Airelle Besson (1978-)
Trompettiste, compositrice et arrangeuse, Airelle Besson s’est fait remarquer sur la scène du jazz européen contemporain pour son jeu clair et puissant, virtuose mais jamais démonstratif, au service de l’émotion et de la musicalité. Formée en classique et en jazz, elle dit être influencée par Bach comme par Keith Jarrett, Chet Baker ou Stan Getz. Lauréate en 2015 des prix Django-Reinhardt de l’Académie du jazz et des Victoires du jazz dans la catégorie « Révélation instrumentale française de l’année », Airelle Besson est aussi bien une sidewoman demandée qu’une leader et compositrice affirmée.
Une musicienne précoce
Née le 23 mars 1978 à Paris, Airelle Besson se passionne dès l’âge de quatre ans pour la trompette, et attend d’avoir sept ans pour commencer à en jouer. À l’adolescence, poussée par son père, elle choisit l’école à la maison pour placer au centre de son cursus l’étude de la musique. En plus de la trompette, elle apprend le violon et suit une double formation, classique et jazz. Après être passée par différents conservatoires municipaux, elle entre à l’université Paris-Sorbonne en musicologie et intègre le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dont elle sort avec le premier prix de jazz. Le tournant définitif vers cette musique se fait à l’occasion d’un stage au festival de jazz de Cluny (Jazz Campus en Clunisois) auprès du trompettiste Jean-François Canape.
Entre électronique et acoustique
Au sortir du conservatoire, Airelle Besson s’associe avec le saxophoniste Sylvain Rifflet pour créer et co-diriger Rockingchair, un quintet aux couleurs rock et électronique. Actif pendant une dizaine d’années, le groupe sort deux albums salués, Rockingchair (2007) et 1:1 (2011). En 2014, Airelle Besson transforme sa collaboration amicale de longue date avec le guitariste Nelson Veras en duo acoustique poétique avec l’album Prélude (Naïve Records). Le disque obtient un très grand succès, et les deux musiciens sillonnent les scènes européennes pendant plusieurs années.
Entre petit et grand orchestre
En 2016, Airelle Besson crée son propre quartet avec Isabel Sörling (voix), Benjamin Moussay (claviers) et Fabrice Moreau (batterie). Très bien accueilli tant par la presse que par le public, leur premier album, Radio One (Naïve), est un régal de force, d’équilibre et de limpidité. Toute la puissance mélodique des compositions d’Airelle Besson ainsi que son talent pour harmoniser les voix s’y déploient avec élégance. Parallèlement à la préparation de leur second album (prévu pour 2021), elle se consacre à la composition et à l’arrangement. Diverses commandes et résidences l’ont amenée à imaginer des créations hybrides pour grands orchestres, entre classique et jazz.
Tout au long de son parcours, Airelle Besson a aussi joué dans des groupes dirigés par d’autres, de l’orchestre de femmes Rumbanana pendant les années 1990 aux ensembles du pianiste Édouard Ferlet, en passant par une apparition dans le Liberation Music Orchestra de Charlie Haden et Carla Bley en 2006. Signalons enfin ses duos avec Vincent Ségal et Lionel Suarez, qui tournent encore, ainsi qu’un trio avec les allemands Sebastien Sternal et Jonas Burgwinkel.
Dans toutes ces formations comme dans ses propres groupes, Airelle Besson se distingue par sa capacité à dire beaucoup en peu de notes ; dans son jeu, légèreté et délicatesse s’élèvent au-dessus d’une rigueur toute classique. Habité par un souci de la précision et de la justesse (du discours), son style compte parmi ce que le jazz français a de meilleur à offrir.
Auteure : Raphaëlle Tchamitchian
(Mai 2020)