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Shéhérazade, ouverture de féérie Maurice Ravel
Carte d’identité de l’œuvre : Shéhérazade, ouverture de féérie de Maurice Ravel |
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Genre | musique symphonique |
Composition | en novembre 1898 à Paris |
Création | le 27 mai 1899 à la Société nationale de musique à Paris, sous la direction de Maurice Ravel |
Forme | pièce en un seul mouvement, découpé en une introduction, trois parties et une coda |
Instrumentation | bois : 1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 3 bassons, 1 sarrussophone (contrebasson) cuivres : 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, 1 tuba contrebasse percussions : timbales, triangle, tambour de basque, grosse caisse, cymbale, tambour, gong, célesta cordes pincées : 2 harpes cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition et de création
Fasciné par l’Orient depuis l’enfance, Maurice Ravel est encore au conservatoire lorsqu’il décide d’écrire un opéra basé sur les Mille et Une Nuits. Seule l’ouverture voit le jour, achevée en 1898 et jouée en public pour la première fois six mois plus tard. Dans la salle, les sifflets et les acclamations se mêlent. La critique qualifie l’ouvrage de gauche démarquage de l’école russe
(Ravel ne cache d’ailleurs pas son influence). Pire encore, elle affirme entendre du Rimsky tripatouillé par un debussyste jaloux d’égaler Érik Satie...
. On peut lire encore que Ravel a du talent, certes, mais qu’il aurait davantage dû émuler Beethoven
... Le jeune homme fait son autocritique, reconnaît que dans cette œuvre, qu’il estime mal construite, il aurait quelque peu abusé de la fameuse gamme par tons, celle qui colore facilement les mélodies d’un Orient convenu. Ne remportant pas le succès escompté, cette Shéhérazade, ouverture de féerie ne sera publiée qu’en 1975, bien après la mort du compositeur. Ravel ne reprendra pas la partition mais, sur ce même thème, il met en musique trois poèmes de Klingsor, trois morceaux réunis sous le titre de Shéhérazade (1903).
Caractéristiques de l’œuvre
La note de programme fournie lors de la première représentation, un texte attribué à Ravel, fait état d’une construction classique. Celle-ci débute par une introduction, où le thème de Shéhérazade est immédiatement joué par le hautbois solo, dialoguant avec les flûtes. Mélismatique, cette mélodie évoque un Orient mystérieux, intime.
L’idée de mélodie ondoyante est ensuite reprise par les cordes, puis le thème revient aux cuivres, et l’introduction s’achève dans un crescendo marqué par la brillance des trompettes. Commence alors l’ouverture proprement dite, développée en trois parties :
- Succédant au fortissimo de la fin de l’introduction, la première partie s’installe pianissimo (mais dans un mouvement animé de marche), avec une mélodie jouée au hautbois usant de chromatismes et de secondes augmentées – un intervalle qui rappelle les gammes orientales.
- Le seconde partie fait entendre une « mélodie persane » selon Ravel, plus calme et très douce, initiée à la flûte et soutenue par un fond sonore délicat des cordes en sourdines.
- La troisième partie développe les deux mélodies présentées précédemment, parfois même les superpose.
Puis le retour de l’introduction vient clore l’ouverture.
Tout au long de l’œuvre, Ravel use de fréquentes ruptures de tempos : la musique oscille entre retenue et exubérance, traversée ici et là par des bribes du thème initial de Shéhérazade. En fin orchestrateur, le compositeur enrobe sa partition de la féérie des harpes, du mystère du hautbois et des percussions « exotiques » variées (tel le tambour de basque), tout comme du suraigu perçant des petites flûtes. Cet orchestre fourni offre un Orient idéalisé à l’auditeur durant 13 minutes.
Auteure : Sylvia Avrand-Margot