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Symphonie n° 45 « Les Adieux » Joseph Haydn
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie n° 45 « Les Adieux » de Joseph Haydn |
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Genre | musique symphonique |
Composition | en 1772 à Esterháza |
Création | en 1772 à Esterháza |
Forme | symphonie en quatre mouvements : I. Allegro II. Adagio III. Menuet IV. Presto |
Instrumentation | bois : 2 hautbois, 1 basson cuivres : 2 cors cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Cette célèbre symphonie est composée à Esterháza en 1772, dans un contexte bien particulier : le prince vient d’interdire aux familles des musiciens de les rejoindre dans son palais, alors qu’il compte y prolonger son séjour.
Haydn, ayant toujours conservé son caractère facétieux, se charge d’écrire une symphonie qui fera comprendre, en musique, que les musiciens ont hâte de quitter le lieu et de retourner chez eux à Eisenstadt : la symphonie s’achève ainsi par le départ échelonné de tous les musiciens, pour ne laisser finalement que deux seuls violons. Le prince, après audition de la symphonie, aurait laissé partir – dit-on dès le lendemain - ses musiciens. Le titre, évocateur, est finalement donné à la symphonie à Paris, en 1784.
Cette œuvre appartient à une période faste de composition pour Haydn, celle où son style Sturm und DrangLittéralement « orage et passion », en référence au mouvement littéraire de l’époque. En musique, c’est un mouvement quin s’attache à émouvoir fortement le spectateur. s’affirme. Le mode mineurtonalité inédite de fa dièse mineur, rarissime pour une symphonie utilisé ici exprime la passion et la douleur : sur 106 symphonies de Haydn, 11 seulement commencent ainsi. Il s’agit donc d’un usage exceptionnel, mûrement réfléchi par le compositeur, afin de toucher le prince. Le manuscrit autographe de cette symphonie est soigneusement conservé et daté de 1772Cette même année voit l’écriture de pas moins de trois symphonies..
Déroulé de l’œuvre
Comme la plupart des symphonies de Haydn, la Symphonie n° 45 se découpe en quatre mouvements.
Le premier mouvement, un allegro fougueux, présente un thème joué avec fracas lors de l’exposition. Accompagné des cordes frémissantes, il couvre une grande tessiture, avec des sauts d’intervalles importants et des rythmes endiablés. Un deuxième thème, plus mélodique et contrastant avec le premier, apparaît lors de la partie centrale. Il n’est pas repris dans la troisième partie, qui fait à nouveau entendre exclusivement le premier thème plein de dynamisme.
L’Adagio débute avec thème chanté, en sourdine, par les cordes, les seules protagonistes de ce mouvement. Seules quelques rares interventions des hautbois et cors viendront ponctuer leur discours dans les fins de phrases. Notons que la tonalité inhabituelle de do dièse mineurtonalité dramatique, sombre, voulue par Haydn se fait entendre dans la partie centrale de ce mouvement.
Le Menuet, allegretto en fa dièse majeur, présente un effet de surprise comme Haydn les affectionne : un accord avec un ré bécarre à la basse, n’appartenant pas à l’harmonie et qui sonne comme une fausse note ! La partie centrale de ce mouvement débute sur un appel délicat des cors solistes.
Le Presto final, tout en rapidité, revient à la tonalité d’origine de fa dièse mineur, avec un thème dynamique énoncé dès les premières mesures. Mais c’est dans la tonalité apaisante de la majeur que se termine le mouvement, adagio. Chaque instrument quitte la scène, l’un après l’autre : d’abord premier hautbois puis second cor, basson, second hautbois et premier cor. Seules demeurent les cordes, avant que ne s’éclipsent successivement contrebasses, violoncelles, 2e violons et altos. Ne restent plus sur scène que les 1er violons divisés en deux parties, et qui terminent seuls, en sourdine, dans une nuance de plus en plus piano.
Auteur : Bruno Guilois