Christian Sinding (1856-1941)
Les années de jeunesse
Christian August Sinding naît en Norvège en 1856 et passe les premières années de sa vie non loin de la ville de Christiania (aujourd’hui Oslo) jusqu’à la mort de son père. Sa mère décide alors d’emmener ses trois enfants dans la capitale. Christian s’intéresse à l’art. Il peint, sculpte, et semble doué pour l’écriture. Mais c’est pour la musique qu’il fait preuve d’un réel talent. En revanche, ses résultats au collège sont désastreux... à tel point qu’il est placé chez un oncle cordonnier pour y apprendre le métier.
Premier tournant
Toujours attiré par la musique, il réussit rapidement à se faire engager comme apprenti dans une usine de pianos. Il étudie la pratique de divers instruments, puis s’en va étudier le violon à Oslo. À dix-sept ans, il part pour l’Allemagne et s’inscrit au très renommé conservatoire de Leipzig. Pourtant, un an plus tard, un de ses professeurs fait état d’un « talent musical limité ».
Second virage
Voilà le jeune homme à nouveau à Oslo, contraint de gagner sa vie en jouant dans des orchestres. Cette situation ne peut pas durer. Il retourne en 1879 à Leipzig où il étudie la composition avec le célèbre compositeur et pédagogue Carl Reinecke. Cette même année, une sonate pour violon est créée à Leipzig, et une sonate pour piano à Oslo. Œuvres de jeunesse, elles seront détruites, mais peu importe, sa carrière est lancée.
La consécration, enfin !
Sinding a vingt-quatre ans lorsqu’il commence à recevoir un soutien financier régulier de l’état norvégien. Il passe alors la plus grande partie de sa vie en Allemagne. À Munich, il découvre la musique de Richard Wagner et de Franz Liszt. Grâce à un concert donné en décembre 1885, le public et la critique sont conquis. Sinding passe les quarante années suivantes entre l’Europe centrale et la Norvège.
Sinding se marie, est nommé membre d’honneur de l’Académie royale des beaux-arts de Berlin, enseigne un temps à l’Eastman School of Music de Rochester dans l’état de New York. Il reçoit toute sa vie diverses aides financières de l’état qui lui ont permis de composer en toute sérénité, ainsi que plusieurs distinctions en reconnaissance de son travail de création.
Une ombre au tableau du vieil homme
1940. L’Allemagne envahit la Norvège. À quatre-vingt-cinq ans, Sinding, affaibli psychologiquement, s’inscrit au parti nazi norvégien dans des circonstances peu claires. Celui qui avait combattu pour le droit des musiciens juifs dans les années 1930 aurait été manipulé.
Son style, ses œuvres
Sinding écrit à son ami Frederick Delius en 1888 :
Mon Quintette a été joué de manière excellente, et je suis devenu soudainement une espèce de génie. Et les gens qui m’ont rejeté auparavant avec des moqueries se sont mis maintenant à me lécher le … avec le plus grand appétit. Je leur mettrai, à l’occasion, un coup de pied pour vous.
Après des premières années inégales, on ne compte plus les critiques positives à Leipzig, Oslo, Dresde, Londres ou aux États-Unis. Son style est peu préoccupé d’une identité nationale, à l’inverse de celui de Grieg. Identique du début à la fin de sa carrière, il se reconnaît à ses courtes phrases mélodiques, ses modulations brusques et une orchestration dans le sillage de la grandeur wagnérienne.
Auteure : Sylvia Avrand-Margot