Gioacchino Rossini (1792-1868)
Une carrière fulgurante
Gioacchino naît en 1792 à Pesaroville portuaire d’Italie centrale dans la province de Pesaro et d’Urbino, région des Marches. Enfant prodige, il joue du violon dans des orchestres de village tout en étudiant avec le Padre Mattei les œuvres de Haydn et Mozart. Il commence à composer très tôt et fait représenter son premier opéraLa Cambiale di matrimonio, un opéra bouffe vite tombé dans l’oubli à Venise en 1810 avec succès. Un autre suivra avec Le Barbier de Séville (1816) écrit en treize jours seulement, joué cette fois dans toute l’Europe. Au total, il laisse une quarantaine d’opéras écrits en dix-neuf ans, soit deux par an : L’Italienne à Alger, La Pie voleuse, Semiramide…
Rossini et la France
Arrivé à Paris en 1823, Rossini est précédé d’une belle réputation. Considéré par le vicomte de La Rochefoucauld, directeur général des beaux-arts de Charles X, comme « le premier compositeur d’Europe », Rossini est nommé directeur du Théâtre royal italien, intendant de la musique royale et inspecteur général du chant. Il devient vite incontournable dans les salons, où il rencontre des musiciens français comme Hector Berliozcompositeur, critique musical et chef d’orchestre français (1803-1869), des étrangers ayant élu domicile un temps à Paris comme Franz Lisztcompositeur, transcripteur et pianiste austro-hongrois (1811-1886), ou de passage dans la « ville lumière » comme la compositrice et remarquable pianiste Clara Schumannépouse du compositeur allemand Robert Schumann, le peintre Eugène Delacroix, les écrivains Alfred de Vigny et Victor Hugo…
Une retraite prématurée
En pleine gloire, à 37 ans, Rossini arrête de composer. Les raisons semblent multiples : l’accueil peu enthousiaste de son opéra Guillaume Tell, la fin de son contrat lors de la chute de Charles X, le succès de Meyerbeer, la paresse ou encore la superstition. Fort de sa pension du gouvernement français, il s’installe à Passy et ne compose plus que deux œuvres majeures : le Stabat Mater (1842) et la Petite Messe solennelle (1864).
Un bon vivant
S’il ralentit la production de ses activités musicales, la vie continue. Rossini donne de grandes soirées culinaires musicales où il improvise des recettes de cuisineLe tournedos Rossini, c’est lui !, mais il compose peu, mises à part de petites pièces aux titres farfelus comme Prélude hygiénique du matin ou encore Ouf ! Les petits pois, Les Anchois, Les Cornichons, Le Beurre… Quelques jours avant sa mort, il fête ses « dix-neuf ans » puisqu’il était né un 29 février. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise puis transféré à Florence selon ses volontés.
Son style
Certains lui reprochent de s’auto-plagier, ce qui n’est pas faux. Mais cette pratique était fréquente alors: Bach, Vivaldi et Mozart l’avaient fait avant lui !
Quoi qu’il en soit, Rossini a su imposer un style bien à lui, caractérisé par :
- un talent de mélodiste : à peine entendues, ses mélodies sont retenues ;
- une mise en valeur des voix par le bel cantodes mélodies enrichies d’effets vocaux brillants, qu’il continue à exploiter et dont il est l’un des plus grands adeptes au XIXe siècle ;
- une signature stylistique : l’utilisation du crescendonuance de plus en plus forte par la répétition d’une phrase musicale enrichie à chaque fois de nouveaux instruments et qui provoque un tourbillon frénétique. Ses surnoms : « il Signor Vaccarmini » et « Monsieur crescendo » !
En somme, Rossini laisse des opéras gais et séduisants.
Auteure : Sylvia Avrand-Margot