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La Victoire de Wellington Ludwig van Beethoven
Carte d’identité de l’œuvre : La Victoire de Wellington (ou La Bataille de Vittoria) de Ludwig van Beethoven |
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Genre | musique symphonique |
Composition | en 1813 (puis révision ultérieure par le compositeur), à Vienne |
Création | le 8 décembre 1813 à Vienne |
Forme | œuvre en deux parties : - Bataille - Symphonie de Victoire |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 6 trompettes, 3 trombones percussions : timbales, cymbales, triangle, tambour cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Une défaite napoléonienne
En cette année 1813, Napoléon voit son empire se fragiliser : après la désastreuse retraite de Russie, fin 1812, l’empereur français doit abandonner l’Espagne. Le 21 juin 1813, le duc de Wellington, à la tête de troupes britanniques, espagnoles et portugaises, remporte en effet une grande victoire sur les troupes françaises, à Vitoria, en pays basque. Beethoven accueille avec joie la défaite de son ancien héros : en se faisant sacrer empereur, Napoléon - qu’il admirait autrefois - est devenu à ses yeux un dictateur foulant aux pieds les idéaux de la Révolution française.
Durant l’été et l’automne 1813, pour fêter cet événement, Beethoven compose tout d’abord la seconde partie de cette œuvre, la Symphonie de Victoire, qu’il destine à un curieux instrument mis au point par son ami Johann Nepomuk Mälzel, le panharmoniconinstrument de musique mécanique avec soufflet et instruments de l’orchestre militaire, joué à l’aide d’un clavier. Il réécrit ensuite cette pièce pour orchestre, puis décide de lui adjoindre un autre mouvement qui le précèdera : ce sera la Bataille. La première a lieu le 8 décembre 1813 à Vienne, avec un tel succès que l’œuvre est redonnée dès le 12 décembre, soit trois jours après ! Les plus grands compositeurs et instrumentistes participent à l’interprétation de cette œuvre grandiose qui frappe les esprits par sa monumentalité. Le concert est donné au bénéfice des soldats blessés dans les combats contre les Français.
Une œuvre descriptive
Beethoven a pris soin de séparer les deux parties, auxquelles il donne des noms différents : la première partie, la Bataille, est une sorte de fantaisie. La seconde partie, la Symphonie de Victoire, présente une série de variations sur l’hymne britannique God Save the King.
Dans le premier mouvement, le compositeur présente distinctement les deux camps : d’abord les préliminaires de la bataille, au cours desquels le camp anglais fait entendre des roulements de tambours suivi des trompettes, avant que ne soit entendu le thème Rule Britannia. Le camp français se présente ensuite de la même manière : tambours et trompettes, puis le thème de Marlborough s’en va en guerre (et non La Marseillaise, chant révolutionnaire que Beethoven refuse d’associer au tyran Napoléon…). Enfin vient le temps de la bataille proprement dit : les trompettes se répondent avant l’assaut lui-même, durant lequel retentissent pas moins de 193 coups de canon ! Le tempo devient plus pressant, de l’allegro jusqu’au presto, avant que le thème français ne se fasse entendre une dernière fois, comme disloqué, détruit.
Vient ensuite la Symphonie de Victoire : une introduction fait entendre les trompettes suivies d’une fanfare joyeuse qui éclate dans un mouvement rapide - une sorte de marche militaire très enlevée - indiqué allegro con brio. Puis est entendu non plus le Rule Britannia du premier mouvement, mais le solennel God Save the King : d’abord décliné lentement et comme murmuré, avec l’indication andante grazioso, il est interrompu par la fanfare qui reprend. L’hymne God Save the King est ensuite à nouveau entendu, cette fois tempo di minuetto puis sous forme fuguéeavec des éléments thématiques se répondant et allegro, dans un grand crescendo marqué par le retour des instruments présents au début du premier mouvement (grosse caisse, triangle et cymbales).
Auteur : Bruno Guilois