Exposition du 09 avril au 11 août 2019 - Musée de la musique, Paris
Présentation
À plus de 120 BPM, l’électro fait danser la planète. La jeunesse de Paris ou de Berlin, les touristes d’Ibiza ou de Goa, les nouveaux punks des free parties comme les millenials de Los Angeles, la génération post révolutionnaire de Tunis ou du Caire, sans oublier les gamins des ghettos de Luanda, Durban ou Rio.
Depuis 2010, la musique électro ne se réduit plus aux seuls fêtes, raves et festivals auxquels elle est naturellement associée : elle s’impose comme une tendance artistique majeure de la culture contemporaine. Accompagnant la révolution numérique, la dance music électronique est née il y a plus de trente ans dans les clubs underground de Chicago et Détroit. Grâce au talent de musiciens et DJ noirs-américains, cette musique, dont les genres fondateurs sont la house et la techno, a d’abord conquis les rave parties clandestines avant de s’imposer à l’Europe entière.
Influençant de nombreux domaines artistiques, graphisme, vidéo, art contemporain, cinéma, BD, danse, l’électro a donné naissance à une vaste culture. De la communauté LGBTQ aux activistes des free parties, elle a même acquis la dimension d’une contre-culture politique dont témoignent manifestes, performances, fêtes et défilés, redéfinissant un nouveau rapport à l’altérité et au monde.
Comme si ses utopies, son énergie et ses BPM parvenaient à donner le pouls et le tempo de notre époque. De Kraftwerk à Daft Punk, de Jean-Michel Jarre à Jacques ou à Molécule, de Laurent Garnier à 1024 Architecture, les artistes et musiciens se sont emparés de l’exposition pour imaginer une nouvelle expérience, créant ainsi un nouveau rapport à cette musique. Explorant son imaginaire, ses innovations, ses mythologies ainsi que ses relations avec les autres arts, l’exposition Electro fait écho à la vitalité et à la modernité de cette scène musicale.
Une exposition expérience
Bande son : Laurent Garnier
11 mixes concoctés par Laurent Garnier retracent l’histoire de la dance music électronique, depuis le disco new-yorkais des années 1970 jusqu’à la techno futuriste des années 2010, en passant par les ville-phares du mouvement comme Chicago, New York, Détroit et Berlin. Le DJ et musicien français, qui a débuté sa carrière en 1987, est l’un des pionniers et l’une des figures tutélaires de la scène techno internationale, grâce à son label F Communications, dont il fût le cofondateur dès 1994, à ses nombreux albums comme 30 (1997), Unreasonable Behaviour (2000) ou ses tubes comme « Crispy Bacon » ou « The Man With The Red Face ».
Scéno : 1024 Architecture
Composé de Pier Schneider et François Wunschel, le duo d’artistes 1024 Architecture est, depuis dix ans, l’auteur de nombreuses installations audiovisuelles et de dispositifs scéniques dans lesquels se mêlent conception architecturale, programmation informatique et musique électronique. Concepteurs de la scénographie, 1024 présente plusieurs de ses œuvres marquantes comme Square Cube, dont la maquette est présentée dans l’exposition, le Walking Cube et Core. Cette dernière, spécialement imaginée pour la Philharmonie de Paris, est une installation immersive et lumineuse, et constitue le cœur battant du parcours : une invitation à la danse et à la contemplation hypnotique.
Expérience sonore : SONOS
Reconnu pour son expérience audio à la maison, Sonos apporte son expertise en matière d’expérience sonore immersive à la Philharmonie de Paris.
De l’installation inédite du duo Daft Punk inspirée de leur clip « Technologic », à l’installation Core de 1024 Architecture, Sonos a travaillé main dans la main avec la Philharmonie afin de créer une expérience sonore sur mesure qui plongera encore un peu plus les visiteurs dans ce voyage culturel.
Et, tout au long du parcours, les visiteurs seront plongés dans l’exposition Electro grâce à la bande-son exclusive de Laurent Garnier, synchronisée dans l’ensemble de l’exposition pour une expérience sonore.
