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Le gamelan
En hommage à Rahayu Supanggah (1949 - 2020), musicien et compositeur javanais, découvrez le gamelan, ensemble instrumental traditionnel indonésien, à travers une sélection d'archives.
Hommage à Rahayu Supanggah (1949 - 2020)
Comme musicien interprète du gamelan javanais, spécialiste en particulier de la vièle rebab et du tambour ciblon, il a dirigé de nombreuses tournées internationales avec les meilleurs artistes de Java, contribuant ainsi à faire apprécier au public contemporain une tradition qui avait déjà fasciné de nombreux musiciens et compositeurs occidentaux, notamment en France Claude Debussy et Olivier Messiaen.
Il est aussi connu pour son implication dans le développement de la pratique du gamelan à travers le monde en ayant formé de nombreux musiciens professionnels en Asie et en Europe, plus particulièrement en Angleterre et en France.
Très attaché à la France, il a rédigé et soutenu au début des années 1980, sous la direction de Jacques Brunet, la première thèse en français sur le gamelan javanais, participant à cette époque aux premiers ateliers de pratique de cette musique, organisés au musée de l’Homme pour des chercheurs et des étudiants en ethnomusicologie.
Le gamelan joué à cette occasion, prêté au musée de l’Homme, appartenait aux collections du Musée de la musique de la rue de Madrid. Il avait été offert à la France en 1887 par monsieur Van Vleuten, un diplomate hollandais. Comme le reste de cette collection, il a intégré le musée de la Cité de la musique en 1993. La pratique de ce gamelan au Musée de l’Homme a inspiré la création d’un programme pédagogique et artistique – initié en 1994 et destiné à tous les publics – à la Cité de la musique - Philharmonie de Paris, programme auquel Rahayu Supanggah a contribué pendant de nombreuses années.
En 1998, Rahayu Supanggah était nommé directeur de STSI Solo (maintenant ASKI, Akademi Seni Karawitan Indonesia), conservatoire prestigieux du centre de Java, comparable à nos conservatoires supérieurs français. C’est à cette époque qu’a été conçu un partenariat avec la Cité de la musique. Le programme de gamelan porté par notre institution avait été initié quatre ans plus tôt en partenariat étroit avec le South Bank Centre dont les équipes travaillaient déjà beaucoup avec STSI et avec Rahayu Supanggah et ses collègues. Le partenariat nouveau avec STSI avait pour but de renforcer les liens avec le berceau de la tradition javanaise.
Durant cinq années consécutives à partir de l’année 2000, des musiciens javanais, dont Rahayu Supanggah lui-même, sont venus un mois en résidence pour former les professeurs français et animer avec eux le programme d’ateliers destiné aux musiciens amateurs et professionnels, aux adultes et aux enfants. Le programme de gamelan fut le premier programme complet dédié à une musique de tradition orale étrangère proposé par notre institution. L’approche éprouvée a été une source d’inspiration pour la mise en œuvre d’un programme plus large autour des musiques du monde, aujourd’hui de très grande ampleur, mais aussi plus largement pour toutes les questions de pédagogie collective qui traversent notre programme d’activités éducatives. En effet, intrinsèquement, l’apprentissage du gamelan ne peut se faire que collectivement, le gamelan étant par nature un instrument collectif qui nécessite la participation d’une quinzaine de personnes pour sonner dans sa globalité.
Les musiciens professionnels formés par le docteur Rahayu Supanggah sont ceux qui continuent d’animer les ateliers de gamelan de la Cité de la musique - Philharmonie de Paris, et nombre d’entre eux sont impliqués dans les programmes dédiés au gamelan, qui se sont développés en Île-de-France (CRD de Créteil, Université de Nanterre, CRC de Pontault-Combault …) ou dans d’autres régions françaises, portés par des établissements d’enseignements ou des associations culturelles (Angers, Pau, Strasbourg …).
C’est une personne remarquable qui disparaît mais sa mémoire continue d’habiter une pratique artistique qui l’accompagna dès son plus jeune âge. Rahayu Supanggah disait ne pas savoir comment il avait appris à maîtriser le gamelan. Il se souvenait seulement d’avoir été immergé en permanence dans cette musique dès l’âge de trois ou quatre ans, ce qu’il considérait parfois comme un handicap pour transmettre, ne saisissant pas toujours ce qui échappait à ses élèves.