Jean-Michel Pilc (1960-)
Rien ne semblait prédisposer Jean-Michel Pilc à devenir le pianiste brillant, le compositeur prolixe et le musicien inventif qu’il est. Né le 19 octobre 1960 à Paris, largement autodidacte, il commence à jouer du piano à l’âge de dix ans et découvre le jazz trois ans plus tard par le biais de ses formes les plus anciennes. Un concert en solo de Martial Solal fait sur lui forte impression. Ingénieur au CNES, à Toulouse, de 1984 à 1987, il pratique parallèlement le piano en se produisant notamment avec le guitariste Christian Escoudé et les frères Moutin, avant de décider de se lancer dans une carrière de musicien professionnel.
Des deux côtés de l’Atlantique
Installé à Paris, Jean-Michel Pilc fonde son premier trio avec François Moutin et Tony Rabeson et réalise ses premiers albums, notamment Funambule en 1989, suivi de Big One (1992) enregistré par un orchestre de treize musiciens. Son implantation dans la scène hexagonale l’amène à se produire régulièrement avec André Ceccarelli, Michel Portal, Daniel Humair, Aldo Romano, Eric Le Lann, entre autres, et même son aîné Martial Solal, qui l’encourage, mais aussi avec des musiciens américains tels le batteur Roy Haynes et le saxophoniste Jean Toussaint.
En 1995, Jean-Michel Pilc décide d’aller vivre à New York où il forme un nouveau trio avec son compatriote François Moutin à la contrebasse et un batteur originaire de Philadelphie, Ari Hoenig. L’enregistrement en concert au club Sweet Basil en février 1999 d’un album en deux volumes vaut à ce groupe une reconnaissance soudaine, notamment en France, longtemps attendue. Les trois musiciens surprennent en développant un interplay très attentif aux dynamiques, une approche ludique et spontanée, basée sur une grande liberté rythmique et harmonique, tout en recherchant une grande cohésion sur un répertoire qui alterne les compositions originales et les relectures distancées de standards. En quelques mois, le trio s’impose sur la scène du jazz des deux côtés de l’Atlantique.
Trios et autres formations
En 2000, Pilc reçoit le prix Django-Reinhardt de l’Académie du jazz, qui récompense le musicien de l’année. Son trio enregistre l’album Welcome Home pour le label Dreyfus, et Pilc cosigne un duo avec le contrebassiste hollandais Hein Van de Geyn. Bénéficiaire d’une bourse du programme « Chamber Music America » de la Doris Duke Foundation, le pianiste compose spécialement pour son trio une sonate ouverte au jeu de l’improvisation. Parallèlement, il travaille comme directeur musical du chanteur Harry Belafonte, participe au groupe du bassiste camerounais Richard Bona et mène une collaboration suivie avec la chanteuse Elisabeth Kontomanou (trois albums sur Steeplechase, dont Hands and Incantation réalisé entièrement en duo, et un quatrième The Midnight Sun qui fait date) et le saxophoniste soprano Sam Newsome. Ce dernier apparaît à ses côtés à l’occasion de l’album Cardinal Points et fait partie d’un groupe à trois saxophonistes avec Rudresh Mahanthappa et Jérôme Sabbagh. En 2004, après la réalisation d’un album en piano solo (Follow Me), Pilc forme un nouveau trio avec le contrebassiste Thomas Bramerie et la batteur Mark Mondesir avec lequel il enregistre à New York au club Iridium, continuant à privilégier une approche intuitive et rigoureusement spontanée de cette configuration instrumentale qui lui est chère.
Auteur : Vincent Bessières
(mise à jour : juillet 2005)