De Kraftwerk à Daft Punk, des prêts exceptionnels
Instruments novateurs des années 1910 à nos jours, art contemporain (Xavier Veilhan, Peter Keene, Christian Marclay), photographies (Andreas Gursky, Massimo Vitali, Bill Bernstein, Jacob Khrist…), graphisme et BD (Abdul Qadim Haqq, Alan Oldham), installations musicales et visuelles (Molécule et son dispositif de réalité virtuelle, Jacques et son « Phonochose »), le corpus exceptionnel des œuvres de l’exposition tient à la générosité des musiciens et artistes qui ont collaboré à la mise en œuvre de l’exposition :
Kraftwerk conçoit pour l’exposition une série de vidéos projetées en 3D et diffusées à l’aide d’un son spatialisé.
Jean-Michel Jarre présente un « studio imaginaire » issu de sa collection personnelle de synthétiseurs rares, rendant hommage aux technologies révolutionnaires qui l’ont accompagné au cours de sa carrière.
Daft Punk : formation parmi les plus célèbres de la scène électro, Daft Punk a opté pour une forme d’anonymat à partir de 1993, avant de faire évoluer cette posture vers une esthétique globale, autant graphique que visuelle et scénique. Son univers puise ses inspirations dans l’ensemble de la culture pop, empruntant ses sons, ses images et ses références au disco, au funk ou au hard-rock, au cinéma d’auteur ou de science-fiction, aux jeux vidéo ou aux mangas, entres autres. En 2001, les membres de Daft Punk posent la pièce essentielle de leur univers : deux alter ego robots, qu’ils comparent aux personnages créés précédemment par des artistes comme The Residents ou David Bowie. Ils présentent Technologic Redux (2019) une installation inspirée du clip Technologic (2005), accompagnée d’images inédites qui lèvent en partie le voile sur la fabrication secrète de leur univers.
V I S I B I L I T Y | FEMALE:PRESSURE
Créé par l’artiste Antye Greie aka AGF, V I S I B I L I T Y réunit depuis 2015 les photos d’artistes féminines à travers le monde, suite au constat de la faible documentation du travail des femmes dans le domaine des musiques électroniques.
Les différents courants de la musique électronique partagent des esthétiques et des imaginaires communs que l’on retrouve sur les pochettes de disques et mis en scène dans les clips et les concerts. Porteurs d’utopies, ils possèdent également une dimension politique. Faisant écho aux paysages sonores inédits que la musique électronique a générés, l’abstraction géométrique est une constante esthétique commune aux avant-gardes d’hier comme à la dance music actuelle. Héritée du romantisme, la représentation du paysage offre aussi une forme de correspondance au caractère abstrait et instrumental de la musique électro. Célébrant le mariage entre l’homme et la machine, cultivant une forme d’expression désincarnée, et renouvelant la question du genre, la musique électronique a favorisé le recours à la figure du masque, du monstre et de l’alter ego. Ce terrain de jeu fertile lui permet de pousser plus loin encore la création d’univers où la fiction le dispute à l’imaginaire, comme en témoignent par exemple les alter-robots inventés par le duo Daft Punk. Décrite comme purement fonctionnelle par certains, l’électro, consacrée à la danse ou à l’évasion, possède néanmoins une dimension politique et revendicatrice. Dès ses débuts, elle est un vecteur important de rassemblement, mélangeant les populations et permettant aussi aux communautés de se retrouver dans la fraternité de ses clubs. Son avènement a favorisé la naissance de safer places, des clubs et des soirées communautaires où les minorités notamment LGBTQ+ ont appris à s’entraider, s’émanciper et être fières, à l’abri des discriminations.
