Géraldine Laurent (1975-)
Saxophoniste alto et compositrice, Géraldine Laurent se distingue par un langage musical intimement ancré dans l’histoire du jazz. Héritière des grands musiciens africains-américains, de Sonny Rollins à Charlie Parker en passant par John Coltrane, c’est une improvisatrice remarquable et une leader confirmée.
Formation et reconnaissance
Née en 1975 à Niort dans une famille mélomane, Géraldine Laurent suit d’abord une formation de piano classique au conservatoire municipal, avant de découvrir le jazz à l’âge de douze ans avec Robert Boillot et Floris Nico Bunik. Elle adopte le saxophone alto, un instrument qui fonctionne entre autres comme un prolongement de sa voix. Un Diplôme d’études musicales et un DEUG de musicologie de l’université de Poitiers en poche, elle commence à se produire sous son nom à Paris. En 2005, Géraldine Laurent se fait remarquer avec son premier groupe, le Time Out Trio, avec Yoni Zelnik à la contrebasse et Laurent Bataille à la batterie. À partir de cette époque, et à la suite d’un « buzz » médiatique, elle acquiert une importante et constante reconnaissance publique. Les journalistes saluent en elle un mélange harmonieux de tradition et de modernité, de fougue et de précision, d’urgence et de calme.
Une musicienne active
De 2007 à 2019, Géraldine Laurent publie cinq albums en tant que leader. Avec quatre formations différentes, elle rend hommage aux grands de l’histoire du jazz (Around Gigi, 2010 ; Looking for Parker, 2013) et compose son propre répertoire. Le trio initial (Time Out Trio, 2007) évolue en quartette dans At Work (2015) et Cooking (2019), avec Paul Lay au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie. Les deux albums sont produits par le pianiste Laurent de Wilde. Parallèlement, Géraldine Laurent joue dans différentes formations en tant que sidewoman (Aldo Romano, Terez Montcalm, Jacques Mahieux) et participe à des projets transdisciplinaires, notamment en danse et théâtre. Par ailleurs, si on peut l’identifier à un jazz plutôt classique (au moins formellement), elle n’hésite pas à collaborer avec des artistes issus d’autres familles musicales.
Un jazz vivant
Par son esthétique, son goût pour la forme standard et le choix de l’instrument iconique du jazz, Géraldine Laurent s’inscrit dans les pas des grands jazzmen be-bop et hard bop des années 1950-1960. De cette époque elle a gardé la pratique de solos amples, une appétence pour le swing, et l’inscription de la musique et du corps dans la musique. Valeurs cardinales du jazz, l’improvisation et l’interplay sont placés au centre de ses créations. Dans le prolongement de la tradition, elle a développé une voix personnelle mise au service du dialogue collectif. Caractérisé par une grande solidité, son jeu est à la fois incisif et fluide, véloce et flamboyant. Maîtrisant parfaitement le langage du jazz, Géraldine Laurent fait partie de ces musicien(ne)s qui savent le rendre vivant.
Auteure : Raphaëlle Tchamitchian
(mai 2020)