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La famille Mozart
Salzbourg
La famille Mozart habite dans une principautéétat dirigé par un prince indépendante, dirigée par un prince-archevêque, électeurqui participe à l’élection de l’empereur du Saint Empire romain germanique. La famille, du côté paternel, est originaire d’Augsbourg. Wolfgang ne se dit pas autrichien, mais plutôt allemand. L’Empire d’Autriche ne sera créé qu’en 1805, après que la Révolution française ait mis fin au vieil Empire germanique, la principauté de Salzbourg n’étant rattachée qu’en 1816 au tout nouvel Empire. Salzbourg est une ville prospère depuis l’époque médiévale grâce aux mines d’or et d’argent situées dans les montagnes proches de la ville. En 1623, une université est même créée dans la cité, ce qui accentue son développement. En 1731, le prince-archevêque Firmian bannit les protestants : la ville devient exclusivement catholique. Depuis 1750, le prince-archevêque porte le titre de primatprincipal homme d’église d’Allemagne de Germanie.
Environ 10 000 personnes vivent à Salzbourg à la naissance de Wolfgang. La société est organisée de manière très hiérarchique. Le sommet en est la cour, constituée du prince et des familles de la haute aristocratie. Dans l’orbite de celle-ci vivent les membres de la petite noblesse et les fonctionnaires. La bourgeoisie forme une partie non négligeable de la cité. Les musiciens appartiennent alors à la dernière catégorie : celle des domestiques qui portent une livrée. Wolfgang est au service de deux princes successifs : Siegmund, comte von Schrattenbach (règne de 1753 à 1771), qui appréciait le jeune Mozart et Hiéronymus, comte von Colloredo (règne de 1772 à 1801), grand amateur de musique, violoniste lui-même, en conflit fréquent avec Wolfgang.
Une famille bien connue
Nous connaissons bien la famille Mozart grâce à la correspondance la plus vaste qui subsiste pour un compositeur du XVIIIe siècle : près de 1200 lettres pour la période 1755-1791, par Mozart, son père, sa mère ou sa sœur ! Les lettres sont surtout écrites à partir de 1762, dès que commencent les voyages de Wolfgang. Elles sont en majorité adressées à leur propriétaire et ami, Haguenauer. Leopold avait aussi pour projet qu’elles servent à une future biographie de son fils. La correspondance cesse pratiquement en 1787 à la mort de Leopold, resté à Salzbourg : Wolfgang semble alors n’écrire plus que très rarement à sa sœur. Les lettres des dernières années de Mozart sont principalement adressées à son épouse Constanze, lorsque celle-ci part en cure à Baden, ou lorsque Mozart part en tournée à Leipzig, Berlin ou Dresde.
Leopold Mozart
Le père de Wolfgang n’est pas originaire de Salzbourg, mais d’Augsbourg. Ses ancêtres sont implantés dans cette région depuis plus de deux siècles. Le nom de Mozart apparaît dans les archives sous différentes variantes : Mozer, Mozarth ou Mozhard. Le père de Leopold, Johann Georg, est relieur. Il épouse en mai 1718 Anna Maria Sulzer, fille de tisserand. Leopold - ou plus exactement Johann Georg Leopold, leur fils aîné - naît en 1719. La famille est nombreuse et peu aisée, mais Leopold a la chance d’avoir comme parrain un chanoine de la cathédrale d’Augsbourg, Johann Georg Gabher. Celui-ci le fait entrer comme sopranistevoix proche de la voix de soprano (voix aiguë féminine) à la maîtrise de l’église Sainte-Croix de la même ville, puis au collège pour y apprendre le latin, le grec, le chant, l’orgue et la composition. En 1737, âgé de 18 ans, il quitte sa ville natale pour s’inscrire à la faculté de Salzbourg, où il étudie successivement la théologie et le droit. Sans ressources, il entre vers 1740 au service de la famille Thurn Valsassina und Taxis à la fois comme valet de chambre et musicien, ce qui est courant à l’époque. Il publie dès 1740 sa première œuvre qu’il grave lui-même – six sonates d’église et de chambre pour deux violons et basse - dédiée au comte de Thurn. En 1743, il entre au service du prince-archevêque de la cour, Anton Firmian, comme quatrième violonLes violons de l’orchestre sont classés suivant leur virtuosité : le premier violon est souvent le meilleur. à la Hofkapelle de Salzbourg. En 1744, il est nommé maître de violon. Leopold a une intense activité de compositeur, ce qui lui vaut d’être nommé en 1757 compositeur de la cour. Il devient vice-maître de chapelleIl est chargé de diriger et de composer la musique dans la chapelle du prince. en 1763.
L’année de la naissance de Wolfgang (1756), Leopold fait paraître chez un éditeur d’Augsbourg – où son père était relieur – un Essai d’une méthode approfondie du violon (Versuch einer gündlichen Violinschule ; Musikalische Schlittenfahrt). L’ouvrage assure une notoriété certaine à l’auteur, étant réédité en 1769, 1770, 1787, 1791, 1804, et traduit en hollandais (1766) et français (1770) ! Ces rééditions semblent aussi accompagner ou suivre le succès croissant rencontré par son fils.
Anna Maria Pertl
En 1747, Leopold se marie avec Anna Maria Pertl. Le couple sera toujours uni. Anna Maria est née en 1720, dans un famille d’origine paysanne. Son père a cependant fait des études à l’université de Salzbourg et a été professeur de chant avant de devenir fonctionnaire. Il meurt en 1724, quatre ans après la naissance d’Anna Maria, et sa mère élèvera donc seule les trois filles, vivant assez pauvrement. Anna Maria sait à peine lire et écrire, alors que son époux est d’une grande curiosité intellectuelle, attiré par l’enseignement, les sciences et les arts.
Marié, Leopold donne des cours particuliers pour augmenter ses revenus qui n’atteignent que 400 florinsÀ titre de comparaison, un habit d’homme coûte de 30 à 50 florins, une robe environ 100 florins. par an. Les Mozart s’installent au troisième étage d’un immeuble appartenant à Johann Lorenz Haguenauer, un grand ami de la famille. C’est dans cet appartement que vont naître les sept enfants du couple : cinq mourront en bas âge. Wolfgang est le septième et dernier enfant.
Nannerl
Maria Anna Walburga Ignatia naît le 30 juillet 1751 (et meurt le 29 octobre 1829). C’est le quatrième enfant de la famille Mozart. Elle sera communément appelée Marianne ou Nannerl. La petite fille a quatre ans à la naissance de Wolfgang, et elle montre déjà de réelles dispositions musicales. Elle devient très tôt une claveciniste et une pianiste au talent reconnu.
Auteur : Bruno Guilois