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Charlot au music-hall
Charlie Chaplin
Carte d’identité du film : Charlot au music-hall | |
Titre original | A Night in the Show |
Genre | comédie burlesque |
Réalisateur | Charlie Chaplin |
Production | Essanay Studios |
Acteurs principaux | Charlie Chaplin, John Rand, Edna Purviance |
Durée | 30 minutes |
Sortie | 1915, États-Unis |
Synopsis
Lors d’une soirée au music-hall, deux spectateurs ivres, M. Pest le gentleman, au parterre, et M. Rowdy l’ouvrier à l’étage, sèment le désordre dans le public… et sur scène. Le spectacle ne vient pas toujours par ceux que l’on croit !
À propos du film
Cette comédie est une fidèle adaptation de Mumming Birds, sketch de music-hall de Fred Karno, directeur d’une prestigieuse troupe comique londonienne au sein de laquelle Chaplin a fait ses armes dans le burlesque de 1908 à 1914. Ce dernier n’y incarne exceptionnellement pas Charlot, mais joue tout à la fois le rôle des deux personnages principaux, M. Pest (qu’il avait déjà incarné sur scène dans le sketch de Karno) et M. Rowdy.
Analyse
Ce court-métrage, réalisé par Chaplin au tout début de sa carrière, présente déjà des caractéristiques essentielles de son cinéma :
- les scènes de querelle, héritées de la commedia dell’ arte. Ici, appliquées au contexte, elles comportent en plus des habituelles poursuites, coups de bâtons et chutes, de nombreux lancers de projectiles à destination des artistes sur scène (tomates, tartes, eau) ;
- les chutes, caractéristiques du burlesque également, sont fréquentes ;
- Les transpositions comiques : par exemple, M. Pest craque une allumette sur le crâne du corniste et utilise le pavillon du cor comme cendrier.
Malgré le fait que Chaplin n’incarne pas ici Charlot, on peut identifier dans le comportement des deux personnages des points communs dans la manière singulière dont ils agissent, interagissent, réagissent avec l’environnement. Par exemple, lorsque M. Pest se rend compte, au milieu de la panique générale, qu’il a des serpents sur les genoux, il s’en débarrasse comme d’un simple objet vaguement dérangeant (encore dans le pavillon du cor !). Lorsqu’il est dérangé par les plumes du chapeau de la spectatrice devant lui, il les arrache une à une, sereinement, et les remet lorsqu’elle s’en va.
La dimension sociale du cinéma de Chaplin est ici incarnée par la présence de deux personnages complémentaires Pest/Rowdy. Ils représentent deux classes sociales éloignées l’une de l’autre, y compris au théâtre : l’un est au parterre au milieu de l’aristocratie, l’autre à l’étage au milieu du prolétariat. Cependant, au fil de la soirée, le music-hall réunit tout le monde, les différences de posture et de réactions s’effacent petit à petit. Ceci est renforcé par le fait que Chaplin joue les deux personnages.
Pour terminer, remarquons la mise en abyme opérant dans ce court-métrage : nous sommes spectateurs des aventures de deux spectateurs, et assistons donc à un spectacle dans le spectacle. De plus, pour Pest et Rowdy, la frontière entre spectateur et protagoniste est mince, surtout pour le premier qui se retrouve sur scène et interagit avec les artistes à plusieurs reprises. Il leur vole la vedette et va jusqu’à entarter le directeur du théâtre, avant de saluer, comme s’il souhaitait prendre sa place.
Auteure : Caroline Heudiard