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L’Oiseau de feu Igor Stravinski
Carte d’identité de l’oeuvre : L’Oiseau de feu d’Igor Stravinski |
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Genre | ballet |
Argument | Michel Fokine, d'après un conte russe |
Composition | en 1909-1910 à Saint-Pétersbourg |
Dédicace | À mon cher ami Andreï Rimski-Korsakov |
Création | le 25 juin 1910 au Théâtre National de l'Opéra, à Paris, par les Ballets russes de Serge Diaghilev sur une chorégraphie de Michel Fokine, des décors de Alexandre Golovine et Leon Bakst, et sous la direction de Gabriel Pierné |
Forme | ballet en deux tableaux |
Instrumentation | bois : 2 piccolos, 3 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 3 bassons, 1 contrebasson cuivres : 4 cors, 6 trompettes (dont 3 sur scène), 6 trombones (dont 3 sur scène), 1 tuba, 2 tubas basses (sur scène) percussions : timbales, 2 glockenspiel (sur scène), 1 célesta et percussions variées claviers : 1 piano cordes pincées : 3 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Une nouvelle musique commandée à un jeune compositeur peu connu
Après le succès de la première saison des Ballets russes en 1909, son impresario, Serge Diaghilev, veut proposer l’année suivante des œuvres que le public ne connaît pas. Il demande donc à son chorégraphe, Michel Fokine, de puiser directement dans les contes traditionnels russes pour créer un ballet. Fokine s’inspire du mythique oiseau de feu, présent dans plusieurs contes, tandis que Diaghilev choisit le jeune Igor Stravinski pour composer la musique du ballet. L’Oiseau de feu est accueilli triomphalement par la salle, emplie de personnalités politiques et artistiques de l’époquedont la grande actrice Sarah Bernhardt. Stravinski, présenté comme un tout jeune élève de Rimski-Korsakov
devient tout d’un coup célèbre.
L’argument
Ivan Tsarevitch, fils du tsar de Russie, déambule dans la forêt mystérieuse du sorcier Kastcheï. Apercevant un magnifique oiseau qui vole autour d’un arbre aux pommes d’or, il capture le fabuleux animal et ne le libère qu’en échange d’une de ses plumes magiques et du serment que l’oiseau lui sera fidèle. Plus loin, dans la forêt, après être tombé amoureux d’une princesse entourée de douze compagnes, le jeune homme est capturé par des démons et le sorcier Kastcheï menace de le changer en pierre. L’oiseau de feu vient à son secours comme il l’avait promis et endort tous les monstres. Le soleil dissipe les ténèbres, le palais de Kastcheï s’effondre : Ivan peut alors retrouver l’élue de son cœur.
Déroulé de l’œuvre
Le ballet, créé en 1910, comporte dix-neuf numéros pour une durée d’environ 45 minutes. Mais en raison du succès remporté, Stravinski remaniera la musique du ballet pour en faire une œuvre purement musicale destinée au concert. Plusieurs suites verront ainsi le jour : l’une dès 1910 et les deux autres en 1919 et 1945. Les différences entre toutes ces versions portent surtout sur la duréeLa musique du ballet original est amputée de plusieurs numéros (mais pas toujours les mêmes selon les suites) et sa durée est réduite de moitié environ., sur l’effectif orchestralL’orchestre du ballet et de la première Suite (1910) est très important : bois par 4 (voire 5), 3 harpes et de nombreuses percussions, dont des cloches, en plus des cordes et des cuivres. Dans les deuxième et troisième Suites, l’effectif est moindre, les bois n’étant plus que par 2, les harpes réduites à une seule et le pupitre des percussions plus restreint. Les orchestres de ces deux dernières versions sont à peu de chose près identiques. et sur les titres donnés aux différents numéros.
Tout comme dans Le Coq d’or de son maître Rimski-Korsakov, Stravinski choisit de différencier les éléments de l’action. L’élément humain est représenté par des thèmes diatoniquesexemples d’intervalles diatoniques : do-ré, ré-mi…, alors que l’élément magique est associé à des arabesques chromatiquesexemples de chromatismes (intervalles plus étroits que les intervalles diatoniques) : do-do#, ré-ré#… de caractère oriental. Ainsi, pour Ivan et la princesse qui sont des êtres humains, la musique est diatonique. Les musiques autour des personnages de l’oiseau de feu et de Kastcheï, qui relèvent de l’élément magique, sont issus d’un intervalle particulier, la quarte augmentéeexemple : do-fa#, qui produit dans la musique une sensation d’instabilité.
Parmi les numéros les plus fameux du ballet et des Suites (les titres sont ceux du ballet original) :
Introduction
Très courte, elle précède la présentation de l’oiseau de feu et fait entendre tout d’abord un motif sourd, quasi inaudible, joué par les violoncelles et contrebasses dans le registre grave. Ce motif inquiétant est fondé sur l’intervalle de quarte augmentée qui sera associé durant tout le morceau au terrible Kastcheï. Le trémolo des cordes crée un effet mystérieux. Le thème grave du début est ensuite repris par la flûte puis par le hautbois.
Jeu des princesses avec des pommes d’or : scherzo
Cordes et vents alternent. Dans ce scherzo (danse rapide) qui commence sur une descente des vents, des échanges rapides fusent entre les pupitres des vents, les trompettes scandant de courtes notes, discrètes mais insistantes.Un léger motif est échangé entre les instruments, suggérant toute la grâce des jeunes princesses qui dansent.
Khorovode (ronde) des princesses
Pour ce numéro, le compositeur utilise deux mélodies du folklore russe, qu’il tire des 100 Chants populaires russes de son maître Rimski-Korsakov. Après une courte introduction, le premier thème est joué par le hautbois ; il représente la princesse la plus belle, celle qui retient l’attention d’Ivan. Le deuxième thème est quant à lui joué par les cordes.
Danse infernale de tous les sujets de Kastcheï
Indiquée Allegro feroce dans la partition, cette danse est construite à partir de trois éléments :
- le thème de Kastcheï avec les irruptions de violents accords joués fortissimo ;
- le thème ample et gracieux de l’oiseau ;
- le thème des princesses qui supplient Kastcheï.
Dans ce numéro, éléments rythmiques et mélodiques se succèdent continuellement.
Disparition du palais et des sortilèges de Kastcheï, animation des chevaliers pétrifiés ; allégresse générale
Plus simplement nommé Finale ou Hymne final dans les Suites, ce numéro conclusif s’ouvre par un thème joué au cor. C’est une mélodie calme, qui marque la disparition des maléfices. Ce thème revêt progressivement de nouvelles couleurs sonores.
Auteurs : Bruno Guilois et Pierre Albert Castanet