et d’airs sacrés arrangés pour une formation de cuivres seuls par le Norvégien Geir Lysne.
Auteur : Vincent Bessières