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Le piano à l’époque de Brahms
Un nouvel instrument
Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, Bartolomeo Cristofori (1655-1731), facteur de clavecins, inventa le piano-forte pour remplacer le clavicorde. Pour cela, il imagina un mécanisme de marteaux qui frappaient la corde avec plus ou moins de force : le son pouvait être piano (doux) ou forte (fort) selon le toucher de l’interprète.
D’autres luthiersEntre autre J.G. Silberman en Allemagne qui rajoute une pédale forte (ou sustain) permettant de relever en même temps tous les étouffoirs. perfectionnèrent ensuite l’instrument : il devint plus solide Grâce à un cadre et une barre qui ne sont plus en bois mais, désormais, en métal., acquiert davantage de puissance et un timbre plus chaleureuxGrâce à l’utilisation de cordes filées et de plus gros diamètre. Il séduit surtout avec ses nouvelles possibilités expressives :
- L’intensité des sons peut être vraiment variéeGrâce aux feutres qui remplacent bientôt le cuir sur les marteaux, ainsi qu’aux nouvelles cordes des basses en acier et au triple cordage du registre aigu.
- La durée des sons peut être très courteGrâce au mécanisme de simple puis double échappement, permettant de jouer la même note à grande vitesse.
- L’étendue du clavier est accrueGrâce à l’utilisation de cordes plus longues et à leur disposition en oblique : l’instrument passe de quatre à huit octaves pour les plus grands pianos..
À ces qualités expressives s’ajoute la capacité du piano à faire entendre simultanément plusieurs sons (théoriquement, autant que le pianiste a de doigts) et de permettre ainsi l’interprétation de toutes sortes de partitions, écrites pour lui ou provenant de la transcription d’une œuvre de musique de chambre, orchestrale, voire lyrique […]
*Cécile Reynaud, L’instrument d’une sensibilité. Textes et documents pour la classe, Paris, SCEREN, 2010, n° 1004, p. 9..
Le piano et Brahms
L’avènement du piano fut essentiel pour Brahms : il put ainsi mener toute sa vie une double carrière de compositeur et d’interprète.
Virtuose du piano dès son plus jeune âge, c’est avec cet instrument que Brahms put améliorer la condition modeste de sa famille. De plus, Brahms admirait Beethoven. Or, la figure de Beethoven sera fondatrice pour les pianistes et compositeurs romantiques. Le double rôle qu’il incarne, comme pianiste et compositeur, reste le modèle de carrière de virtuoses […]
*Cécile Reynaud, L’instrument d’une sensibilité. Textes et documents pour la classe, Paris, SCEREN, 2010, n° 1004, p. 12. C’est peut-être une des raisons pour laquelle, une fois sa notoriété acquise, il continua régulièrement de faire des concerts.
En tant que compositeur, Brahms a en effet écrit une cinquantaine d’œuvres pour le piano. En ce siècle du romantisme, l’écriture pour le piano, liée aux transformations techniques et inventions des facteurs d’instruments, est également dépendante de nombreuses autres causes : l’acoustique des salles de concert, le développement du goût du public, ainsi que la divulgation du piano et son apprentissage dans divers milieux sociaux
*Cécile Reynaud, L’instrument d’une sensibilité. Textes et documents pour la classe, Paris, SCEREN, 2010, n° 1004, p. 10. Cela se remarque dans l’écriture de Brahms. Ses pièces, d’une grande difficulté pour les interprètes, sont qualifiées de « symphoniques » : les compositions mêlent verticalité et horizontalité en privilégiant une surcharge d’accords compacts rappelant l’orchestre, ainsi que de larges arpèges avec octaves doublées sur l’ensemble du clavier..
L’écriture quasi-symphonique de Brahms se retrouve aussi dans son goût pour le piano à quatre mains. Comme Schubert, le compositeur affectionnait particulièrement ce « plaisir musical de l’intimité » qu’il pratiquait entre autre avec Clara Schumann. Il publia cependant peu d’œuvres originales pour le piano à quatre mains. Néanmoins, ces quelques compositions, qu’il réécrivait en général ensuite pour une autre formation, demeurent aujourd’hui parmi ses œuvres les plus célèbres.
Le Piano tzigane : le cymbalum
Le cymbalum est un instrument de la famille des cithares sur tables. Il serait originaire du Moyen-Orient, mais on le retrouve sous différents noms sur plusieurs continents : pendant des siècles, il voyagea dans diverses régions grâce aux migrations humaines avant d’arriver en Europe occidentale au début du Moyen Âge, sous le nom de tympanon ou dulcimer. C’est lui qui inspirera, dit-on, la création du clavicorde.
Au XVe siècle, il se répand en Europe de l’est dans toutes les couches de la société sous l’influence du peuple tzigane, qui en a fait un de ses instruments favoris. En ce siècle révolutionnaire, il devient un des symboles de l’identité hongroise. C’est ainsi que quelques compositeurs de musique savante l’utilisèrent dans leurs compositions, tel Franz Liszt pour ne citer que le plus connu. D’autres compositeurs comme Brahms, attachés à donner à leur composition la couleur du folklore hongrois (« alla ungarese »), ont tenté d’imiter le timbre et le jeu de cet instrument.
József Schunda fabriqua dans les années 1870 un cymbalum de concert quasi semblable au piano : reposant sur quatre pieds, il est muni d'étouffoirs actionnés par une pédale. Suite à cette invention, un certain Allaga Géza composera la première méthode de cymbalum en 1874. Ce fut le début de la création de tout un répertoire pour cet instrument.
Auteure : Marie Zalczer