Carte d’identité de l’œuvre : Così fan tutte de Wolfgang Amadeus Mozart |
|
Genre | opéra : dramma giocoso |
Librettiste | Lorenzo da Ponte |
Langue du livret | italien |
Composition | en 1789-1790 à Vienne |
Création | le 26 janvier 1790 au Burgtheater, à Vienne |
Forme | opéra en une ouverture et deux actes |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses continuo des récitatifs : clavecin |
Page découverte
Così fan tutte Wolfgang Amadeus Mozart
Contexte de composition et de création
1789 est l’année où l’on annonce le 29 août la reprise des Noces de Figaro à Vienne, après trois années d’absence au répertoire. L’opéra est donné douze fois en 1789, quinze fois en 1790, trois fois en 1791. Cet immense succès – davantage que la création elle-même ! - est-il dû en partie aux évènements révolutionnaires de France ? Quoi qu’il en soit, cette reprise entraîne la commande, passée par la cour, d’un nouvel opéra. Mozart n’est pas libre de choisir le sujet de cette nouvelle œuvre : il lui aurait été imposé par Joseph II lui-même. Le livret, entièrement écrit par Lorenzo da Ponte, n’est pas cette fois une adaptation d’une pièce de théâtre.
Les détails concernant la mise en chantier de cet opéra ne sont pas tous connus. Mais Mozart organise une première audition chez lui lors de la Saint-Sylvestre 1790 : l’opéra semble avoir été composé en quatre mois seulement ! Son ami Joseph Haydn fait partie des quelques invités, alors qu’Antonio Salieri intrigue contre son œuvre : Je vous parlerai de vive voix des cabales de Salieri qui sont déjà toutes tombées à l’eau
, écrit Mozart à cette époque.
Così fan tutte est donné pour la première fois au théâtre national de Vienne, le 26 janvier 1790. Certains chanteurs sont bien connus de Mozart, car ils ont déjà chanté pour la création des Noces de Figaro : Louise Villeneuvesoprano pour laquelle Mozart a composé plusieurs mois auparavant l’air de concert Alma grande e nobil core joue le rôle de Dorabella, Francesco Benuccicréateur du rôle de Figaro tient le rôle de Guglielmo, et le couple Dorothea et Francesco Bussanirespectivement Cherubin et le duo Bartholo/Antonio dans Les Noces de Figaro sont Despina et Alfonso. Le succès de ce nouvel opéra est honnête, sans plus, mais pas de débats houleux comme pour Les Noces de Figaro ou Don Giovanni. Le comte Karl von Zinzendorf écrit à ce propos, dans son journal : La musique est charmante, et le sujet fort amusant
. Così fan tutte aurait rapporté à Mozart le double de ce qu’il avait gagné avec Les Noces de Figaro : 900 florins (le double de ce que gagne en un an Joseph Haydn chez son employeur, le prince Esterházy). Les représentations de l’opéra s’arrêtent hélas au bout de cinq productions à cause de la mort de l’empereur, mais reprennent de juin à août 1790. Bien que le succès à Vienne soit assez mitigé, c’est un des premiers opéras de Mozart à être traduit de l’italien en allemand pour une représentation à Dresde le 5 octobre 1791.
L’argument
Dans un café napolitain, Don Alfonso discute avec deux amis, Guglielmo et Ferrando, qui prétendent que leurs fiancées sont fidèles et honnêtes. Alfonso considère quant à lui que la fidélité des femmes n’existe pas et parie aux jeunes gens qu’il arrivera à le prouver le soir même. Les deux amis acceptent de jouer le jeu : ils prétendent devoir partir à la guerre puis vont tenter de séduire leurs propres fiancées sous de fausses identités. Tout d’abord révoltées par leurs avances, les fiancées Fiordiligi et Dorabella repoussent dans un premier temps leurs amants déguisés sous les traits de deux jeunes Turcs. Mais sous la pression de leur servante Despina, complice d’Alfonso et qui leur conseil de céder à l’appel de l’amour, les deux jeunes femmes finissent par succomber à la tentation. Feignant de découvrir leur trahison en revenant de la guerre, Guglielmo et Ferrando dévoilent finalement la supercherie à leur fiancées stupéfaites. Cependant, tout se termine pour le mieux lorsqu’Alfonso réunit les amants en vantant les mérites de la raison.
Focus sur l’Ouverture
L’Ouverture de Così fan tutte est écrite après le reste de la partition. L’atmosphère de l’œuvre est immédiatement créée dès les premières mesures, avec deux accords de do majeur qui s’imposent, forte et tuttiTout l’orchestre joue., comme les coups de bâton annonçant le début d’une pièce de théâtre. Le début et la fin de la pièce font entendre, andante, le thème que chante Alfonso dans l’opéra sur les paroles « Così fan tutte » (acte II, scène 13). Le cœur de l’Ouverture, joué presto, est construit sur un thème déjà entendu dans Les Noces de Figaro, au moment où le personnage de Basile s’exclame justement « Così fan tutte le belle » (Trio, n° 7). Mozart lie intimement le texte et la musique, qui ne font plus qu’un, s’amusant à insérer quelques clins d’œil d’une œuvre à l’autre. Le contraste est permanent entre les nuances forte et piano, subito : la musique semble bondir, d’un pupitre à l’autre.
Auteur : Bruno Guilois