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Faust Charles Gounod
Carte d’identité de l’œuvre : Faust de Charles Gounod |
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Genre | opéra |
Librettistes | Jules Barbier et Michel Carré, d’après la pièce éponyme de Goethe |
Composition | entre 1839 et 1859 |
Création | version avec dialogues parlés : le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique à Paris version avec récitatifs : le 3 mars 1869 à l’Opéra de Paris |
Forme | opéra en cinq actes |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 2 cornets à pistons, 3 trombones percussions : timbales, cymbales, grosse caisse, caisse claire, triangle, tam-tam clavier : 1 orgue cordes pincées : 4 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
La genèse de l’œuvre
Lorsque Gounod part en 1839 pour la Villa Médicis à Rome, il emporte avec lui l’œuvre de Goethe et songe déjà à l’opéra qu’il composera un jour et notamment à La Nuit de Walpurgis. L’œuvre, longuement mûrie, n’est présentée au public que vingt ans plus tard, au Théâtre-Lyrique, le 19 mars 1859. Gounod retravaille ensuite sa partition, transforme les dialogues en récitatifs et, pour sa représentation à l’Opéra en 1869, doit ajouter un ballet au début du Ve acte, fameuse scène de La Nuit de Walpurgis. Le Faust de Gounod est un des plus grands succèsHergé contribue à travers sa bande dessinée Tintin et Milou à faire entrer l’œuvre dans la mémoire collective en confiant à son personnage de la Castafiore l’Air des bijoux de Marguerite. de l’opéra français : on dénombrait, en 1975, 2 358 représentations à l’Opéra Garnier.
Le mythe de Faust
Les origines :
Héros d’un conte populaire allemand du XVIe siècle, Faust est inspiré d’un personnage réelGeorgius Sabellicus Faustus Junior qui aurait déclaré : Je suis allé plus loin que vous ne le pensez et j’ai fait une promesse au démon avec mon propre sang, d’être sien dans l’éternité, corps et âme.
, docteur, astrologue, qui aurait étudié la magie à Cracovie. Mystérieux, soupçonné de sorcellerie, il serait mort vers 1539. Ce mythe se propage à travers l’Europe, d’abord par une première adaptation anonymeHistoria von Johann Fausten publiée en 1587 dont la traduction parue en Angleterre inspire à Christopher Marlowe1564 - 1593, dramaturge et poète anglais, contemporain de Shakespeare son Doctor Faustus en 1592. D’autres versions voient le jour, principalement en Allemagne. Goethe étudie la version de Marlowe, qui met en valeur l’aspect légendaire et le pacte diabolique, et Faust accompagne le poète pendant de nombreuses années. Ainsi, Goethe écrit son Faust en deux parties : la première, publiée en 1798, est traduite par Gérard de Nerval en 1826, et la seconde partie ne paraît qu’en 1831. De nombreux compositeurs du XIXe siècle se passionnent pour ce mythe.
Oeuvres musicales inspirées par le mythe de Faust | |
1803 | Marguerite au rouet - lied (Beethoven) |
1814 | Marguerite au rouet - lied (Schubert) |
1815 | Faust - opéra (Spohr) |
1840 | Faust - ouverture (Wagner) |
1845 | La Damnation de Faust - légende dramatique (Berlioz) |
1853 | Scènes de Faust - oratorio profane (Schumann) |
1857 | Faust-Symphonie - symphonie (Liszt) |
1859 | Faust - opéra (Gounod) |
Le Faust de Goethe :
Goethe aborde le mythe avec une approche plus dramatique que ses prédécesseurs. Dans son premier Faust (1798), le vieux docteur porte un regard amer et affligé sur sa vie qu’il a vainement consacrée à la recherche d’un savoir universel. Le diable, sous les traits de Méphistophélès, lui propose un pacte : son âme en échange de tous ses désirs à condition que Faust s’estime satisfait et heureux. Mais Faust, bien que rajeuni, répugne aux plaisirs que Méphisto lui présente, et ne sera ému que par la rencontre avec Marguerite, personnage pur et innocent ajouté par Goethe, qui s’oppose par sa foi à celui de Faust. Tous deux sincèrement amoureux, ils ne rencontrent que malheur. Responsable de la mort de sa mère, blessant mortellement son frère, Faust se voit contraint d’abandonner Marguerite, qui noie ensuite l’enfant né de leur union. Alors qu’elle est condamnée à mort, Faust tente de la sauver mais la jeune femme souhaite expier sa faute. Dans le second Faust de Goethe (1831), l’âme de Faust est sauvée par les prières de Marguerite.
L’opéra de Gounod
Gounod compose son opéra sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré. L’histoire se concentre davantage sur l’histoire d’amour entre Faust et Marguerite et perd en grande partie sa dimension philosophique. Gounod privilégie le personnage de Marguerite, et les allemands lui préfèrent le titre de Margarethe ou Gretchen. L’œuvre est divisée en cinq actes :
- Le premier acte se situe dans le cabinet de Faust et décrit son entretien avec Méphistophélès.
- Dans le second, au cœur d’une fête en ville, Faust rencontre Marguerite.
- Le troisième acte, dans le jardin de Marguerite, regroupe les plus belles pages du répertoire avec l’Air des bijoux de Marguerite, ainsi que le duo « Laisse-moi contempler ton visage » dans lequel Marguerite se laisse embrasser par Faust.
- Dans le quatrième acte, Marguerite a donné naissance à l’enfant de Faust. Son frère, revenu de la guerre, recherche le responsable du déshonneur de sa sœur et meurt dans un duel avec Faust en maudissant la jeune femme.
- L’acte V débute pendant la nuit de Walpurgisnuit du 30 avril au 1er mai, souvent associée au sabbat des sorcières et célébrée depuis des siècles, dans le royaume de Méphisto. Il tente de faire oublier Marguerite à Faust en l’emmenant dans un banquet des plus belles courtisanes de l’Antiquité. Mais Faust est toujours hanté par Marguerite qui, ayant perdu la raison, a tué son enfant et est emprisonnée. Il la rejoint, mais la présence de Méphisto la fait se retrancher dans la prière. Un chœur d’anges accompagne sa mort, et Faust, rempli de remords, se met à son tour à prier.
Les personnages et leur voix
- Le docteur Faust, savant, ténor
- Méphistophélès, basse
- Marguerite, soprano
- Valentin, soldat, frère de Marguerite, baryton
- Siebel, jeune villageois épris de Marguerite, mezzo-soprano
- Marthe, voisine de Marguerite, mezzo-soprano
- Wagner, étudiant, baryton
- Étudiants, villageois(es), soldats, sorcières, anges et démons
La valse
La valse se développe vers la fin du XVIIIe siècle, particulièrement à Vienne où, au XIXe siècle, elle est liée aux compositeurs Johann Strauss père et fils. Son apparition correspond à un assouplissement des mœurs, et s’oppose à la rigueur des danses de cours comme le menuet. Goethe contribue à la faire connaître en l’insérant dans une scène de bal dans Les Souffrances du jeune Werther en 1774. Cette danse à trois temps, qui faisait se rapprocher les corps des danseurs, est interdite à la cour allemande jusqu’en 1812. Mais cela n’empêche pas la diffusion de la valse, très prisée en Angleterre et en France. Gounod choisit ce rythme de valse pour sa Danse des Nubiennes, extrait du ballet de la nuit de Walpurgis, et fait évoluer les danseuses sur des mélodies élégantes des violons puis des violoncelles.
Auteure : Aurélie Loyer