Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736)
Un enfant doué mais fragile
Giovanni Battista PergolesiSon vrai nom est Giovanni Battista Draghi. Pergolesi vient du nom de la ville de ses ancêtres : Pergola. (dit Pergolèse en français) est né en 1710, en Italie - à Jesi - dans une famille modeste. Il est malheureusement d’une santé très fragile, tout comme ses frères et sœurs qu’il perd encore enfant. Touché par son talent et sa précocité, un noble de sa ville lui offre une bourse qui lui permet de suivre des études musicales de haut niveau : il devient un excellent violoniste et se fait également remarquer par ses professeursDominico Di Matteis en violon, Gaetano Greco et Francisco Durante pour la composition pour ses compositions.
Une brève carrière
Après ses études, Pergolesi obtient successivement d’importantes fonctions à Naples : tout d’abord maître de chapellefonction qui consiste à composer et souvent diriger ses œuvres et à enseigner du prince de Stigliano (écuyer du vice-roi de Naples), puis maître de chapelle suppléant de la chapelle royale de Naples. Son dernier poste sera celui de maître de chapelle du duc de Maddaloni. On lui commande des opéras, des intermezzi et de la musique sacrée. Mais sa santéIl semblerait qu’il souffre de tuberculose et d’une malformation physique. l’oblige à se retirer dans le monastère de Pozzuoli alors qu’il n’a que 26 ans. Pergolesi n’a donc eu que peu de temps pour composer. Il meurt cette même année et son œuvre est le fruit de moins de six ans de création.
Une renommée posthume
Disparu trop tôt pour connaître une grande renomméeIl était en fait principalement connu en Italie et particulièrement à Naples bien sûr, où il avait su attirer un public nouveau en écrivant une partie de ses opéras en napolitain. de son vivant, sa mort précoce et son destin tragique suscitent un engouement du public pour le compositeur et son œuvre. L’Europe entière découvre son écriture délicate, expressive et novatrice. Sa renommée posthume est telle qu’une multitude d’œuvres d’autres compositeurs lui sont attribuées à des fins commerciales. Les musicologues ont eu fort à faire pour trier le vrai du faux, et permettre de reconnaître les œuvres qu’il a réellement composées.
Un représentant de l’école napolitaine
Pergolesi est un compositeur du « baroque tardif »Le style baroque s’étend sur une très longue période allant approximativement de 1600 à 1750, et correspond schématiquement à la construction progressive d’un langage musical novateur (affirmation des tonalités majeures/mineures, apparition de la basse continue...). Le baroque tardif est la période qui se situe entre 1680 et 1750 environ.. Dans le domaine de l’opéra, ses œuvres appartiennent à l’école Napolitaine. À cette époque, Naples est la troisième villeaprès Paris et Londres la plus importante d’Europe. La musique y a évolué grâce aux réflexions, aux recherches et aux innovations de compositeursL’un des premiers représentants est Alessandro Scarlatti (1660-1725), puis viennent entre autres Francesco Durante (1684-1755), Nicola Porpora (1686-1768) ou Leonardo Vinci (1690-1730) (à ne pas confondre avec son presque homonyme créateur de la Joconde !). qui partageaient une même conception de l’art. L’école baroque napolitaine est connue pour avoir parfait l’opéra dont elle a créé et séparé deux styles bien distincts : l’opera seria (au caractère et à l’argument noble et sérieux) et l’opera buffa (œuvre comique et enjouée). Pergolesi s’est distingué par son talent dans ces deux genres, et a particulièrement innové et brillé dans le style de l’opera buffa et des intermezziL’intermezzo (intermezzi au pluriel) est un intermède comique joué entre les actes d’un opera seria. Il peut également s’en émanciper et être représenté seul, comme un opéra à part entière. Sa distinction avec l’opera buffa est alors très mince. d’opera seria.
Pergolesi emploie le même style novateur d’écriture dans son répertoire vocal sacré. L’un de ses principaux objectifs est de purifier la ligne mélodique pour apporter la plus grande finesse et clarté possible au texte et à la phrase musicale. Il traduit ainsi avec force et justesse tous les sentiments et états d’âmes qui se dégagent des textes et des situations. Les trois œuvres les plus célèbres qui illustrent son talent sont l’intermezzo La Servante maîtresse (La Serva padrona en italien), ainsi que deux œuvres sacrées : le Salve Regina et le Stabat Mater, toutes deux datant de sa retraite au monastère de Pozzuoli en 1736.
La Servante maîtresse et la querelle des Bouffons
La Servante maîtresse est un intermezzo en deux actes composé en 1733, et joué entre les actes de l’opera seria Il Prigionero superbo. L’œuvre est représentée encore longtemps après la mort du compositeur : en 1752, elle est donnée à Paris en tant qu’opéra (libéré de l’environnement de l’opera seria). Près de vingt ans après sa création, elle déclenche alors en France la querelle des BouffonsEn réalité, il s’agit avant tout d’une querelle politique, la tragédie lyrique française représentant l’institution monarchique est remise en cause par les philosophes des Lumières., opposant deux conceptions de l’écriture musicale et de la mise en musique du texte : d’un côté l’écriture italienne (représentée par Pergolesi et défendue en France par RousseauÉcrivain et philosophe français, il a lui-même composé un intermède sur le modèle italien, Le Devin du village, représenté la même année que La Serva padrona.) qui privilégie la mélodie accompagnée d’harmonies simples ; d’autre part l’écriture française (représentée par Rameau) fondée davantage sur la richesse harmonique. L’époque classique va dans un premier temps donner raison à Rousseau, aux Italiens, et à Pergolesi !
Auteure : Aurélie Loyer