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Symphonie n° 7 Ludwig van Beethoven
Carte d’identité de l’œuvre : Symphonie n° 7 de Ludwig van Beethoven |
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Genre | musique symphonique |
Composition | en 1811-1812 à Teplitz, en Bohême |
Dédicataire | le comte Moritz von Fries |
Création | le 8 décembre 1813 à Vienne, sous la direction de Beethoven |
Forme | symphonie en quatre mouvements : I. Poco sostenuto. Vivace II. Allegretto III. Presto IV. Allegro con brio |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 2 cors, 2 trompettes percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Dès l’année 1811, Beethoven conçoit l’écriture d’une nouvelle symphonie, dans l’espoir d’obtenir un poste officiel et de disposer d’un grand orchestre. En fait, il songe déjà à deux autres symphonies : la future Symphonie n° 8 et la Symphonie n° 9 - qui sera sa dernière symphonie - avec l’idée d’y intégrer un chant.
Les Symphonies n° 7 et 8, composées en même temps, sont d’abord créées pour un cercle restreint dans les appartements de l’archiduc Rodolphe, son protecteur. Mais Beethoven rêve d’un effectif plus important que celui de l’orchestre symphonique de son époque. L’occasion lui est donnée de présenter au public (et sous sa propre direction) sa Symphonie n° 7, lors de la première de son œuvre de circonstance, la Victoire de Wellingtonaussi connue sous le nom de la Bataille de Vitoria, au profit des soldats blessés lors des combats contre l’armée napoléonienne. L’œuvre remporte le 8 décembre 1813 un immense succès, en particulier le deuxième mouvement, très mélodique, que le public réclame alors en bis. Le même succès est présent lors du second concert du 12 décembre 1813 : Beethoven profite de l’enthousiasme général pour publier rapidement la partition, ainsi que des transcriptions pour piano, quatuor à cordes ou orchestre d’harmonieorchestre formé d’instruments de la famille des bois, des cuivres et des percussions.
Une œuvre sous le signe de la danse
La Symphonie n° 7 est construite selon une progression où le rythme joue le premier rôle, davantage que la mélodie, donnant à l’ensemble de l’œuvre un caractère dansant et une vigueur certaine.
L’introduction, lente, poco sostenuto, est présentée par un accord joué énergiquement par tout l’orchestre, laissant à découvert le hautbois. Le thème du mouvement démarre en fait réellement après cette introduction sur un vrai rythme de danse, sans cesse répété, qui emporte tout sur son passage.
Le deuxième mouvement, plus recueilli, indiqué allegretto, mais que les contemporains préfèreront appeler andanteEn effet, le terme allegretto, diminutif d’allegro signifiant « gai », est finalement peu approprié au caractère du mouvement., est une sorte de marche lente, presque funèbre, qui n’est pas sans faire penser à celle déjà écrite par le compositeur pour sa Symphonie n° 3.
Le troisième mouvement, très rapide, indiqué presto, est un scherzo extrêmement dansant, irrésistible, qui tranche de manière spectaculaire avec le mouvement précédent. La danse paraît d’autant plus frénétique qu’elle s’oppose à un second thème, calme, voire statique (dans le Trio central), construit sur une longue note tenue (ce qu’on appelle une pédale) qui renforce la vivacité de l’élan rythmique du début.
Enfin, dans le Finale indiqué allegro con brio, au rythme frénétique, l’orchestre se déploie dans toute la masse sonore voulue par le musicien. Beethoven n’a-t-il pas indiqué qu’il avait eu le plaisir d’entendre enfin un grand effectif pour l’exécution de cette symphonie, début 1814, avec pas moins de 36 violons, 14 altos, 12 violoncelles, 7 contrebasses et surtout 2 contrebassons, permettant de donner toute la profondeur aux graves de l’orchestre ?
Caractéristiques de l’œuvre
Caractéristique principale | Orchestration remarquable | |
1er mouvement | Lent, puis dansant | Hautbois solo |
2e mouvement | Presque funèbre | Cordes chantantes |
3e mouvement | Dansant / statique | Dialogue entre les différentes familles d’instruments |
4e mouvement | Grand finale joyeux | Profondeur de l’orchestre, importance des cuivres |
Focus sur le deuxième mouvement Allegretto
Beethoven transforme ce deuxième mouvement, habituellement lent, en un allegretto aux accents de marche funèbre, de forme A-B-A-B-Coda :
- A : cette première partie fait entendre un thème rythmique suivi de trois variations. La tension progresse jusqu’au point culminant atteint dans la troisième variation, nuance fortissimo. Les cordes ont le rôle principal.
- B : cette deuxième partie énonce un second thème plus mélodique. Cette fois, ce sont les vents qui ont le rôle principal.
- A : le retour de A se fait sous la forme d’une quatrième puis d’une cinquième variation du premier thème. Dans la quatrième variation, le thème est joué aux vents et le contre-chant aux cordes. La cinquième variation est un fugatoMoins rigoureux qu’une fugue dans son écriture, le fugato est un passage où les instruments entrent successivement, en imitation., avec des entrées du thème aux différents pupitres des cordes, toutes les quatre mesures. Elle débouche sur le tuttiTout l’orchestre joue. de l’orchestre, faisant écho au point culminant de la troisième variation.
- B : ici, le deuxième thème est partiellement réexposé.
- Coda : dans cette partie finale, le thème est fragmenté et se disloque, disparaissant progressivement. Cela n’est pas sans rappeler la fin de l’Ouverture de Coriolan, écrite cinq ans plus tôt.
Auteurs : Bruno Guilois et Jean-Marie Lamour