Lionel Belmondo (1963-)
Saxophoniste au son chaud, Lionel Belmondo s’est fait connaître aux côtés de son frère par sa maîtrise du hard bop. Musicien vif et pédagogue investi, il est un arrangeur doté d’une curiosité sans borne l’amenant à revisiter les pièces des plus grands compositeurs impressionnistes français. Très respectueux de ses racines et de celles du jazz, il n’hésite toutefois pas à se placer en tant qu’abolisseur de frontières.
Du Var à Paris, musique et enseignement
Né le 19 août 1963 à Hyères dans le Var, Lionel Belmondo approche la musique par le piano pour finalement s’orienter, comme son père Yvan, vers la chaleur du saxophone. Ce dernier, créateur et directeur de l’école de musique de Solliès-Toucas, lui inculque l’exigence et la rigueur musicale que l’aîné mettra à profit dès les premières occasions. En 1979, Lionel Belmondo forme le big band de l’armée de l’air lors de son service militaire et devient, trois ans plus tard, le directeur de l’école de musique du centre-Var à seulement 19 ans. Il réitère l’expérience de la grande formation instrumentale en fondant l’orchestre départemental du Var en 1985. Soucieux de faire vivre la culture sur sa terre natale, il crée l’année suivante le premier festival de jazz d’Hyères.
Au début des années 1990, il rejoint à Paris son frère Stéphane, avec qui il joue régulièrement au club Le Bilboquet aux côtés du contrebassiste Pierre Boussaguet. Au fil des rencontres, Stéphane et Lionel sont recrutés au sein de l’orchestre de Michel Legrand. La fratrie enregistre deux ans plus tard le premier disque en quintette signé de leurs noms. Ils accompagneront en 1994 la chanteuse américaine Dee Dee Bridgewater dans une tournée qui les amène du Newport Jazz Festival au Carnegie Hall à New York. Musiciens entreprenants, ils sortent la même année le deuxième disque du Belmondo Quintet, For All Friends, qui sera récompensé par le prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz.
Lionel Belmondo n’oublie pas pour autant la transmission et enseigne par la suite dans le IXe arrondissement de Paris au Conservatoire Nadia et Lili Boulanger. Ce goût pour l’enseignement se confirme en 1997 lorsqu’il prend la direction de l’IACP – Institut Art Culture et Perception – jusqu’en 2003.
Arrangements et réappropriation
Lionel Belmondo met un temps de côté l’enseignement pour se consacrer à la réalisation du disque Hymne au soleil dans lequel il arrange, avec d’autres, les œuvres de compositeurs des XIXe et XXe siècles tels que Nadia Boulanger, Maurice Ravel, Gabriel Fauré ou encore Maurice Duruflé. L’ensemble instrumental est constitué des instrumentistes du quintette auquel se joignent six musiciens de formation classique. L’album sera plusieurs fois primé aux Victoires du Jazz en 2004, et le nom du disque deviendra celui de cette formation de onze musiciens avec laquelle Lionel Belmondo enregistrera à plusieurs reprises.
En 2011, il poursuit ses investigations avec le disque Clair Obscur où les pièces d’Arnold Schönberg, Erik Satie mais aussi Bill Evans ou encore Michel Petrucciani sont mises à l’honneur. Lionel Belmondo publie la même année un disque intitulé Des clairières dans le ciel qui rassemble des enregistrements de 2007 : l’ensemble Hymne au soleil y est amplifié par le Chœur National de Lettonie, et réinterprète des œuvres d’Olivier Messiaen, Marcel Dupré, Lili Boulanger ou Gabriel Fauré. Ces initiatives illustrent la volonté de Lionel Belmondo de consolider sa contribution à la porosité des frontières entre différentes pratiques de la musique.
Cependant, le saxophoniste ne perd pas de vue ses premières influences musicales : en 2005, il invite le musicien Yusef Lateef pour interpréter des compositions et arrangements de l’Américain et des deux frères. Trois ans plus tard, Lionel Belmondo met en œuvre ses talents d’arrangeur et de saxophoniste pour réinterpréter le répertoire du chanteur brésilien Milton Nascimento avec qui il collabore. Il s’attaque ensuite au mythique enregistrement de son idole John Coltrane, A Love Supreme, qu’il retravaille et adapte pour big band avec Christophe Dal Sasso.
Lionel et Stéphane font partie de ces fratries qui laisseront un passage remarqué dans l’histoire du jazz tels les Brecker Brothers, les frères Moutin, la famille Marsalis, les trois frères Hank, Thad et Elvin Jones parmi d’autres. Par ses diverses initiatives autant musicales que pédagogiques, Lionel Belmondo propose de dépasser les clivages et de révéler les jeux d’influence qui font se rapprocher les musiques
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Auteur : Paul Albenge
(août 2019)