Page découverte
- Numéro d'inventaire :
- E.76
- Facteur :
- Antonio Stradivari (1644 ou 1649-1737)
- Lieu de fabrication :
- Crémone, Italie
- Date de fabrication :
- Vers 1700
Le célèbre luthier Antonio Stradivari, dont les violons sont extrêmement réputés, s’est aussi consacré à la fabrication de toutes sortes d’instruments à cordes, guitares, violoncelles... et même de pochettes, à l’instar de ce modèle en forme de violon. Il s’agit du plus petit des violons, couramment utilisé par les maîtres de danse pour leurs leçons.
L’instrument des maîtres à danser
On trouve deux types d’explication au nom de ce violon « de poche ». Selon certain, la « pochette » serait un instrument que les maîtres de danse portaient dans leurs poches. Pour d’autres, le nom viendrait de la poche de cuir dans laquelle ces instruments étaient conservés. Certains inventaires mentionnant l’existence d’un sac de cuir avec l’instrument confirment en tout cas la réalité de ce dernier emploi. La dénomination allemande Taschengeige traduit également l’idée de « poche », le nom italien sordina renvoie au son ténu produit par cette petite caisse de résonnance, tandis que l’anglais kit pourrait désigner le « petit » du violon. Bien que l’instrument ne soit pas destiné à cet usage, il est arrivé, rarement, que les pochettes soient employées dans le cadre de certains opéras, pour obtenir une atmosphère sonore particulière.
Formes et facture
Dès le XVIe siècle, les poches étaient très répandues à Paris. Au XVIIe siècle, leurs caisses de résonance avaient le plus souvent une forme dite « en bateau », une petite tête humaine ou quelque fantaisie à la place de la volute en haut du manche, mais certaines pouvaient avoir une forme « en viole ». Les formes « en violon » apparaissent au milieu du XVIIe siècle.
Vue de l'instrument
Extrait musical
L'instrument du Musée de la musique
Histoire
Laurent Grillet rapporte dans Les Ancêtres du violon et du violoncelle (1901) que Luigi Tarisio apporta cet instrument en France et le céda à Silvestre, un luthier lyonnais qui le vendit à Louis Clapisson. Compositeur et collectionneur d’instruments, celui-ci composa pour cette pochette une gavotte qui fut jouée par Croizilles dans Les Trois Nicolas, un opéra-comique de 1858. Le Conservatoire acquit la collection de 323 instruments de Clapisson, dont cette pochette, en 1861, un an avant la création du Musée du Conservatoire. Cette pochette a été classée monument historique le 12 juin 1944. Parmi les 103 pochettes aujourd’hui conservées au Musée de la musique, celle-ci est la seule réalisée par Antonio Stradivari.
Description
En forme de violon, elle se distingue par les dimensions relativement importantes de sa caisse et sa facture extrêmement soignée. Deux formes/patrons en papier provenant de l’atelier Stradivari et aujourd’hui conservées au Museo del Violino à Crémone sont à rapprocher de cette pochette. Le fond est constitué d’une seule pièce d’érable ; la table en épicéa ou en sapin, est également d’un seul tenant. L’instrument a été modifié au cours du temps : l’étiquette est apocryphe, la touche, les chevilles, le cordier, le chevalet l’âme et la barre sont du luthier Emile Français (interventions de novembre 1942 et mai 1944). La pochette a été intégralement revernie. Vers le pied du manche, on distingue de minuscules vestiges d’un décor d’arabesques noires qui devait à l’origine orner l’ensemble des éclisses.
État de jeu
Une copie de la pochette de Stradivari, réalisée par André Chardon à Paris en 1956, a été enregistrée au musée en 2013.
Portraits de facteurs d'instruments
Antonio Stradivari
Héritier d’une tradition de luthiers crémonais qui domine la profession depuis le milieu du XVIe siècle, Antonio Stradivari est considéré unanimement depuis le XVIIIe siècle comme le plus grand des luthiers.