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Divertimento en si bémol Joseph Haydn
Carte d’identité de l’œuvre : Divertimento en si bémol de Joseph Haydn |
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Genre | musique de chambre |
Forme | divertimento en quatre mouvements : I. Allegro con spirito II. Choral de Saint-Antoine III. Menuetto IV. Rondo. Allegretto |
Instrumentation | 2 hautbois, 2 cors, 3 bassons, 1 serpent (remplacé aujourd’hui par un contrebasson) |
Haydn, l’incarnation du style classique
Figure incontournable du XVIIIe siècle musical, le viennois Joseph Haydn s’illustre dans une multitude de genres, œuvrant aussi bien pour la musique de chambre que pour l’orchestre ou le piano-forte. Il est le père fondateur du style classique, dans lequel règne la mélodie accompagnée. C’est grâce à ses recherches et à sa persévérance que des genres comme le quatuor à cordes et la symphonie voient le jour et perdurent. Déjà des succès en leur temps, ses œuvres font office de référence et ont marqué les compositeurs de la génération suivante, parmi lesquels Mozart et Beethoven qui suivent volontiers le chemin tracé par leur illustre aîné, sans pour autant oublier de transcender les genres, chacun à leur manière.
Vers une nouvelle musique de chambre
Officiant à la cour des princes Esterhazy pendant une grande partie de sa vie, Haydn y conçoit la majorité de son immense corpus. Chez lui, le genre du divertimento est à prendre comme un champ d’expérimentation dans lequel il teste des associations de timbres instrumentaux. Première étape vers les genres de musique de chambre connus, les divertimentos sont donc à géométrie variable et utilisent aussi bien les instruments à vent que les instruments à cordes ou la voix. Le Divertimento en si bémol Hob. II/46 est singulier dans l’œuvre de Haydn car celui-ci ne se tourne pas souvent vers les instruments à vent. Conscient d’avoir autour de lui des musiciens de grande qualité, il les utilise dans les symphonies mais ils n’ont pas encore une place de choix dans la musique de chambre. Le Divertimento Hob. II/46, également connu sous le nom de Feldparthie Hob. II/46, est donc une pièce originale qui illustre une volonté d’émancipation des instruments à vent dans l’univers chambriste. Prévu pour cinq parties mais pour huit instruments, il n’est donc pas encore pensé comme un quintette.
Le mystère du Choral de St. Antoine
Le deuxième mouvement du Divertimento en si bémol, appelé « Choral de Saint-Antoine », est fondé sur un thème joué d’abord par le hautbois. À partir d’une cellule simple composée de quatre notes, l’allure du choral se précise dans le rythme répétitif et le caractère paisible qui font de ce mouvement une parodie du style religieux. À l’image de l’orgue ou du chœur mixte, traditionnellement utilisés pour les offices, les instruments à vent convoquent le souffle de l’homme dans un équilibre parfait des registres. Repris plus tard par Brahms dans ses Variations sur un thème de Haydn, ce Choral de Saint-Antoine est une œuvre mystérieuse. L’origine de son thème ne nous est pas connue et, de plus, il existe un doute sur l’attribution de cette œuvre à Haydn. Il est en effet possible qu’elle ne soit pas de lui. Le nom d’Ignaz Pleyel, l’un de ses élèves, est cité.
Auteure : Marjorie Trocq