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Carte d’identité du standard Caravan | |
Compositeurs | Juan Tizol, arrangement de Duke Ellington |
Parolier | Irving Mills |
Année de composition | 1936 |
Premier enregistrement | Barney Bigard and his Jazzopaters, le 19 décembre 1936 |
Tonalité principale | fa mineur |
Structure musicale | thème de 64 mesures, de forme AABA |
En 1929, le tromboniste portoricain Juan Tizol rejoint l’orchestre de Duke Ellington, dans lequel il restera pendant quinze ans. Engagé pour sa technique instrumentale plus que pour ses qualités d’improvisateur, il manie aussi bien le trombone à pistons que le trombone à coulisse. Il compose également plusieurs pièces qui, arrangées par Duke Ellington, viendront enrichir le répertoire de l’orchestre : J’ai composé un grand nombre de morceaux - Admiration, Moonlight Fiesta, Pyramid, Lost in Meditation, Conga Brava, Caravan – mais je n’ai jamais eu tellement envie de faire des arrangements. Je laissais ce soin à Duke, parce qu’il connaissait bien son orchestre. Et à ce moment-là, il ne laissait personne d’autre faire les arrangements pour l’orchestre.
(Juan Tizol, cité dans Duke Ellington par lui-même et ses musiciens de Stanley Dance)
C’est ainsi qu’est né le titre Caravan : Juan Tizol le compose en 1936, puis Duke Ellington en réalise l’arrangement. Très vite, Irving Mills (éditeur de musique et imprésario de Duke) négocie les droits du thème, sur lequel il envisage d’écrire des paroles. Tizol, qui n’anticipe alors aucunement la réussite commerciale de sa pièce, cède les droits pour seulement 25 dollars ! Lorsque Caravan devient un véritable succès, Mills reversera malgré tout des droits d’auteur au compositeur. Les paroles seront chantées par Ella Fitzgerald entre autres, mais c’est la version instrumentale qui reste majoritairement jouée.
Contrairement à Tizol, Ellington a tout de suite perçu le potentiel de Caravan, dont l’exotisme musical ne peut que plaire aux habitués du Cotton Club à Harlem. Le 19 décembre 1936 à Los Angeles, le titre est enregistré pour la première fois en petit effectif par Barney Bigard (à la clarinette) et ses Jazzopaters, tous des musiciens de Duke : Cootie Williams (trompette), Juan Tizol (trombone), Harry Carney (saxophone baryton), Billy Taylor (basse), Sonny Greer (percussions) et Duke Ellington lui-même (piano). En juin 1937, Caravan entre dans les charts à la quatrième place. Un mois plus tard, l’enregistrement réalisé en mai par Ellington et son orchestre se hisse à la vingtième place.
Après ce succès, Ellington conservera toute sa vie Caravan dans le répertoire de son orchestre. Il en fera plus de 100 enregistrements, dont un réalisé quelques semaines seulement avant sa mort en 1974. De nombreux autres artistes se sont par la suite emparés du titre : Art Tatum, Thelonious Monk, Nat King Cole, Dizzy Gillespie et Oscar Peterson, Wynton Marsalis… À partir des années 1950, le morceau commence à réserver de longues plages solistes aux percussions. Il devient alors l’un des titres préférés des batteurs qui profitent de l’occasion pour s’exprimer librement à leur instrument, à l’image d’Art Blakey avec les Jazz Messengers.
Écouter le thème de Caravan, de forme AABA :
Sources principales
- BAUDOIN Philippe, notice d’œuvre
- DANCE Stanley, Duke Ellington par lui-même et ses musiciens, Éditions Filipacchi, 1976
- GIOIA Ted, The Jazz Standards : a guide to repertoire, Éditions Oxford University Press, 2012
- https://www.jazzstandards.com/compositions-0/caravan.htm
Sélection médiathèque
La médiathèque de la Philharmonie propose une sélection de CD, DVD et partitions autour du standard Caravan.