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Dans les steppes de l’Asie centraleAlexandre Borodine
Carte d’identité de l’œuvre : Dans les steppes de l’Asie centrale de Alexandre Borodine |
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Genre | musique symphonique : poème symphonique |
Composition | en 1880 |
Dédicataire | Franz Liszt |
Création | le 8 avril 1880 à Saint-Pétersbourg, à l’occasion des fêtes pour les 25 ans de règne du tsar Alexandre II |
Forme | un mouvement, Allegro con moto |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois (dont 1 cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
En 1880, de grandes fêtes et cérémonies sont organisées pour fêter les vingt-cinq années de règne du tsar Alexandre II. C’est en cette occasion que l’on commande une œuvre à Borodine. Il choisit de composer ce poème symphoniqueŒuvre orchestrale dont la structure et les différents éléments s’appuient sur un argument poétique, légendaire, philosophique… Pour cette œuvre, l’argument est pittoresque. dont l’argument met à l’honneur le pouvoir russe, présentant le tsar comme le bienveillant protecteur des steppes de l’Asie centrale :
Dans le silence des steppes sablonneuses retentit le refrain d’une paisible chanson russe. On entend aussi des chants de l’Orient, mélancoliques ; on entend le pas des chevaux et des chameaux qui s’approchent. Une caravane, escortée par des soldats russes, traverse l’immensité du désert. Elle poursuit sans crainte son long voyage, s’abandonnant avec confiance à la garde de la force guerrière. Elle va plus loin, toujours. Les chants des Russes et ceux des indigènes se confondent. Peu à peu ils s’affaiblissent en s’éloignant, et ils finissent par se perdre dans le lointain désert.
C’est aussi l’occasion pour Borodine d’exprimer sa double origine, russe par sa mère, et orientale par son pèreun prince caucasien. Cette œuvre est l’une de celles qui contribueront le plus à sa notoriété. Il la dédie à Franz Lisztcompositeur et pianiste virtuose - 1811-1886, père du genre du poème symphonique.
Construction de l’œuvre
Borodine construit son poème symphonique en illustrant musicalement quatre éléments principaux de l’argument : l’immensité du désert, les soldats russes, le mouvement de la caravane et les « indigènes ». L’ensemble est traité de manière à créer le mouvement de rapprochement et d’éloignement de cette caravane. La forme générale du poème symphonique l’exprime en étant construite sur un long crescendo-decrescendoLa puissance du son augmente progressivement, puis diminue.. Les éléments sont exposés clairement, un à un, par des petits groupes d’instruments ou un instrument soliste, puis s’amplifient et se mêlent entre eux.
Déroulé de l’œuvre
Le poème commence sur une note tenue dans l’extrême aigu par des violons. Cette longue pédale symbolise « l’immensité » du désert. Le premier thème, un chant russe, large et tranquille, est joué par la clarinette seule puis par le cor : Borodine laisse à l’auditeur le temps de percevoir les éléments successifs qu’il installe. Une fois le chant russe exposé, les cordes graves jouent, en pizzicatomode de jeu consistant à pincer la corde avec les doigts, un rythme régulier dont le balancement évoque le pas des chevaux et des chameaux, ponctué d’interventions des vents. Puis le cor anglais chante le deuxième thème, une mélodie ondulante au caractère oriental.
Les quatre éléments musicaux ainsi installés, Borodine va ensuite créer la sensation de rapprochement de la caravane. Le chant russe va être successivement repris et amplifié jusqu’à être puissamment joué par tout l’orchestre. La douceur de la phrase initialement entendue fait place à de lourds accents, soulignés par les cuivres, les timbales et de grands accordsnotes jouées simultanément aux violons.
C’est ensuite la mélodie orientale qui est reprise, d’abord par le cor anglais doublé par les violoncelles, puis par les violons dans une tonalité plus lumineuse. Borodine superpose alors les deux thèmes, mêlant habilement le chant russe à la mélodie orientale. Après les avoir fait entendre clairement et séparément, l’oreille peut ainsi les percevoir tous deux distinctement.
Borodine joue avec les quatre éléments, les orchestrant et les associant différemment, jusqu’à les faire « s’éloigner ». Le thème oriental disparaît d’abord, puis le chant russe n’apparaît plus que par bribes. Il ne reste pour finir que le pas des chevaux et des chameaux, et la pédale aiguë du désert. Borodine conclut son œuvre sur une dernière audition du chant russe, pianissimol’une des nuances les plus douces joué dans l’aigu par la flûte.
Auteure : Aurélie Loyer