Auteure : Agathe Dignac
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Kind of Blue Miles Davis
Carte d’identité de l’album : Kind of Blue de Miles Davis |
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Genre | jazz |
Enregistrement | les 2 mars et 22 avril 1959, au Columbia’s 30th Street Studio, à New York |
Date de sortie | le 17 août 1959 |
Forme | album composé de cinq titres : 1. So What 2. Freddie Freeloader 3. Blue in Green 4. All Blues 5. Flamenco Sketches |
Instrumentation | sextuor : 1 trompette, 1 saxophone alto, 1 saxophone ténor, 1 piano, 1 contrebasse et 1 batterie |
Le plus grand album de jazz de tous les temps
Album paru en 1959 chez Columbia, Kind of Blue est reconnu par les plus éminents critiques de jazz non seulement comme le meilleur album de Miles Davis, mais aussi comme le plus grand disque de jazz jamais réalisé. L’impact de cet album sur l’histoire de la musique a permis de le considérer comme l’un des chefs-d’œuvre les plus influents de tous les temps.
Une couleur « kind of blue »
Dans les années 1950, Miles Davis commence à personnaliser ses instruments. À l’époque de l’enregistrement de cet album, il joue avec une trompette recouverte d’un vernis bleu-vert « kind of blue »« une sorte de bleu », couleur qui prêtera son nom à l’album phare du jazzman.
Genèse de l’album
Après avoir exploré le cool jazz et le hard bop, Miles part en quête de nouveaux horizons et se tourne vers une forme de jazz novatrice. Sous contrat chez Columbia depuis 1955, il forme en 1958 un quintette composé des saxophonistes Cannonball Adderley et John Coltrane, du pianiste Bill Evans, du contrebassiste Paul Chambers et enfin, du batteur Jimmy Cobb. Interprétant des standards du be-bop, le groupe s’affirme rapidement comme l’un des meilleurs du moment.
Mais Miles Davis souhaite une nouvelle fois s’éloigner du be-bop pour s’orienter vers une musique laissant plus de place à l’inventivité mélodique. Selon lui, la complexité des grilles harmoniques du be-bop et du hard bop constitue un réel obstacle à la créativité. C’est alors qu’à la même période, le compositeur et pianiste Georges Russel publie Lydian Chromatic Concept of Tonal Organisation (1953) dans lequel il théorise le principe de la modalité. Miles Davis voit dans cette approche une bonne alternative aux improvisations habituellement fondées sur les progressions d’accords. Avec Milestones, enregistré en 1958, le trompettiste s’initie aux mécanismes de l’écriture modale et, satisfait du résultat, consacre l’intégralité de l’album Kind of Blue à cette approche. Pour l’enregistrement, il fait appel à son quintette du moment auquel il se joint, formant ainsi un sextuor.
L’enregistrement
L’album se compose de cinq titres enregistrés en deux sessions au Columbia’s 30th Street Studio de New York, les 2 mars et 22 avril 1959. En amont de ses sessions, Miles fournit aux musiciens en guise de préparation des esquisses de gammes et de mélodies sur lesquelles improviser pour chaque titre. La majorité des titres sont enregistrés en une seule prise. Ce mode d’approche original pour l’époque traduit la volonté de Miles de créer dans l’instant.
Le jazz modal
Kind of Blue marque les débuts du jazz modal. Miles Davis définitcité par Ashley Kahn dans Kind of Blue : The Making off the Miles Davis Masterpiece son approche par ces quelques phrases : « Absence d’accords… vous donne beaucoup plus de liberté et d’espace pour entendre les choses. Lorsque l’on va dans cette direction, on peut y aller pour toujours. On n’a pas à se soucier des changements et on peut faire plus avec la ligne [mélodique]. Cela devient un défi pour voir à quel point on peut être innovant dans la mélodie. il y aura moins d’accords mais des possibilités infinies à n’en savoir que faire ».
Ces propos, accordés au critique musical Nat Hentoff dans un entretien en 1958, dévoilent la volonté du trompettiste d’accéder à plus de liberté par le recours à la modalité. Avec cet album, Miles Davis bouscule les usages. Pour chaque morceau, il a proposé un modeUn mode se compose d’une échelle mélodique dont le nombre de degrés et leur espacement varient selon la nature de chaque mode. Il existe de par le monde une multitude de modes aux profils très variés. à ses musiciens sur lequel improviser. La parole est donnée aux solistes sans se soucier de la grille harmonique. Seul le choix du mode guide l’interprète.
Avec le jazz modal, le trompettiste donne une haute importance à la couleur et à la créativité. L’écoute de cet album crée l’impression d’un univers intemporel, planant, où tension et détente se côtoient en un savant mélange.
L’album d’un peu plus près
Kind of Blue est composé de cinq titres, repris de nombreuses fois depuis par les jazzmen : So What, Freddie Freeloader, Blue in Green, All Blues, et Flamenco Sketches. So What symbolise à lui seul l’esprit de Kind of Blue. Ce morceau s’ouvre sur une courte formule mélodique répétée inlassablement par la contrebasse, à laquelle répondent le piano et les vents par un motif qui illustre musicalement les mots « so what »« et alors ? ». Ce jeu de questions/réponses laisse ensuite place aux libres improvisations des interprètes. Le solo simple et concis de Miles demeure l’un des plus célèbres du jazz.
L’essentiel
- Avec Kind of Blue, Miles Davis signe son plus grand chef-d’œuvre.
- Kind of Blue ouvre la voie au jazz modal.
- L’album dévoile une musique où la créativité mélodique, le minimalisme et la couleur sont privilégiés.
- Le morceau So What est le titre phare de l’album.