Page découverte
- Numéro d'inventaire :
- E.972.2.1
- Facteur :
- Anonyme
- Lieu de fabrication :
- Alsace
- Date de fabrication :
- Fin 1916
Ce violon a été construit au front pendant la Première Guerre mondiale pour René Moreau (1883-1964), musicien brancardier au 152e régiment d’infanterie, élève de Guy Ropartz au Conservatoire de Nancy.
Vue de l'instrument
L'instrument du Musée de la musique
Description
La plupart des instruments « de tranchées » sont souvent conçus en fonction des contraintes matérielles que constituent notamment l’absence de fer à ployer et de rabots. Les éclisses de ce violon n’ont pas de trace de pliure et sont donc vraisemblablement taillées dans la masse, encastrées dans la table d’harmonie et le fond. On trouve également de la peau de chèvre par endroits, probablement dû au manque de bois. Les proportions, très différentes de celles que l’on observe couramment pour les violons, suggèrent également que l’instrument n’a pas été construit par un luthier de profession qui aurait adapté son savoir-faire aux matériaux et outils disponibles sur le front.
Décor
Bien que ce violon ait toujours été entre les mains de René Moreau, violoniste dans le civil, et que celui-ci passa pour en être l’auteur, il semble que cet instrument ait plutôt été l’œuvre d’un sculpteur.
Cet instrument se distingue en effet par une ornementation extrêmement riche, reflet d’un goût pour l’esthétique Art nouveau : des feuilles de chêne sont sculptées en relief sur la table et sur le fond, ainsi que de grandes tiges végétales verticales sur le fond. La volute, quant à elle, se distingue par une fantaisie rare : elle est surmontée d’une sorte de « crête » mi-feuillage, mi-hippocampe.
Une belle histoire
On raconte que l’instrument était assez bon pour que Moreau puisse, monté sur une petite éminence, jouer la Méditation de Thaïs (Massenet), face aux tranchées ennemies. Le lendemain, de la musique se serait fait entendre en réponse chez l’adversaire, pas une balle ne rompant la trêve imposée par ces joutes musicales.