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Œuvre
Concerto pour flûte n° 1 en sol majeur
Wolfgang Amadeus Mozart
Carte d’identité de l’œuvre : Concerto pour flûte n° 1 en sol majeur, KV 313/285c de Wolfgang Amadeus Mozart |
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Genre | musique concertante : concerto |
Composition | de décembre 1777 à février 1778 à Mannheim (Allemagne) |
Création | date et lieu inconnus |
Forme | en 3 mouvements : 1. Allegro maestoso 2. Adagio non troppo 3. Rondo |
Instrumentation | Bois : 2 flûtes, 2 hautbois Cuivres : 2 cors Cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
Dans sa ville natale de Salzbourg, en Autriche, entre deux voyages, le jeune Mozart (1756-1791) tout juste sorti de l’adolescence fait la dure expérience de la vie de musicien de cour. Il se sent retenu prisonnier par sa charge et par les servitudes que celle-ci lui impose : réinstallé dans ses fonctions de Konzertmeister (« maître de concert ») par le prince-archevêque Hieronymus von Colloredo, Mozart doit se produire selon les exigences de ce dernier et composer des œuvres au goût du jour, pour une aristocratie locale qu’il juge étroite d’esprit. Bien que le poste lui apporte une certaine sécurité financière, ce carcan ne lui convient plus. Las de son existence monotone et éreinté par la pression des commandes, le musicien se sent à l’étroit et rêve de laisser éclore la musique qui germe au fond de lui.
L’année de ses vingt et un ans, Mozart envisage avec son père une nouvelle tournée de concerts qui lui permettrait de trouver un emploi plus enthousiasmant. Il démissionne avec fracas cet été 1777 et quitte Salzbourg pour faire route vers l’Allemagne. À Mannheim, cité dont le rayonnement musical l’émerveille, il se sent renaître : la cour de l’Électeur Karl Theodor (Charles Théodore de Bavière), ardent défenseur des arts, des lettres et des sciences, est en effet dotée d’un orchestre de niveau exceptionnel. Mais le monarque ne lui apporte aucune aide concrète, et les difficultés financières persistent.
L’amitié que Mozart lie avec de brillants musiciens de la cour de Mannheim lui permet néanmoins d’être reconnu et de gagner un peu d’argent : par l’entremise de ces derniers, le flûtiste Ferdinand De JeanNé en Allemagne, le chirurgien – et flûtiste amateur – De Jean (1731-1797) a ensuite vécu en Hollande puis a embarqué jusqu’en Asie en tant que médecin de bord avant de revenir en Hollande en 1768 puis – sensible à l’esprit des Lumières – de sillonner l’Europe. C’est à l’occasion d’une visite chez Johann Baptist Wendling, flûtiste à la cour de Manheim, que De Jean rencontre Mozart. commande au compositeur trois petits concertos faciles et courts ainsi que deux quatuors pour la flûte
, pour la somme de deux cents florins. Mozart, qui déteste la flûte, ne peut faire la fine bouche et se résout à accepter cette nouvelle commande ; mais il n’achève finalement que deux concertos et trois quatuors. Contrairement au souhait de son commanditaire, le Premier concerto pour flûte, en sol majeur, est d’une grande difficulté technique et dure près de 25 minutes !
Langage musical
Le genre musical du concerto, dans lequel un instrument soliste dialogue avec un orchestre, est très en vogue en Europe durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le Concerto pour flûte n° 1 respecte les conventions de son époque : il est caractérisé par sa forme en trois parties – ou mouvements – aux caractères et aux « tempos » contrastés, typique des concertos de cette période (1. Allegro maestoso ; 2. Adagio non troppo ; 3. Rondo).
Fidèle à l’esprit « classique » viennois dont il fut l’un des plus illustres représentants, Mozart déploie dans cette œuvre un dialogue raffiné entre la flûte et l’orchestre, caractéristique de l’esthétique galante qui délaisse la complexité au profit de la clarté de la forme, de la légèreté et de l’élégance. Les mélodies sont simples et chantantes, conçues pour être agréables et faciles à apprécier et à mémoriser.
Le Concerto pour flûte n° 1 requiert une excellente technique de la part du flûtiste soliste. La virtuosité anime toute l’œuvre, mais toujours au service de l’expressivité. La vigueur et la majesté du premier mouvement soulignent, par contraste, la tendre mélancolie du mouvement central et la joie enjouée du troisième et dernier mouvement. Ce concerto, dont les interprètes s’accordent à reconnaître l’inspiration et la qualité, est devenu une œuvre essentielle du répertoire dédié à la flûte.
Zoom sur le 2e mouvement (Adagio non troppo)
Le mouvement central du concerto doit être joué Adagio, terme italien qui signifie à l’aise, posément, mais non troppo : pas trop lent.
Après une courte introduction à l’unissontout l’orchestre jouant les mêmes notes, Mozart expose une mélodie délicate et chantante reprise un peu plus tard par la flûte solo. Il compose cette mélodie comme il le ferait pour la voix, en développant des phrases très étendues qui rendent la flûte particulièrement expressive. D’une apparence facile, ces longues phrases mélodiques exigent une articulation et un legatoen liant et non en détachant les notes incomparables pour révéler toute la douceur et la tendresse contenues dans ce mouvement.
L’accompagnement des autres instruments est minimaliste et d’une grande pureté, souvent réduit à quelques accords ponctuant le chant de la flûte. Les cordes, qui jouent ici en sourdine grâce à un petit dispositif en caoutchouc emboîté sur le chevalet et permettant d’atténuer le son, soulignent le caractère nostalgique et introspectif de la mélodie, tout comme l’accompagnement des cordes graves en pizzicatoles cordes sont pincées comme sur une guitare.
Références
- Elias (Norbert), Mozart, sociologie d’un génie, La librairie du XXe siècle, Seuil, 1991
- Parouty (Michel), Mozart aimé des Dieux, Découvertes Gallimard Musique, 1988
- Tranchefort (François-René) (dir.), Guide de la musique symphonique, Les indispensables de la musique, Fayard, 1986
Auteure : Hélène Schmit