Sarah Murcia (1976-)
Au fil d’une déjà longue carrière de contrebassiste, compositrice et arrangeuse, Sarah Murcia obtient la reconnaissance de la scène jazz française et internationale. Alliant sa passion pour le jazz, le rock, la variété, les musiques électroniques, et l’amour des mots, la musicienne a développé un univers unique, d’une étonnante inventivité. Sa capacité à naviguer d’un monde à l’autre, son travail autour du geste improvisé et son talent de leadeuse en ont fait une contrebassiste convoitée.
LA CONTREBASSE OU L’ÉVIDENCE
Née en 1976 à Paris dans une maison où le jazz est presque un membre de la famille, Sarah Murcia commence le piano à quatre ans, puis étudie le violoncelle au conservatoire de Boulogne-Billancourt. À 10 ans, Sarah fait une rencontre marquante : elle voit Henri Texier, maître de la contrebasse jazz, lors d’un concert, et décide d’adopter ce qu’elle appelle la “grosse commode”. Elle fait ensuite ses armes à Yerres dans la classe d’improvisation de Manuel et Patricio Villarroel, puis devient élève du légendaire contrebassiste toulousain Jean-François Jenny-Clarke.
Sarah Murcia fait un début précoce aux côtés de Charlélie Couture, qu’elle accompagne sur une première tournée à ses 18 ans : cette expérience créera un lien fort à la chanson, laissant une empreinte durable sur son identité de musicienne et de compositrice.
ENTRE LE JAZZ ET LA CHANSON
Sarah Murcia incarne à la fois l’expérimentation du geste improvisé et l’élégance minimaliste de la chanson. La contrebassiste réinvestit ces deux univers dans un nombre impressionnant de formations. Elle accompagne tant des improvisateurs que des chanteurs de variété en tant que sidewoman, entre autres Sylvain Cathala, Steve Coleman, Elysian Fields, Rodolphe Burger et Fred Poulet.
Sa curiosité et sa créativité en ont fait une musicienne et compositrice polyvalente, la conduisant jusqu’à la musique d’inspiration traditionnelle arabe. Sa rencontre avec la oudiste et chanteuse palestinienne Kamilya Jubran en 1998 les mènera à une série de concerts et un album studio. En 2017, elles co-fondent la formation Habka, avec notamment Régis Huby au violon.
Leadeuse du quartet Caroline depuis 2001, Sarah Murcia a tissé un langage musical avec ses compagnons de longue date Franck Vaillant, Gilles Coronado et Olivier Py, oscillant entre rock et musique électronique. Elle travaille de nouveau avec Olivier Py au sein du quartet Eyeballing (créé en 2016) avec Benoît Delbecq et François Thuillier. C’est une musique qui “fait les gros yeux”, comme son nom l’indique, entre improvisation collective, rythmes électroniques hypnotiques et textes poétiques de l’américain Vic Moan. De ce travail commun naît un album studio en 2020. Avec le chanteur Fred Poulet, Sarah Murcia crée le duo Beau Catcheur, dont le répertoire est composé de reprises des Stooges et d’Iggy Pop pleines d’humour et de complicité.
MUSIQUE, LITTÉRATURE ET SPECTACLE VIVANT
Grande passionnée de littérature, fascinée notamment par l’œuvre du romancier William Faulkner, Sarah Murcia adapte le roman Tandis que j’agonise au théâtre en 2020. “My mother is a fish” est une mise en musique d’extraits du texte originel coupés, remaniés et chantés par la contrebassiste avec l’équipe de Caroline.
Sarah Murcia construit un monde singulier et séduisant au-delà des frontières des genres, nous offrant un curieux voyage.
Jazz Wallem
Mai 2023