Stéphane Belmondo (1967-)
Issu d’une famille de musiciens, bercé par la culture méditerranéenne, Stéphane Belmondo a su dès la fin des années 1980 s’intégrer pleinement dans le paysage du jazz français. Dans la lignée de la tradition hard bop, il développe son art de la belle mélodie et du beau son au travers de nombreuses collaborations françaises et américaines.
Débuts varois et premières rencontres parisiennes
Né le 8 juillet 1967 à Hyères d’un père saxophoniste, Stéphane Belmondo débute la musique dès son plus jeune âge par la batterie et les percussions. Musicien aussi doué que curieux, il s’intéresse ensuite à l’accordéon et à ce qui deviendra son instrument de prédilection, la trompette. Il se forme dans les classes du conservatoire d’Aix-en-Provence puis dans celles du conservatoire de Marseille, mais aussi sur scène au sein du big band constitué par son frère Lionel et son père Yvan.
Jeune musicien avide de nouvelles rencontres, Stéphane Belmondo quitte le Sud de la France en 1986 pour rejoindre la capitale. Il y croise des musiciens de renom de la scène française tels que René Urtreger, Maurice Vander ou encore André Ceccarelli. Fort de ses diverses rencontres, il intègre et enregistre pour le big bang Lumière dirigé par Laurent Cugny, qui travaille alors avec l’arrangeur américain Gil Evans. Le trompettiste varois est particulièrement actif sur la scène parisienne : il se produit régulièrement au Bilboquet, joue avec le contrebassiste Pierre Boussaguet et son frère Lionel ainsi que celui qui deviendra un membre de sa famille musicale, le pianiste Jacky Terrasson. Cette collaboration lui permet d’enregistrer avec le trompettiste Tom Harrell. Au tout début des années 1990, il s’octroie une parenthèse stylistique et s’essaie au jazz fusion dans le groupe Abus mené par Pierrejean Gaucher. Il est ensuite recruté dans l’orchestre de Michel Legrand et le bref mais remarqué « Big One » de Jean-Michel Pilc.
Reconnaissance et scène américaine
En 1993, Stéphane grave avec son frère le premier disque de ce qui deviendra le Belmondo Quintet. Ils retrouvent, l’année suivante, Jacky Terrasson pour accompagner la chanteuse américaine Dee Dee Bridgewater pour une tournée américaine et participer à l’album hommage à Horace Silver, Love and Peace. C’est une période prolixe pour Stéphane Belmondo qui multiplie les projets : il accompagne le chanteur Alain Bashung et enregistre le deuxième disque du Belmondo Quintet, For All Friends, pour lequel les deux frères recevront le prix Django Reinhardt. Il part ensuite pour New-York côtoyer la scène américaine où il rencontre de nombreux artistes tels que Mark Turner ou Al Foster. Outre-Atlantique, il enregistre Enchanté ! avec Donald Brown et Billy Higgins, témoignage de son passage remarqué. À son retour à Paris en 1999, il réalise, en duo avec le guitariste Sylvain Luc, le disque Ameskery. À la même période, il publie le troisième opus du Belmondo Quintet. En parallèle de sa participation, en 2003, à la formation d’Hymne au soleil dirigée par son frère Lionel, le trompettiste repense certains morceaux du répertoire de Stevie Wonder. En résulte Wonderland, disque pour lequel il est primé aux Victoires du Jazz de 2005. Depuis, revisiter les œuvres de musiciens qui l’ont influencé devient une récurrence dans sa discographie.
Influences et réinterprétations
En 2008, c’est au répertoire du compositeur brésilien Milton Nascimento qu’il s’attellera, et en 2011 à celui de l’Américain Donny Hathaway. En 2015, il forme un trio composé du guitariste Jesse Van Ruller et du contrebassiste Thomas Bramerie : il s’applique ainsi à faire revivre la musique de son idole Chet Baker avec qui il a pu échanger quelques notes à la fin des années 1980. Entre-temps, il concrétise deux disques sous son nom sur lesquels il invite Billy Hart, Gregory Porter ou encore Sandra Nkaké. Il retrouve son frère et son père en 2013 pour former le Belmondo Family Sextet, ainsi que son compagnon de longue date Jacky Terrasson pour enregistrer en duo le disque Mother deux ans plus tard.
De son Var natal aux scènes parisiennes et new-yorkaises, Stéphane Belmondo a développé une expression singulière mettant à l’honneur ses aïeux familiaux et musicaux. Que ce soit à la trompette ou au bugle, celui que la musique a choisi conserve son intuition et son lyrisme tout au long de sa carrière.
Auteur : Paul Albenge
(août 2019)