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L’Apprenti sorcierPaul Dukas
Carte d’identité de l’œuvre : L’Apprenti sorcier de Paul Dukas |
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Genre | musique symphonique : poème symphonique (d’après une ballade de Goethe) |
Composition | en 1897 à Paris |
Création | le 18 mai 1897 à la Société nationale de musique à Paris, sous la direction de Paul Dukas |
Forme | scherzo symphonique en un seul mouvement |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 1 clarinette basse, 3 bassons, 1 contrebasson cuivres : 4 cors, 2 trompettes, 2 cornets à pistons, 3 trombones percussions : timbales, cymbales, triangle, grosse caisse, glockenspiel cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
La genèse de l’œuvre
Paul Dukas s’essaie à travers cette œuvre au poème symphonique, genre apparu dans le milieu de XIXe siècle dans lequel la composition est directement liée à un thème, un personnage, une légende ou un poème, etc. Avide de littérature, Dukas s’inspire d’une ballade de Goethe contant l’aventure d’un jeune sorcier dépassé par la magie qu’il utilise. Créée le 18 mai 1897 à Paris sous sa direction, l’œuvre baptisée Scherzo symphonique, connaît un succès fulgurant. L’adaptation de Walt Disney dans Fantasia (1940) a encore amplifié sa popularité. L’Apprenti sorcier fait partie de ces œuvres devenues plus célèbres que leur propre créateur.
Le poème de Goethe
La ballade de Goethe, écrite en 1797, est composée de quatorze strophes.
Une fois son maître parti, un apprenti sorcier ensorcèle un balai et lui confie sa corvée de remplir le bassin d’eau. Il est tout d’abord fort satisfait que son tour fonctionne mais ne connaît pas la formule permettant d’arrêter le balai. Pris de terreur et de colère face à l’inondation qui s’annonce, il saisit une hache et frappe violemment le balai qui se rompt en deux morceaux. Mais chacun des deux morceaux se relève et reprend inlassablement le remplissage du bassin. L’apprenti est dépassé, les eaux submergent l’atelier jusqu’au retour du maître qui met fin au sortilège. Un an avant la publication de Faust, ce poème traduit la morale de son auteur, faite d’acceptation des limites et de mise en garde contre le déchaînement du démoniaque
Michel Chion, Le Poème symphonique et la musique à programme, Fayard, 1993. En voici les deux premières strophes transposées musicalement dans l’introduction du poème symphonique :
Hat der alte Hexenmeister
Sich doch einmal wegbegeben !
Und nun sollen seine Geister
Auch nach meinem Willen leben.
Seine Wort und Werke
Merkt ich und den Brauch,
Und mit Geistesstärke
Tu ich Wunder auch.
Walle ! Walle !
Manche Strecke,
Daß, zum Zwecke,
Wasser fließe
Und mit reichem, vollem Schwalle
Zu dem Bade sich ergieße.
Le vieux sorcier n’est plus là
Cette fois il est bien parti !
Cette magie qu’il m’interdisait
Est enfin à ma portée.
Je vais pouvoir essayer
De faire obéir les esprits,
Jeter des sorts, jouer avec les maléfices !
Je vais montrer tout mon art !
Flots ! Flots !
En avant,
Répandez-vous,
Ne vous ménagez pas !
Eau jaillissante du ruisseau
Viens remplir et éclabousser le bassin.
Le Scherzo symphonique
Magicien de l’orchestration, Dukas utilise un orchestre lui offrant une grande palette de couleurs instrumentales. L’envahissement par les eaux et l’effroi de l’apprenti offrent au compositeur l’occasion de libérer toute la puissance de cet l’orchestre et de créer un véritable kaléidoscope de timbres.
Tout en s’appuyant sur le texte de Goethe, Paul Dukas structure son poème symphonique à la manière d’un mouvement de symphonie. Quatre thèmes principaux apparaissent : après l’introduction, le premier est exposé par les bassons et évoque l’animation du balai, le second le ruissellement de l’eau et la magie, le troisième la satisfaction de l’apprenti. À la fin de la partie centrale, la destruction du balai articule la réexposition du premier thème, mais cette fois repris en duo par le basson et la clarinette (doublée à la clarinette basse). Le dernier thème, celui de l’incantation du sorcier, n’apparaît qu’avec le retour du maître de la ballade de Goethe, juste avant la coda.
En résumé
Zoom sur | Le basson qui expose le thème du balai : | |
La forme | Correspondances entre histoire et musique : | |
Évocation de l’univers de la magie. Naissance de l’idée de l’apprenti. Commande au balai. |
Introduction | |
Le balai s’anime, mais l’apprenti, tout d’abord réjoui, ne parvient pas à l’arrêter. Terreur et colère de l’apprenti qui détruit le balai à coup de hache. |
- Thème du balai qui s’anime - Thème de l’apprenti Appels des cuivres, accords violents. |
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Les deux morceaux de balai se relèvent et reprennent obstinément leur travail. Retour du maître. |
- Reprise du thème du balai par deux instruments - Travail sur le thème de l’eau, mêlé aux appels des cuivres Thème du sorcier Accords fortissimo |
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Retour du calme et de l’atmosphère initiale | Reprise de l’introduction Brusque conclusion |
Auteure : Aurélie Loyer