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Métaboles Henri Dutilleux
Carte d’identité de l’œuvre : Métaboles de Henri Dutilleux |
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Genre | musique symphonique |
Commanditaire | George Szell, chef de l’Orchestre de Cleveland, pour le quarantième anniversaire de l’orchestre |
Composition | entre 1962 et 1964 |
Création | le 14 janvier 1965 à Cleveland (États-Unis), par l’Orchestre de Cleveland sous la direction de George Szell |
Forme | œuvre en cinq parties : 1. Incantatoire 2. Linéaire 3. Obsessionnel 4. Torpide 5. Flamboyant |
Instrumentation | bois : 4 flûtes (dont 2 piccolos), 4 hautbois (dont un cor anglais), 4 clarinettes (dont une clarinette basse), 4 bassons (dont un contrebasson) cuivres : 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, 1 tuba percussions : timbales, xylophone, glockenspiel, célesta cordes pincées : 1 harpe cordes frottées : violons 1 et 2, altos, violoncelles, contrebasses |
Contexte de composition
En 1959, le chef d’orchestre américain George Szell passe une commande bien particulière : il demande à dix compositeurs une œuvre pour le quarantième anniversaire de l’Orchestre symphonique de Cleveland. Dutilleux est l’un d’entre eux. Il propose de travailler sur une œuvre en sept mouvements. Mais le compositeur commence la partition seulement trois ans plus tard, et y consacre près de deux années. C’est finalement une œuvre en cinq mouvements qui est créée en janvier 1965 par le chef et l’orchestre commanditaires. Les Métaboles remportent un succès immédiat et restent aujourd’hui l’une des œuvres les plus connues de Dutilleux.
Un concerto pour orchestre
Les consignes quant à l’instrumentation sont simples mais précises : écrire tout spécialement pour la plus grande formation de l’orchestre, c’est-à-dire pour les bois et les cuivres par quatre
. Dutilleux choisit de mettre en avant dans chacune des parties une famille d’instruments, s’approchant ainsi de la forme du concerto pour orchestre :
- les bois dans la première partie ;
- les cordes dans la deuxième ;
- les percussions dans la troisième ;
- les cuivres dans la quatrième ;
- puis l’ensemble de l’orchestre dans la dernière.
Métaboles ?
Après ses deux premières symphonies, Dutilleux cherche, dès le titre de l’œuvre, à s’éloigner du cadre classique de ce genre musical. Le terme choisi, « métabole », a une double définition. Il se rattache dans la première à la rhétorique et, dans la seconde, à la biologie. Dans les deux cas, il fait référence à la métamorphose : métamorphose des mots ou des phrases, ou métamorphose d’un insecte. Dutilleux, autant attaché à la poésie qu’à la nature, a très bien pu jouer de ce double emploi. Et aux cours des cinq pièces qui constituent l’œuvre, on assiste à une mue progressive (exemple de transformation dans Incantatoire) des éléments musicaux. Parfois imperceptible, elle évolue lentement vers une véritable transformation. Dutilleux exige que la partition soit toujours jouée dans son intégralité, chaque pièce générant la suivante (exemple de lien entre deux parties).
Les cinq Métaboles
Titre des pièces | Les éléments qui se métamorphosent | D’une pièce à l’autre |
Incantatoire | Une mélodie initialement lancée comme un appel, qui évolue à chacune de ses multiples répétitions, entre lesquelles on peut entendre une mélodie évoquant une incantation. | |
Au cœur de la pièce, un thème énoncé pianissimo par les cordes annonce la pièce suivante. | ||
Linéaire | Lente mélodie qui se divise sans cesse, jusqu’à former un tissu sonore composé d’une multitude de voix. | |
Le thème de douze notes est exposé en pizz dans une « transition » où tout semble suspendu. | ||
Obsessionnel | Une série de douze notes (ici en pizz à la contrebasse), reprise obstinément, rappelant le principe d’une chaconne ; la série se « déforme » (rythme, timbres). | |
Les instruments disparaissent un par un et laissent la parole aux percussions ; une seule note résonne encore, note qui devient l’une de l’accord de Torpide. | ||
Torpide | Variations autour d’un accord de six sons, répété dans différentes dispositions et instrumentations. | |
De l’atmosphère mystérieuse, lisse et immobile de Torpide émergent progressivement tous les éléments. | ||
Flamboyant | « Synthèse » animée et puissante reprenant l’ensemble des éléments rencontrés dans les premières pièces de l’œuvre. |
Auteure : Aurélie Loyer