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Dr Jekyll et M. Hyde Robert Louis Stevenson
La nouvelle de Robert Louis Stevenson
Robert Louis Stevenson naît à Edimbourg en 1850. De santé fragile, il meurt à 44 ans, en laissant une importante œuvre romanesque d’un genre nouveau, qui lui assurera l’immortalité en grande partie grâce au cinémaUne dizaine de nouvelles de Stevenson ont été adaptées au cinéma, certaines plusieurs fois, comme L’Île au trésor ou L’Étrange Cas du docteur Jekyll et M. Hyde., qu’il n’aura pourtant pas le temps de connaître.
Stevenson écrit L’Étrange Cas du docteur Jekyll et M. Hyde en 1886, à une époque où nombre de certitudes scientifiques sont remises en question par des découvertes récentes, et où l’on se prend à imaginer ce que la science va permettre dans le futur. De nombreux écrivains, anglais surtout, sont séduits par ces thèmes dont le cinéma s’emparera bientôt. Jules Verne a déjà publié une bonne partie de son œuvre, Marie Shelley a imaginé le personnage de Frankenstein depuis longtemps et H.G. Wells ne tardera pas à publier, entre autres, La Machine à explorer le temps. Tout au long du XIXe siècle en Angleterre s’est développée également la littérature dite « gothique »dans des nouvelles riches en lieux hantés, en fantômes et en créatures inquiétantes, destinées à effrayer le lecteur. L’Étrange Cas du docteur Jekyll et M. Hyde peut se lire comme une nouvelle d’épouvante, mais son arrière-plan scientifique et son mode de narration, sous forme de témoignages successifs, lui confère une forme originale et moderne. En effet, en intitulant son œuvre « l’étrange cas … », Stevenson fait plutôt référence à une intrigue policière. Le cas est certes étrange, mais il reste réaliste - du moins jusqu’à la révélation finale !
Résumé de l'intrigue
Utterson, notaire de profession, est intrigué par plusieurs récits qui mettent en cause un mystérieux et dangereux personnage nommé M. Hyde. De plus, son ami, le docteur Jekyll, vient de lui confier son testament et déclare léguer sa fortune à ce même Hyde. Le notaire tente donc de démêler le mystère des relations entre les deux personnages. Alors qu'il devient évident que Hyde est le meurtrier de Sir Carew, Jekyll s'enferme dans son laboratoire et refuse de recevoir ses amis. Aidé du valet Flood, Utterson enfonce la porte et trouve le corps sans vie de Hyde qui vient d'avaler du poison. Jekyll reste toutefois introuvable. Le mystère ne s'éclaircit vraiment qu'au tout dernier chapitre de la nouvelle, lorsque le notaire lit la confession de Jekyll et découvre, en même temps que le lecteur, que Jekyll et Hyde ne faisaient qu'un. Jekyll explique les motifs de ses recherches, l'apparition de Hyde et ses méfaits, puis l'impossibilité de se procurer les produits nécessaires au breuvage lui permettant de redevenir Jekyll, d'où la décision de se suicider pour tuer « la bête ».
La psychologie des personnages
Stevenson s'inspire du thème du double, du Doppelgänger cher aux romantiques allemands, en l'associant à la notion d'inconscient. Par ailleurs, la question de la responsabilité de l'homme face au mal rejoint aussi une réflexion religieuse et philosophique beaucoup plus ancienne et toujours d'actualité, ce qui explique sans doute en partie la popularité de cette œuvre depuis un siècle et demi. Le docteur Jekyll est conscient de son combat intérieur entre le bien et le mal et tente de les séparer. Chez lui, le mal se manifeste essentiellement en actions violentes et irraisonnées sur des enfants ou des vieillards, mais il est clair que Stevenson dénonce l’hypocrisie de la société victorienne de son époque : la dépravation de la classe aisée, derrière une façade de respectabilité et de convenances strictes. Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le roman Le Portrait de Dorian GrayDorian Gray, un dandy qui mène une vie dissolue, commande un portrait de lui. Il constate peu à peu que le visage du tableau vieillit et porte les signes de sa déchéance morale, tandis que lui-même conserve sa jeunesse. qu'Oscar Wilde écrit pratiquement à la même époque. Comme chez le docteur Jekyll, le mal et le bien cohabitent dans le même individu mais parviennent à être isolés, afin de sauvegarder les apparences.
Auteur : Bernard Loyal