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Concerto grosso op. 3 n° 3 Georg Friedrich Haendel
Carte d’identité de l’œuvre : Concerto grosso op. 3 n° 3 de Georg Friedrich Haendel |
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Genre | musique concertante |
Composition | en 1717-1718 à Londres |
Forme | concerto en quatre mouvements : I. Largo e staccato II. Allegro III. Adagio IV. Allegro |
Instrumentation | concertino (instruments solistes) : 1 flûte (ou 1 hautbois) et 1 violon ripieno (orchestre) : violons 1 et 2, altos, basse continue |
Contexte de composition et de publication
Il semble que ce concerto grosso n’ait pas été pensé dès ses origines comme un tout. En effet, le Largo, le premier Allegro et l’Adagio découlent d’un hymne des « Chandos » Anthems et du Te Deum HWV 281, deux œuvres qu’Haendel avait composées pour le duc de Chandos, tandis que l’Allegro final trouve sa source dans la Fugue en sol majeur pour clavecin HWV 606. Cette façon de composer n’était pas rare pour Haendel : cumulant plusieurs charges, il était parfois obligé de composer très vite, et n’hésitait pas dans ce cas à réutiliser des thèmes issus d’œuvres antérieures.
L’Opus 3L’Opus 3 regroupe six concertos grossos de Haendel, dont le Concerto grosso n° 3 dont il est question ici. est publié pour la première fois en 1734 par John Walsh, l’éditeur d’Haendel, mais probablement sans que le compositeur soit véritablement au courant. Peut-être est-ce même Walsh qui a réuni les différents mouvements du Concerto grosso n° 3.
Le genre du concerto
Le terme « concerto » a deux origines latines possible : le mot « concertare » qui signifie « se disputer », « discuter vivement », ou le mot « conserere » qui implique plutôt la notion de dialogue avec égalité des voix. Dans les deux cas, le concerto est un genre musical opposant deux parties : l’orchestre d’un côté, un instrument soliste de l’autre, les deux parties pouvant alternativement rivaliser ou dialoguer.
Né à la fin du XVIIe siècle, le concerto grosso met en scène un orchestre, appelé ripieno, face à un groupe de solistes, appelé concertino (c’est-à-dire le violon solo et la flûte (ou le hautbois) dans l’œuvre de Haendel). En général, les sections virtuoses sont réservées aux solistes, tandis que l’orchestre ne joue que des ponctuations ou des ritournelles.
Le déroulé de l’œuvre
Largo e staccato
Avec ce premier mouvement, le compositeur attire l’attention de l’auditeur par une très courte introduction lente. Ici, le groupe de solistes n’est pas opposé à l’orchestre, mais se confond totalement avec lui : l’ensemble joue exactement le même rythmeOn parle d’homorythmie.. L’utilisation des silences, sur un temps entier puis sur la moitié d’un temps, donne l’impression très théâtrale de quelqu’un qui s’approche progressivement.
Allegro
L’Allegro s’organise en plusieurs temps :
- Tout d’abord, les instruments solistes se joignent aux instruments aigus de l’orchestre, imités ensuite par les instruments graves.
- S’ensuit un long passage où les solistes sont mis en valeur, tout d’abord la flûte puis le violon. Ensuite, Les deux solistes se répondent et jouent ensemble, accompagnés par l’orchestre.
- Enfin, un tuttiTous les instruments jouent ensemble. conclut cet Allegro au caractère joyeux et léger.
Adagio
Très court, il fait le lien entre les deux mouvements rapides. Il reprend le principe d’écriture de la lente introduction du début : tout l’orchestre joue le même rythme, entrecoupé de silences qui créent un effet d’attente. Seule la flûte, mise tout particulièrement en valeur par cet accompagnement très discret, joue une mélodie mélancolique et rêveuse.
Allegro
« Pièce maîtresse » de ce concerto, l’Allegro final est plus long que le précédent. Les solistes sont inclusD’ailleurs, le rôle du violon solo est minimal dans ce concerto. En effet, il ne donne vraiment la réplique à la flûte que dans le premier mouvement. Le reste du concerto, il est entièrement associé à l’orchestre. dans l’orchestre, ce qui donne à l’ensemble une puissance sonore plus théâtrale. Comme dans le premier Allegro, les entrées des instruments se succèdent en imitation : d’abord les premiers violons, puis les seconds violons et la flûte, et enfin les cordes graves et le continuo. Ces entrées successives créent un effet d’amplification de l’orchestre et donne plus de profondeur au son.
La partie centrale joue sur le motif du tout début : à contre-temps, en croches répétées, il se répand dans toutes les voix. Certaines mesures dans lesquelles les instruments graves s’effacent apportent un contraste dans le mouvement. La fin du mouvement, et donc de l’œuvre, est très majestueuse, grâce à un effet rendu par ce qu’on appelle la « pédale » : les instruments graves restent sur la même note, tenue, tandis que les instruments aigus jouent la mélodie conclusive.
Auteure : Bérénice Blackstone