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Le Bourgeois gentilhomme Jean-Baptiste Lully

Carte d’identité de l’œuvre : Le Bourgeois gentilhomme de Jean-Baptiste Lully |
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Genre | ballet : comédie-ballet |
Librettiste | Molière |
Langue du livret | français |
Composition | en 1670 |
Création | le 14 octobre 1670 au château de Chambord, par la troupe de Molière, sur une chorégraphie de Pierre Beauchamp, avec des décors de Carlo Vigarani et des costumes du chevalier d’Arvieux |
Forme | comédie en cinq actes entrecoupés de ballets |
Instrumentation | ensemble instrumental variable, comprenant cinq parties (dessus, hautes-contre, tailles, quintes, basse), basse continue et percussions |
Genèse
Le Bourgeois gentilhomme est une comédie-balletGenre dramatique, musical et chorégraphique qui traite de sujets contemporains de la vie quotidienne écrite en 1670 par Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Elle est constituée de cinq actes entrecoupés de balletsintermèdes.
C’est le 14 octobre 1670 au château de Chambord que le rideau se lève pour la première représentation de la pièce, devant le roi Louis XIV et la Cour.

À l’origine de la pièce, le désir du roi est de se divertir, mais également de se venger de l’affront que lui a fait l’ambassadeur du grand seigneur turc, lors de sa visite en 1669. En effet, ce dernier n’a pas témoigné toute l’admiration escomptée pour le faste déployé lors de sa venue. De plus, la France est à l’époque férue d’exotisme oriental, et la mode est aux « turqueries ». De la rencontre entre Molière et Lully naît ce que l’on considère comme le chef d’œuvre de la comédie-ballet : Le Bourgeois gentilhomme.
L’œuvre
Cette comédie-ballet résulte de l’association d’une pièce de théâtre (écrite par Molière), de musique (écrite par Lully), de ballets (chorégraphiés par Pierre Beauchamp), de décors (créés par Carlo Vigarani) et de costumes (créés par le chevalier d’Arvieux).
Ces différents arts s’entremêlent au sein de la pièce et font ainsi partie intégrante du déroulement et des rebondissements.
La pièce est donc organisée en cinq actes, entrecoupés d’intermèdes musicaux et/ou dansés, encadrés par une ouverture musicale et un final intitulé le Ballet des Nations.
Caractéristiques des thèmes : focus sur le Menuet et la Marche pour la Cérémonie des Turcs
Le Menuet (Acte II, scène 1)
Il s’agit du menuet joué et chanté pour la leçon de danse de M. Jourdain.
Le menuet est une danse populaire à trois temps, qui deviendra une danse de cour. C’est une des danses préférées de Louis XIV. Le tempo en est modéré, le caractère dansant, enlevé et rythmique. La structure est simple et efficace : deux phrases musicales A et B sont répétées selon la forme AABB’, la fin de B étant identique à celle de A.
Le texte est constitué d’onomatopées « la, la, la », et de paroles lors du 2e A ainsi que dans B : en cadence s’il vous plaît, […], la jambe droite, […], ne remuez point tant les épaules, […], haussez la tête, tournez la pointe du pied en dehors, […], dressez votre corps
.
Ici, la musique est un prétexte et vient mettre en valeur le côté rébarbatif et peu évolutif du cours de danse de M. Jourdain. La simplicité de la structure et des mélodies employées convient donc parfaitement au caractère que revêt la pièce !

La Marche pour la Cérémonie des Turcs (Acte IV, scène 5)
La marche a pour fonction d’introniser M. Jourdain en tant que Mamamouchi.
Musicalement, c’est un genre marqué par une rythmique très présente qui sert à accompagner un cortège ou un déplacement. Le choix de la marche ici sert également à rendre ce moment solennel : en effet, M. Jourdain pense être consacré au plus haut rang de la noblesse.
Le tempo est enlevé et le caractère solennel et pompeux.
Pour exacerber l’ironie de cette scène, Lully emploie tous les instruments à sa disposition et utilise aussi des percussions aux sonorités orientales.
La marche est articulée autour de deux phrases musicales, A et B, structurées de la manière suivante : AAB et reprise de la fin de B. La netteté et la perception immédiate de la structure permet de donner un cadre très réglé et officiel.
L’utilisation de rythmes pointés accentue le caractère ironiquement sacré et majestueux de l’extrait.
Enfin, l’utilisation d’une tonalité mineure (sol mineur), qui confère un caractère plus grave à la pièce, finit de mettre en relief la double lecture de l’extrait : la fausse consécration de M. Jourdain.

Suggestions d’écoute
- Compositeurs français contemporains de Lully : Marc-Antoine Charpentier (l’Ouverture de La Descente d’Orphée aux enfers), Louis Couperin (la Chaconne de la Suite en fa majeur), Marin Marais (le Caprice de la Deuxième suite en sol majeur).
- Tragédies lyriques de Lully : Cadmus et Hermione (1673), Atys (1676) ou Armide (1686).
Auteure : Anne Thunière