Gregory Porter (1971-)
Découvert à l’orée de la quarantaine, Gregory Porter s’est imposé en peu de temps comme une des grandes voix masculines afro-américaines du jazz et de la soul, dont l’authenticité tient, notamment, à son ancrage personnel dans le gospel et le blues dès le plus jeune âge.
Des débuts impromptus dans le chant
Né en novembre 1971 à Sacramento (Californie, États-Unis), avant-dernier d’une famille de six enfants, Gregory Porter grandit à Los Angeles, élevé par une mère seule, pasteure dans une église pentecôtiste dont les chants constituent pour lui un véritable berceau musical. Il fait l’expérience de son talent dès son plus jeune âge, en interprétant en public le gospel « Something Beautiful š. À partir de huit ans, il vit avec sa famille à Bakersfield, bourgade rurale du sud de la Californie où la tradition du Southern Gospel est forte. Son enfance est marquée avant tout par le gospel (Mahalia Jackson, Mississippi Mass Choir, James Cleveland…) mais aussi le jazz, le blues et la soul, avec un attrait tout particulier pour les voix, de Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Sam Cooke, Luther Vandross, Stevie Wonder et Michael Jackson. Il développe son goût du chant de manière autodidacte. Étudiant à la San Diego State University (1994-95), alors qu’une blessure met un terme prématuré à une carrière de footballeur, il s’essaye à chanter du jazz dans les clubs locaux en public et compose ses premières chansons. Par l’entremise du saxophoniste Kamau Kenyatta, il participe de manière impromptue en 1998 à l’enregistrement d’un titre sur un disque hommage à Nat « King » Cole du flûtiste Hubert Laws. Peu après, il intègre la troupe de la comédie musicale It Ain’t Nothin’ but the Blues, avec laquelle il part en tournée et se produit à Broadway. En 2004, il est lui-même l’auteur de Nat « King » Cole and Me : A Musical Healing, pièce aux résonances autobiographiques présentée à Denver et Houston, qui s’inspire de la fascination qu’il avait développée enfant pour le pianiste chanteur au point de l’ériger en figure paternelle de substitution.
Un talent confirmé à l’international
Désireux de mener une carrière de chanteur à part entière, il s’installe à New York où, en 2005, à la faveur d’une jam session avec le batteur Ali Jackson, il obtient un engagement avec Wynton Marsalis et le Jazz at Lincoln Center Orchestra. Travaillant à assimiler les standards et à développer sa culture du jazz vocal, il se produit de manière hebdomadaire au St. Nick’s Pub à Harlem, où il fait la connaissance des membres de son futur groupe et élabore le répertoire de son premier album, Water, paru en 2010.
Porté par la popularité d’une chanson, « 1960 What ? », qui renvoie à la période troublée de la lutte pour les droits civiques, le succès d’estime de ce disque débouche sur la parution de l'album Be Good, l’année suivante, qui est salué comme l’avènement d’une nouvelle voix masculine majeure dans le monde du jazz, qui n’avait pas connu pareil engouement depuis plusieurs décennies. S’inscrivant dans la continuité de chanteurs comme Andy Bey, Leon Thomas ou Kurt Elling, qu’il rappelle parfois par le timbre ou les intonations, Gregory Porter se distingue par une voix de baryton chaleureuse, une expression mature et assurée, dont le vibrato léger rappelle parfois l’ancrage originel dans le gospel. Mais ses talents de compositeur et parolier, qui se révèlent dans des chansons à dimension intime ou sociale aux accents soul, incitent à le rapprocher aussi de figures telles que Donny Hathaway, Bill Withers, Gil Scott Heron ou Abbey Lincoln pour lesquelles il ne cache pas son admiration. La parution d’un troisième album, Liquid Spirit (2013) confirme que son talent a accédé, en peu d’années, à une reconnaissance internationale.
Auteur : Vincent Bessières
(mise à jour : août 2013)