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Le Chant du Rossignol Igor Stravinski
Carte d’identité de l’œuvre : Le Chant du rossignol de Igor Stravinski |
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Genre | musique symphonique : poème symphonique (d’après son opéra Le Rossignol, sur un livret de Stéphane Mitousoff inspiré du conte Le Rossignol et l'empereur de Chine d’Andersen) |
Commanditaire | Serge Diaghilev |
Composition | en 1917 (1914 pour l’opéra) |
Création | version de concert : le 6 décembre 1919 à Genève, par l’Orchestre de la Suisse Romande sous la direction de Ernest Ansermet version de ballet : le 2 février 1920 à l’Opéra de Paris, par les Ballets russes de Diaghilev sur une chorégraphie de Léonide Massine et des costumes et décors de Henri Matisse |
Forme | œuvre symphonique en trois sections enchaînées : 1. Fête au palais de l’empereur de Chine 2. Les Deux Rossignols 3. Souffrance puis guérison de l’empereur de Chine |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 petite clarinette, 2 bassons cuivres : 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, cymbales, triangle, grosse caisse, caisse claire, tambourin, tam-tam, célesta claviers : 1 piano cordes pincées : 2 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Genèse
Le Chant du rossignol est un poème symphoniqueLe poème symphonique est un genre musical qui apparaît au XIXe siècle. Généralement formé d’un seul mouvement, il repose sur un texte littéraire, philosophique ou pictural. composé par Stravinski en 1917. Il est extrait des actes II et III de son premier opéra : Le Rossignol. Sur un livret de Stéphane Mitousoff d’après le conte Le Rossignol et l’empereur de Chine d’Andersen, Le Rossignol est un opéra en trois actes, créé le 26 mai 1914 à l’Opéra de Paris au cours de la saison organisée par Serge de Diaghilevfondateur des Ballets russes. Le poème symphonique Le Chant du rossignol a été composé à la demande de Diaghilev, qui voulait faire une adaptation chorégraphique de l’opéra de Stravinski. L’œuvre est jouée en concert le 6 décembre 1919 à Genève, sous la direction d’Ernest Ansermetchef d’orchestre suisse, et l’adaptation chorégraphique est ensuite réalisée le 2 février 1920 à l’Opéra de Paris. George Balanchinechorégraphe et maître de ballet des Ballets russes reprit le ballet avec une nouvelle chorégraphie à Paris en 1925.
L’argument
Le poème symphonique débute dans le palais de l’empereur de Chine, où le rossignol est invité à chanter. Au son d’une marche chinoise, l’empereur fait son entrée, accompagné de ses serviteurs, et lorsque l’oiseau entonne son chant, le souverain est ému aux larmes. Au même moment, l’empereur du Japon fait porter par trois envoyés un présent au palais : un rossignol mécanique. Alors que l’oiseau artificiel fait entendre son chant à la cour, le vrai rossignol préfère s’éclipser discrètement.
Quelque temps plus tard, l’empereur de Chine, malade, gît dans son lit, à côté de la Mort qui s’est emparée de sa couronne. Il souhaite trouver un peu de réconfort dans la musique mais le rossignol mécanique, fortement endommagé, ne fonctionne plus. Le vrai rossignol revient alors, et, grâce à son chant, charme la Mort qui disparaît.
Déroulé du poème symphonique
Fête au palais de l’empereur de Chine
C’est l’effervescence au palais avant l’arrivée de l’empereur. Pour caractériser la fébrilité qui règne, Stravinski utilise les instruments aigus faisant preuve d’agilité (flûte piccolo et petite clarinette) et multiplie les effets de jeu dans un mouvement rapide (presto) : trilles des bois, glissandos du piano et des harpes, traits rapides montants et descendants... En même temps, il rappelle que l’action se situe en Chine en usant de mélodies pentatoniquesLa gamme pentatonique est une gamme aux sonorités orientales, constituée de cinq hauteurs de son. et du timbre particulier du célesta, à connotation orientale.
