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Les Pêcheurs de perles Georges Bizet
Carte d’identité de l’œuvre : Les Pêcheurs de perles de Georges Bizet |
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Genre | opéra |
Librettistes | Eugène Cormon et Michel Carré |
Langue du livret | français |
Composition | d’avril à août 1863 |
Création | le 30 septembre 1863 au Théâtre-Lyrique, à Paris |
Forme | opéra en trois actes |
Instrumentation | bois : 2 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons cuivres : 4 cors, 3 cornets à pistons, 3 trombones percussions : timbales cordes : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Son premier opéra
Après des débuts plus que prometteurs, le jeune compositeur Georges Bizet connaît une période de doutes. Il rêve d’écrire un opéra mais tâtonne, hésite sur le sujet, cherche son style. Quand, à 25 ans à peine, il reçoit une commande de l’Opéra Comique, cette période de réflexion semble avoir porté ses fruits : en quelques mois seulement, il compose Les Pêcheurs de perles. L’œuvre ne fait pas l’unanimité du public, ni celle des critiques. Mais certains, comme Hector Berlioz, la défendent et ce avec clairvoyance, car cet opéra reste l’œuvre la plus jouée de Bizet après Carmen.
L’argument
L’histoire se déroule sur l’île de Ceylanaujourd’hui le Sri Lanka, au sud-est de l’Inde. Deux pêcheurs de perles et amis d’enfance, Zurga et Nadir, se retrouvent sur la plage. L’un, Zurga, est chef du village. Ils évoquent ensemble leur histoire passée et leur passion commune pour une jeune prêtresse de Candi, Leïla. À l’époque, ils avaient préféré protéger leur amitié en renonçant tous les deux à cet amour. Cependant, Nadir avait secrètement revu Leïla.
Une prêtresse voilée arrive sur la plage pour protéger les pêcheurs par son chant. Nadir reconnaît dans sa voix celle de Leïla et lui répond en chantant. Plus tard, ils se rejoignent secrètement et se déclarent leur amour. Mais le grand prêtre les surprend et les dénonce à Zurga. Celui-ci, fou de jalousie, condamne les deux amants à mort.
Seul dans sa tente, Zurga regrette finalement sa cruauté. Lorsqu’il reconnaît en Leïla la jeune femme qui lui avait un jour sauvé la vie en risquant la sienne, il revient sur sa décision et décide d’aider les deux jeunes gens. Ainsi, alors que se prépare l’exécution, Zurga met le feu au village afin de créer une diversion et couvrir la fuite des deux amants.
La Romance de Nadir
C’est le moment de l’opéra où Nadir reconnaît la voix de Leïla. Cet air est un des passages les plus célèbres de l’œuvre. Il est écrit pour une voix de ténorvoix aiguë d’homme, la voix couramment attribuée aux rôles des jeunes amants dans les opéras de cette période. La mélodie est douce et ondoyante. Elle est tellement expressive qu’on joue parfois cet air sans les paroles, un instrument remplaçant la voix. L’air est composé de deux couplets :
Je crois entendre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier !
Ô nuit enchanteresse !
Divin ravissement !
Ô souvenir charmant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
Aux clartés des étoiles,
Je crois encore la voir,
Entrouvrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir !
Ô nuit enchanteresse !
Divin ravissement !
Ô souvenir charmant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
La partition
L’air est introduit par un doux solo de cor anglais, auquel répondent les violoncelles. Ce solo installe le rythme de la mélodie qui va suivre. Bizet utilise dès le début un orchestre réduit pour souligner l’intimité de cette scène.
La mélodie de Nadir alterne des notes tenues et le balancement d’un rythme ternaire. Elle doit être chantée avec une grande douceur. L’orchestre soutient le chanteur avec délicatesse, toujours dans une nuance pianissimo, et entretient l’atmosphère intime et suave. Les violons, jouant en sourdine, doublent la mélodie, et seuls deux violoncelles répondent au chant.
Le mouvement général de la mélodie est ascendant. La note la plus aiguë arrive à la fin du couplet, après un crescendo et un élan rythmique, et est soulignée par un point d’orguesigne indiquant au musicien qu’il peut prolonger la note avec assez de liberté. Celui-ci vient interrompre en partie l’élan : Bizet illustre ainsi musicalement la contradiction entre l’amour de Nadir pour Leïla et l’interdit imposé par sa promesse à Zurga. L’ensemble crée un moment de grande expressivité.
Le deuxième couplet est construit sur les mêmes éléments que le premier. Bizet lui donne une plus grande intensité, mais toujours contenue. Le timbre des violons en sourdine est remplacé par l’association de la flûte avec le cor anglais. Les réponses des violoncelles sont doublées par les altos. Un nouvel élément rythmique, joué aux violons, vient ornementer la mélodie.
Auteure : Aurélie Loyer