L’aventure de la musique électronique est avant tout une histoire d’hommes et de femmes qui, depuis les inventeurs d’instruments du début du XXe siècle jusqu’aux producteurs pionniers de la techno de Détroit en passant par les compositeurs de l’âge des studios de recherche, ont imaginé la musique de l’an 2000. Cette esthétique futuriste traduit l’esprit visionnaire d’artistes qui puisèrent tour à tour leur inspiration dans l’idéalisme du progressisme scientifique, l’espoir d’une culture neuve bâtie sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, l’imaginaire de la science-fiction, et enfin l’idée, plus utopique, d’une possible expansion de notre conscience et de nos capacités grâce à une fusion harmonieuse entre l’homme et la machine. L’imaginaire d’innovation qui l’a guidée depuis ses origines perdure à travers ses croisements avec l’art numérique et la vague des « live audiovisuels », ainsi que la créativité d’une génération de luthiers qui imagine, à nouveau, les instruments de demain.
Une ville : Détroit
Au cours des années 1990, la ville de Détroit, ses DJ et ses musiciens (Juan Atkins, Derrick May, Carl Craig, Jeff Mills…), ainsi que son environnement urbain incarnent l’un des mythes fondateurs de la révolution électro. L’exposition évoque la ville et ses artistes à travers les photographies de Marie Staggat et Jarod Lew, ainsi que les graphismes de Frankie Fultz, Alan Oldham et Abdul Qadim Haqq, réalisés pour le label Underground Resistance.
Expérience esthétique et sensorielle, le dancefloor est le cœur battant de la culture électro, sur lequel les danseurs se retrouvent immergés dans un même bain de lumière et de musique. La musique électro a été la première à délaisser les codes restrictifs des boîtes de nuit pour investir de nouveaux espaces. Club intimiste, vaste hangar désaffecté, ancienne usine transformée en discothèque ou champ perdu en rase campagne, le dancefloor, espace de fête et d’oubli, peut prendre une dimension plus politique en devenant lieu de communion, notamment pour la culture gay, ou de brassage des minorités et des classes sociales. Depuis le New York des années 1970, lieu de naissance de la discothèque moderne et de la culture des DJ, jusqu’à la trépidante scène parisienne actuelle, de nombreuses « tribus » se sont succédées sur les dancefloors. Ravers épris d’hédonisme et d’utopie du Second Summer of Love britannique et des grandes raves clandestines des années 1990 ou militants libertaires des free parties, jeunes des ghettos de Durban ou de Rio, clubbers en quête d’exotisme partis danser sur les plages de Goa, candy Ravers de la classe moyenne américaine qui brûlent leur énergie au son de l’EDM… Les codes, les musiques et les danses adoptés par ces groupes font écho au contexte social et culturel de l’époque qu’ils traversent. Dans l’univers des arts, la culture des dancefloors est telle qu’elle inspire désormais des chorégraphes et metteurs en scène, particulièrement en France, comme Gisèle Vienne, Christian Rizzo et Alexandre Roccoli, qui participent à l’exposition.
Une ville : New-York
New York est considérée comme la ville qui a inventé la discothèque moderne et la culture des clubs. C’est pendant l’ère du disco, au cours des années 1970, dont témoignent les photos de Bill Bernstein, que les fondements esthétiques et techniques de la culture électro s’inventent ou se démocratisent. Le début des années 1990 marque l’âge d’or de la house new-yorkaise, grâce à sa musique énergique et festive, mélodieuse et vocale, dont les racines puisent dans l’héritage du disco et des musiques afro-américaines, devenant dès lors l’une des matrices de la dance music moderne.
Un phénomène : The Second Summer of Love
En 1987 et 1988, au cours de fêtes sauvages, la jeunesse britannique danse jusqu’au petit matin et plonge dans une bulle d’hédonisme. Une décennie après le punk, ce Second Summer of Love (référence à la convergence par milliers en 1967 de hippies à San Francisco) marque son époque et pénètre rapidement la pop culture à travers la mode et surtout le graphisme, comme la création de flyers ou d’affiches. Le célèbre designer anglais Peter Saville présente ses affiches réalisées pour le groupe New Order et le club Hacienda de Manchester.
