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Charlot brocanteur
Charlie Chaplin
Carte d’identité du film : Charlot brocanteur | |
Titre original | The Pawnshop |
Genre | comédie burlesque |
Réalisateur | Charlie Chaplin |
Production | Mutual Film |
Acteurs principaux | Charlie Chaplin, Henry Bergman, Edna Purviance |
Durée | 25 minutes |
Sortie | 1916, États-Unis |
Synopsis
Employé chez un usurier, Charlot multiplie les impairs, avec les clients comme avec son collègue et son patron. Après avoir échappé de peu au renvoi, il sauve la boutique en déjouant un hold-up et peut ainsi filer le parfait amour avec la fille de l’usurier.
À propos du film
Dans ce court-métrage, Chaplin fait référence à son enfance londonienne, marquée par la grande pauvreté de sa famille qui a probablement eu recours à un usurier. On sait qu’au début, le réalisateur n’avait qu’une vague idée de départ, affinant le scénario et improvisant les effets comiques au fil de la production. L’usurier est incarné par Henry Bergman, acteur qui tournera désormais dans tous les films de Chaplin.
Analyse
Des éléments-clé du cinéma de Chaplin sont d’ores et déjà présents dans ce court-métrage burlesque de 1916 :
- les scènes de querelle, héritées de la commedia dell’arte : chutes, échanges de gifles, tartes et coups de bâton, dans une gestuelle à mi-chemin entre le combat et la chorégraphie. Dans ces moments, celui qui reçoit le coup (ou la tarte) n’est souvent pas celui auquel il était destiné, ce qui crée un décalage burlesque.
- les transpositions comiques, récurrentes dans les films de Chaplin : Charlot range ses attributs (chapeau, canne) dans une cage à oiseaux, fait la vaisselle avec la machine à pain, époussète tout, y compris les gens, lave de la même façon le sol et son violoncelle… Il se sert du téléphone comme d’un stéthoscope pour examiner l’alliance apportée par un client, puis utilise un (vrai) stéthoscope pour procéder à un véritable examen clinique d’un réveille-matin (il le frappe, le percute, l’ausculte, et finit par le déclarer mort en le rendant en miettes à son malheureux propriétaire). Cette scène de transposition préfigure la célèbre scène de La Ruée vers l’or, dans laquelle Charlot, affamé, traite sa chaussure bouillie comme un délicieux festin.
La personnalité de Charlot est déjà bien définie : tout à la fois vive et désinvolte, mais aussi romantique et poétique. La dimension sociale du cinéma de Chaplin est présente : évocation de la pauvreté et du recours au prêteur sur gage, mauvais traitement des employés par le patron (celui-ci menace violemment Charlot de le renvoyer). Enfin, le dénouement de l’intrigue n’est pas sans rappeler ceux des comédies de Molière, où un coup de théâtre, ici le hold-up évité grâce à Charlot, résout les problèmes et met fin à la pièce.
Auteure : Caroline Heudiard