Jens Thomas (1970-)
Pianiste venu au jazz sur le tard, Jens Thomas s’est distingué sur la scène allemande et, par ricochets, en Europe, grâce à plusieurs projets transversaux, notamment une relecture de chansons du groupe de pop Police en association avec le saxophoniste Christof Lauer, de vingt ans son aîné, qui en a fait l’un de ses partenaires privilégiés.
Né en 1970 à Braunschweig (Allemagne), débutant l’apprentissage du piano classique à l’âge de six ans, Jens Thomas grandit en écoutant essentiellement du rock et des compositeurs « savants » (Schönberg, Ligeti, Wolfgang Rihm). La découverte du jazz à l’âge de 19 ans l’incite à étudier à l’Académie de musique et de théâtre de Hambourg auprès de Dieter Glawischnig. Avec le contrebassiste Stefan Weeke, avec lequel il joue en duo (sur l’album Duo Dance, 1988), il forme, en 1992, Triocolor que complète le batteur Björn Lücker. Ce trio, avec lequel il concourt dans plusieurs tremplins européens, bénéficie du soutien du Goethe Institut, ce qui lui permet de se produire dans plusieurs pays autour du globe. En septembre 1999 puis en avril 2000, Triocolor est ainsi invité à séjourner au Ghana où il travaille notamment avec le groupe African Sound Project et le percussionniste Kofi Ghanaba (alias Guy Warren). Leur troisième album, Colours from Ghana (ACT) est réalisé à l’issue de ce voyage en mai 2000. Parallèlement, le pianiste, pour qui le jazz est d’abord un art de l’improvisation, signe You Can’t Keep a Good Cowboy Down (1999), un album qui fait date en proposant une relecture personnelle de compositions de Ennio Morricone, avec l’appui de Paolo Fresu et Antonello Salis. Il collabore également avec le clarinettiste Gebhard Ullman et le contrebassiste Carlos Bica (Essencia, Between the Lines). En outre, sa rencontre avec le saxophoniste Christof Lauer, enchanté par les talents éclectiques de son jeune confrère, débouche sur la réalisation de Shadows in the Rain (2001), album basé sur des reprises de chansons écrites par Sting, chanteur du groupe Police, que le tandem interprète avec l’appui du quatuor à cordes Cikada et de la chanteuse norvégienne Sidsel Endresen, un répertoire qu’ils présentent sur scène en Europe l’année suivante. La complicité de Lauer et Thomas se prolonge dans un disque en duo, Pure Joy, au fil duquel les deux musiciens échangent sur des compositions de leur main. En 2005, toujours adepte de confrontations singulières, Jens Thomas a formé le duo Lunarplexus avec Saam Schlamminger, percussionniste familier des traditions turques et iraniennes.
Auteur : Vincent Bessières