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Abdelazer ou la Revanche du Maure Henry Purcell
Carte d’identité de l’œuvre : Abdelazer ou la Revanche du Maure de Henry Purcell |
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Genre | musique de scène pour la tragédie éponyme de Aphra Behn |
Librettiste | Aphra Behn |
Langue du livret | anglais |
Composition | en 1695 à Londres |
Création | en 1695 au Théâtre royal à Londres |
Forme | suite composée de 10 pièces : I. Ouverture II. Rondeau III. Air IV. Air V. Minuet VI. Air VII. Jig VIII. Hornpipe IX. Air X. Song « Lucinda is Bewitching Fair » |
Instrumentation | voix : soprano (pièce X) orchestre : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
À la mort de la reine Marie II d’Angleterre, les théâtres restent fermés durant trois mois. Lorsqu’ils sont de nouveau ouverts, le monde du spectacle est totalement bouleversé. Un homme de théâtre nommé Thomas Betterton a décidé de créer sa propre compagnie de théâtre, rivale de l’officielle United Compagny. Il s’installe dans une ancienne salle de jeu de paume convertie en théâtre et décide de produire essentiellement des pièces nouvelles. Purcell, en tant que musicien royal, ne peut s’associer à cette compagnie aux idées novatrices. Il doit donc continuer à travailler avec la United Compagny, affaiblie par le départ de Betterton mais aussi par la démission des meilleurs chanteurs préférant rejoindre la nouvelle troupe. Au contraire de Betterton, la United Compagny choisit de limiter les créations et présente surtout des reprises de pièces anciennes dans lesquelles sont introduites des scènes musicales. C’est dans ce cadre que Purcell compose la musique de scène de la tragédie Abdelazer ou la Revanche du MaureAbdelazer or the Moor Revenge, écrite en 1676 par l’une des premières femmes de lettre professionnelle d’Angleterre : Aphra Behn. Le Théâtre royal rouvre ses portes avec cette reprise d’Abdelazer, qui n’a pas beaucoup de succès. En revanche, le chanteur âgé d’une dizaine d’années, Jemmy Bowen, qui interprète la chanson finale « Lucinda is Bewitching Fair », est remarqué par Purcell qui composera ensuite plusieurs airs d’une grande virtuosité pour lui. Le succès rencontré par le jeune homme dans Abdelazer entraîna aussitôt la publication de la partition de l’air.
Focus sur la pièce II. Rondeau
Le Rondeau d’Abdelazer est l’une des plus célèbres pièces d’Henry Purcell. Souvent joué séparément de la suite dont il est issu, il a été utilisé par Benjamin Britten pour constituer le thème principal de son œuvre The Young Person’s Guide to the Orchestra op. 34, sous-titrée « Variations and Fugue on a Theme of Purcell ».
Très utilisé à la période baroque, le rondeau est une forme musicale qui alterne un refrain et des couplets, à la manière d’une chanson. Dans le Rondeau d’Abdelazer, Purcell alterne le refrain avec deux couplets différents, donnant à la pièce la forme suivante : Refrain - Couplet 1 - Refrain - Couplet 2. Les premiers violons sont mis en avant dans ce rondeau : ce sont eux qui chantent la mélodie, soutenus par le reste de l’orchestre qui donne l’harmonie.
Le refrain
Le refrain, écrit pour se répéter, doit facilement se retenir. Pour cela, Purcell utilise plusieurs procédés :
- Il donne au refrain un caractère majestueux, martial (à la manière d’une marche solennelle), en faisant jouer tous les instruments sur le même rythme dans la première mesure.
- Il organise le refrain en trois parties distinctes, faciles à repérer, à retenir et même à chanter.
La première partie monte graduellement puis redescend rapidement. La deuxième partie est constituée de quatre mesures, identiques mais débutant sur une note différente, en descendant : on appelle cela une « marche descendante ». Enfin, la troisième partie conclut la pièce sur un rythme plus rapide.
Les couplets
Ils sont de caractères différents. Le premier couplet commence sur un rythme identique à celui du refrain, mais dans une couleur plus lumineuse qui donne une impression de légèreté. Celle-ci est tout de suite contrebalancée par le retour du refrain.
Le deuxième couplet fait apparaître un rythme nouveau, appelé « rythme pointé » qui lui donne un caractère dansant, moins solennel. Il s’achève sur une formule en suspension qui appelle le retour du refrain.
Auteure : Bérénice Blackstone