John Cage (1912-1992)
![Portrait de John Cage, photographie de Rob Bogaerts, 1988 © National Archives of the Netherlands / Anefo Portrait de John Cage, photographie de Rob Bogaerts, 1988 © National Archives of the Netherlands / Anefo](https://drop.philharmoniedeparis.fr/biographies/compositeurs/Cage-John/Portrait-de-John-Cage-photographie-de-Rob-Bogaerts-1988©National-Archives-of-the-Netherlands-Anefo.jpg)
Recommençons à zéro : bruit, silence, temps, activité.
Poète, plasticien, théoricien, philosophe, écrivain, mycologue, le compositeur américain John Cage est un personnage iconoclaste qui a profondément marqué l’art et la musique du XXe siècle en interrogeant et remettant en question les fondements mêmes des disciplines : qu’est-ce que la musique ? Qu’est-ce qu’un compositeur ? Qu’est-ce qu’une œuvre ?
Le piano préparé
Le piano préparé reste toutefois son « invention » la plus marquante. Alors qu’il doit créer l’accompagnement musical du ballet Bacchanale (1940) de Syvilla Fort, Cage ne dispose pas d’assez de place dans le théâtre pour réunir un orchestre de percussions. Il se rappelle alors les expériences pianistiques de Charles Ives et d’Henry CowellCowell invente une nouvelle technique de jeu qu’il appelle le string piano : plutôt que d’utiliser le clavier, le pianiste fait vibrer directement les cordes à l’intérieur de l’instrument par diverses manipulations (pincements, grattements, balayages...). (par exemple dans The Banshee), et insère différents objets et matièresvis, boulons, gommes, etc. dans les cordes du piano. Ce dispositif lui permet de modifier le timbre de façon imprévisible, et de proposer ainsi un orchestre de percussions pour un seul interprète. Par la suite, John Cage réitère l’expérience du piano préparé dans plusieurs œuvres telles que les Sonatas and Interludes (1949) et le Concerto pour piano préparé et orchestre de chambre (1951).
L’indétermination
Toujours à rebours de la tradition musicale occidentale, et sous l’influence des philosophies orientales, Cage considère que l’artiste ne doit pas domestiquer la musique pour produire une œuvre finie, mais au contraire laisser les sons évoluer de façon autonome, comme dans la nature. Il se refuse donc à intervenir dans le déroulement des sons et des structures. Ainsi, dès le début des années 1950, il écrit des pièces au moyen de jets de dés ou de pièces de monnaie, de carrés magiques, etc. Puis, de Music of Changes à Empty Words, Cage a recours au I Ching, un recueil d’oracles de la Chine ancienne, pour composer de façon aléatoire. Il délègue également aux interprètes la responsabilité de l’organisation : dans Four pour quatuor à cordes, les quatre couches musicales doivent être jouées avec la plus totale indépendance, et dans le Concerto pour piano et orchestre, le chef d’orchestre détermine lui-même la durée de l’œuvre, les musiciens sélectionnant les morceaux de partitions qu’ils exécuteront.
Cage « libère » doublement la musique en l’affranchissant non seulement de la structure fixe, mais également en redonnant aux sons leur autonomie, sans rapports les uns avec les autres. C’est une véritable tabula rasa qu’il propose, une musique conceptuelle, tout à la fois un commencement et une fin.