L’intervention humoristique des trombones seuls, sur un motif accentué molto pesante, annonçe l’arrivé de l’empereur. Celui-ci fait son entrée, accompagné de ses serviteurs, au son d’une marche chinoise. Dès les premières mesures, l’effet de marche est donné par un rythme à deux temps, opposant un son grave et un son aigu. Mais Stravinski parodie la scène en rendant la marche « boiteuse » par un deuxième pas à contre-temps !
Cette marche chinoise peut se diviser en trois parties. La première partie fait entendre un thème au basson, thème pentatonique évoquant encore une fois la Chine.
Ce thème est ensuite repris en variation à la flûte, puis au célesta, dont le timbre associé à celui du tam-tamLe tam-tam est un instrument à percussion en métal, ressemblant au gong. La différence avec celui-ci est que le tam-tam émet un son indéterminé. accentue encore plus le caractère oriental de la section.
Une deuxième partie introduit un nouveau thème également pentatonique, d’abord aux bassons, puis repris par les trompettes, comme une fanfare.
Enfin, la troisième partie réexpose les deux thèmes. La marche s’emballe jusqu’à un tutti fortissimo, puis le cortège de l’empereur se disloque dans les dernières mesures, avec une ultime évocation du premier thème aux bassons.
Les Deux Rossignols
Une cadencepartie plus ou moins improvisée d’une œuvre, destinée à mettre en valeur la virtuosité d’un soliste virtuose de la flûte commence cette nouvelle section en évoquant le chant de l’oiseau.
Tout participe à plonger l’auditeur dans le monde du rêve et de la féérie :
- l’absence de soutien dans le registre grave
- la sonorité feutrée rendue par le jeu des cordes avec sourdine et l’utilisation des harmoniquesnotes obtenues en effleurant la corde avec le doigt
- le tempo qui s’étire
- les nombreux points d’orgueprolongation indéterminée de la note ou du silence, ce qui a pour effet de suspendre temporairement le tempo
Mais le soudain retour du thème de la partie introductive dans le mouvement presto nous ramène à la réalité du palais et annonce l’arrivé de l’oiseau mécanique.
À l’opposé du chant aérien et féérique du vrai rossignol, celui de l’oiseau mécanique est accompagné par une pulsation régulière et un motif invariable évoquant la machine : note tenue (qu’on appelle « pédale ») des cordes graves, motif mélodico-rythmique inlassablement répété (qu’on appelle « ostinato ») à la harpe, ponctuation régulière du célesta... Pour caractériser le chant de l’oiseau, Stravinski utilise le hautbois, dont le timbre plus aigre contraste avec celui de la douce flûte qui évoquait précédemment le vrai rossignol.
Finalement, le retour de la marche chinoise accompagne la sortie de l’empereur, tandis qu’une mélodie mélancolique jouée à la trompette évoque la disparition du vrai rossignol.
Souffrance puis guérison de l’empereur de Chine
L’intervention soudaine des cuivres sur un motif inquiétant molto ritmico annonce la maladie du souverain et la présence de la Mort. Basson, trombone et tuba entament un thème de procession funèbre, entrecoupé de bribes du chant du rossignol mécanique, désormais inutilisable.
Le vrai rossignol fait alors son retour, et son chant s’étire à la flûte dans un tempo de plus en plus lent et calme, combiné à l’extinction progressive des autres instruments : la Mort, charmée, disparaît. Un bref retour du thème de la Marche chinoise évoque la guérison de l’empereur, alors que l’œuvre se termine tranquillement, dans une nuance pianissimo, sur un chant mélancolique de la trompette (précédemment énoncé dans la deuxième section).
L’essentiel
- Le Chant du rossignol est une adaptation chorégraphique d’un opéra d’Igor Stravinski, intitulé Le Rossignol.
- L’œuvre a été commandée par Serge de Diaghilev, figure emblématique des Ballets russes.
- Serge de Diaghilev a travaillé avec Igor Stravinski à maintes reprises pour la musique de ses ballets, notamment pour Le Sacre du printemps, Petrouchka, ou encore Pulcinella.
Auteure : Anaïs Rambaud
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Collections du musée
Morceaux choisis : l’oiseau
Une sélection par le détail d’œuvres du Musée de la musique sur le thème de l’oiseau.