Au-delà de sa culture musicale et de sa capacité à faire danser les foules, le talent du DJ relève d’un art de l’assemblage. À partir d’une technique qui lui permet de synchroniser deux disques, il parvient à créer une bande sonore dans laquelle les musiques se mêlent et les accords se fondent. On peut voir dans l’exercice du mix, initié au cours des années disco, développé par les DJ du hip-hop, puis au sein de la house et de la techno, une transposition dans la culture musicale populaire des techniques de collage expérimentées dans les arts plastiques. Réciproquement, le travail des DJ, dont le disque vinyle est l’emblème, a exercé, à partir des années 1990, une influence considérable sur les arts visuels, du graphisme à la vidéo. Cette pratique du mix, du remix, de la citation et du détournement a dépassé le cercle des artistes pour s’étendre à la culture amateur dont Internet constitue désormais le terrain de jeu.
Une ville : Chicago
À travers une série de photographies, planches de bandes dessinées, objets et flyers, l’exposition évoque cette ville qui fut le théâtre de l’émergence de la house music au cours de la seconde moitié des années 1980, dans ses clubs gays et noirs. Une musique qui deviendra dès lors la matrice de la dance music moderne.
Imaginaires & Utopies
Les différents courants de la musique électronique partagent des esthétiques et des imaginaires communs que l’on retrouve sur les pochettes de disques et mis en scène dans les clips et les concerts. Porteurs d’utopies, ils possèdent également une dimension politique. Faisant écho aux paysages sonores inédits que la musique électronique a générés, l’abstraction géométrique est une constante esthétique commune aux avant-gardes d’hier comme à la dance music actuelle.
Héritée du romantisme, la représentation du paysage offre aussi une forme de correspondance au caractère abstrait et instrumental de la musique électro.
Décrite comme purement fonctionnelle par certains, l’électro, consacrée à la danse ou à l’évasion, possède néanmoins une dimension politique et revendicatrice. Dès ses débuts, elle est un vecteur important de rassemblement, mélangeant les populations et permettant aussi aux communautés de se retrouver dans la fraternité de ses clubs.
Son avènement a favorisé la naissance de safer places, des clubs et des soirées communautaires où les minorités notamment LGBTQ+ ont appris à s’entraider, s’émanciper et être fières, à l’abri des discriminations.
Une ville : Berlin
La capitale allemande occupe une place à part dans l’imaginaire de la culture électro. Dès 1989, la techno joue en effet le rôle de ciment culturel pour la jeunesse allemande et accompagne tout le processus de réunification. Des clubs comme le Tresor, le Watergate et désormais le Berghain y célèbrent une nouvelle musique, la techno, ainsi qu’une nouvelle liberté de mœurs. Avec « I’ve Never Been To Berghain », l’artiste Philip Topolovac a créé une sculpture qui évoque l’architecture imposante du lieu et les activités secrètes qu’elle abrite. La ville doit aussi son statut de capitale moderne et symbolique de la scène techno grâce à une vaste diaspora internationale de musiciens, d’artistes, de freaks et de DJ, documentée par le photographe George Nebieridze à travers son installation Berlinights, The Occasional Feel-Good.
Timeline de l’exposition
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Crédits de l’exposition
Commissaire : Jean-Yves Leloup
Bande-son : Laurent Garnier
Scénographie : 1024 architecture
Expérience sonore : SONOS
Conseiller scientifique : Thierry Maniguet
Conception graphique : Studio Agnès Dahan, Raphaëlle Picquet assistées de Alix de Joussineau
À l’occasion de l’exposition Electro, de Kraftwerk à Daft Punk, explorez une sélection d’archives de la Philharmonie et partez à la découverte de la musique électronique.
La médiathèque propose une sélection d’ouvrages autour des principaux thèmes abordés tout au long du parcours de l’exposition Electro et découvrir l’histoire de la dance-music électronique.
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Le Musée de la musique propose des expositions multimédias, à partir de projets réalisés à Paris, qui peuvent être présentées dans des lieux non-muséaux (médiathèques, centre culturels, salles de concert…) en France comme à l’étranger.
Ce livre offre un panorama d’envergure sur la musique électronique à travers l’exploration de son histoire, de son imaginaire, de ses innovations et de ses correspondances avec les autres arts.