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Jeux Claude Debussy
Carte d’identité de l’œuvre : Jeux de Claude Debussy |
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Genre | ballet |
Argument | Vaslav Nijinski |
Commanditaire | Serge de Diaghilev |
Composition | août 1912 - fin avril 1913 |
Création | le 15 mai 1913 au théâtre des Champs-Élysées à Paris, par Vaslav Nijinski, Tamara Karsavina et Ludmila Schollar, sur une chorégraphie de Vaslav Nijinski, des décors et costumes de Léon Bakst, et sous la direction de Pierre Monteux |
Forme | ballet en un acte |
Instrumentation | bois : 2 piccolos, 2 flûtes, 3 hautbois, 1 cor anglais, 3 clarinettes, 1 clarinette basse, 3 bassons cuivres : 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cymbales, triangle, tambour de basque, xylophone, célesta cordes pincées : 2 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Une commande des Ballets russes
Serge de Diaghilev, le fondateur des Ballets russes, commande en 1912 cette œuvre à Claude Debussy pour sa compagnie. Le contrat est signé pour un rendu en deux temps : d’abord une partition pour piano qui permettra au chorégraphe, Nijinski, de commencer son travail ; puis la version définitive pour orchestre quelques mois plus tard. C’est la dernière grande œuvre symphonique de Debussy. Nijinski est l’auteur de l’argument, inspiré lors d’un séjour à Londres par les parties de tennis de personnages en blanc se détachant sur les arbres rêveurs du jardin
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L’argument
Dans un parc, au crépuscule, une balle de tennis s’est égarée ; un jeune homme puis deux jeunes filles s’empressent à la rechercher.
La lumière artificielle des grands lampadaires électriques qui répand autour d’eux une lumière fantastique leur donne l’idée de jeux enfantins : on se cherche, on se perd, on se poursuit, on se querelle, on se boude sans raison ; la nuit est tiède, le ciel est baigné de douces clartés, on s’embrasse. Mais le charme est rompu par une balle de tennis jetée par on ne sait quelle main malicieuse. Surpris et effrayés, le jeune homme et les deux jeunes filles disparaissent dans le profondeurs du parc nocturne.
C’est un argument qui inspire Debussy. Le matin de la création de ce « poème dansé », il écritpropos extraits de Claude Debussy de François Lesure, mai 2003, p. 364 que le scénario est fait de ce "rien du tout" subtil dont j’estime que doit se composer un poème de ballet… tout ce qu’il faut pour faire naître le rythme dans une atmosphère musicale
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La création
La première représentation a lieu le 15 mai 1913 au théâtre des Champs-Élysées qui vient tout juste d’ouvrirLe concert d’inauguration eut lieu le 2 avril 1913.. Le public est peu enthousiasmé par ce ballet et la critique s’attaque surtout à la chorégraphie de Nijinski, trop théoricienne et systématique face à la subtilité et à la poésie de la musique.
Debussy écritpropos extraits de Claude Debussy de François Lesure, mai 2003, p. 365 lui-même : Le génie pervers de Nijinsky s’est ingénié à de spéciales mathématiques ! Cet homme additionne les triples croches avec ses pieds, fait la preuve avec ses bras, puis subitement frappé d’hémiplégie, il regarde passer la musique d’un œil mauvais.
La partition interpelle les critiques les plus fins de l’époque. Mais deux semaines après sa création, une œuvre de Stravinski, Le Sacre du printemps, elle-même interprétée par les Ballets russes, bouleverse le monde musical et chorégraphique, et occulte l’œuvre de Debussy.
Aujourd’hui, Jeux est unanimement reconnue comme une œuvre visionnaire qui influence l’histoire de la musique du XXe siècle. Elle passe également pour être une musique extrêmement difficile à analyser, tant Debussy a poussé loin la finesse et la complexité de son écriture pour en dégager la plus grande poésie possible.
L’orchestre de Jeux
À cette époque, certains compositeurs tels que Gustav Mahler ou Richard Strauss utilisent des orchestres extrêmement imposants. En comparaison, l’orchestre employé par Debussy peut paraître restreint. Mais c’est tout de même un orchestre symphonique très complet. La grande différence de sonorité réside dans son utilisation. Pour Debussy, les instruments de l’orchestre sont comme les couleurs d’une palette de peintre. Chaque couleur est un timbre d’instrument. Par touche, il les utilise purs ou associés, et donne vie à un univers sonore. On pourrait comparer la première partition pour piano au dessin, à l’esquisse, dans laquelle on voit déjà tous les motifs mélodiques, le rythme, les hauteurs de sons, les nuances ; et la version pour orchestre au tableau avec toutes ses couleurs.
La première page de la partition, qui suggère l’obscurité et le mystère de la nuit naissante, laisse déjà voir un grand nombre d’annotations du compositeur concernant le timbre des instruments :
- sourdineLa sourdine est un petit accessoire que les musiciens fixent sur le chevalet de leur instrument pour en assourdir la sonorité. pour les cordes ;
- harmoniquesmode de jeu qui provoque des sons très clairs, presque « transparents » pour la harpe et les altos ;
- « sons d’écho » au cor ou « doux et rêveurs » aux bois.
Parmi les instruments, on trouve le célesta, instrument à clavier comparable au piano mais où les cordes sont remplacées par des lames qui donnent un son cristallin et céleste (d’où son nom).
Auteure : Aurélie Loyer