L'UNIVERS DE LA LITTERATURE
Un univers "multimédia"
 



En A ont été décrites les formes musicales diverses des ensembles de percussions en matériau dur en général [A1 : Instrument collectif / gamelan au sens large] et la structure concentrique établie à partir des gongs en particulier [A2 : gamelan au sens restreint].
En B sont abordés des aspects musicaux différents et complémentaires des premiers, aspects à l'origine liés plus spécifiquement au monde de la narration, en l'occurrence de la littérature savante écrite.
[B]


Comme la musique des gongs, la littérature écrite s'est épanouie à partir des
royaumes concentriques hindouistes de Java, du IXe au XVe siècle. Alors que l'île de Java, islamisée, donnait naissance à d'autres textes, Bali préserva et continua d'enrichir cette littérature rédigée en kawi, terme générique désignant les langues javanaises anciennes dans lesquelles sont consignés les savoirs, les textes épiques et les poèmes, en quelque sorte le pendant de ce que furent le grec et surtout le latin en Europe.
Peu d'Indonésiens savent vraiment lire et écrire les langues traditionnelles. Plus rares encore sont ceux qui comprennent les langues mortes. Ce savoir était volontairement réservé à quelques-uns, à l'élite surtout.
Toutefois le contenu des textes épiques et poétiques a de tous temps été offert à tous, par la sculpture, la peinture, la danse, le théâtre, le chant, la lecture à haute voix traduite en langue vivante, les masques, maquillages et costumes, puis la bande dessinée...
De nos jours, parmi les quelques personnes qui abordent le kawi et maîtrisent la littérature classique figurent les gens de théâtre et les chanteurs.




L'UNIVERS DE LA LITTERATURE
Conventions poétiques
 

Le langage poétique repose sur des conventions différentes de celles du gamelan. Comme tout discours, il est principalement linéaire. De plus, les formes poétiques classiques appartiennent au type asymétrique et additif. Probablement par interpénétration des domaines instrumentaux et vocaux, ces caractéristiques de linéarité et d'asymétrie permanentes dans le chant classique tiré de la littérature | 21| apparaissent dans certaines mélodies de gamelan | 13|.

Formes poétiques
Forme des poèmes épiques les plus anciens, issus de la littérature indienne : alternance de longues et brèves, système non mesuré
Forme des poèmes hindou-javano-balinais (Macapat, Mancapat, - qui est aussi le nom du système de correspondance symbolique - Kidung...):
une forme est définie par les paramètres suivants :
un nombre de lignes
un nombre de pieds différent pour chaque ligne (donc, à la différence du gamelan, la métrique est irrégulière)
une voyelle finale par ligne (qui a pu à l'origine être associée à la note de musique correspondante dans le système symbolique)

Toutes ces caractéristiques confèrent à chaque forme l'expression d'un tempérament spécifique, de sentiments particuliers : colère, passion, sérénité, majesté, force, mélancolie...

  Exemple :
Répertoire Sekar Macapat, forme poétique "Pangkur" (titre d'un dignitaire du royaume), d'après un ouvrage de SMKI (Conservatoire) de Surakarta, Java-Centre.
nombre de lignes : 7
nombre de pieds par ligne : 8, 11, 8, 7, 12, 8, 8
voyelles finales par ligne : a, i, u, a, u, a, i
caractère : combatif, vigoureux



Conventions musicales

Certaines conventions mélodiques et modales sont appliquées aux formes poétiques ou associées à tel ou tel type de littérature, donc utilisées non seulement dans le chant classique, mais aussi dans la musique instrumentale (gamelan et autres) qui accompagne la mise en scène.
Pour l'essentiel :
le slèndro pentatonique est associé à la plus ancienne littérature écrite, les épopées indiennes (Mahabharata, Ramayana),
les modes du pélog heptatonique sont associés à la littérature poétique hindou-javanaise, dont les héros sont considérés comme des réincarnations de certaines divinités et de certains personnages de la littérature indienne.


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