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L'archipel indonésien compte un très grand nombre d'ensembles instrumentaux aujourd'hui appelés gamelan, par extension de l'usage de ce terme d'origine javanaise. Malgré cette diversité, il est possible de dégager des traits caractéristiques communs à tous ces gamelan.
De telles caractéristiques sont présentes aussi dans certaines traditions musicales qui ne sont pas nommées gamelan ainsi que dans des pratiques sonores fonctionnelles, dans l'archipel et même au-delà, car elles relèvent du même principe fondamental : l'instrument collectif.



Dans son acception la plus large, le gamelan réfère à tout le CD de l'ouvrage "Musiques de Bali à Java, l'ordre et la fête" (Cité de la musique/Actes Sud), à
l'exception des plages 14, 15, 17, 20 et 21. L'effet commun à tous ces exemples, typique de l'environnement acoustique dans cette aire géographique, est un émiettement sonore, l'intercalation de sons de même nature émis en masse. Ce son collectif est dû à la luxuriance de la nature près de l'équateur auquel fait pendant le grégarisme des êtres vivants.
C'est pourquoi parmi les extraits du CD figure un choeur imitatif des percussions (Cak, plage 4) et des enregistrements de batraciens; il aurait pu s'y trouver aussi d'autres animaux (foules de coqs, canards, chiens, criquets...), des bruits naturels (gouttes d'eau, pluie, vent dans la flore), des musiques de girouettes et de moulins à eau en bambou, ainsi que des activités collectives produisant du son comme le pilonnage du riz, la battue des tambours d'alarme, le hachage et le râpage pour la cuisine, le balayage et bien d'autres travaux communautaires.

Ce vaste cadre installé, réduisons maintenant le champ aux traits proprement musicaux, en essayant de décrire le fond commun aux différents ensembles et répertoires, c'est-à-dire des concepts aussi fondamentaux que le seraient, dans la musique occidentale, la mesure, le tempo, la tonalité, l'harmonie, etc. Les notions qui caractérisent le style des ensembles à percussion/gamelan de toute cette aire culturelle entrent souvent en contraste avec les notions musicales occidentales. La découverte d'une culture étrangère exige de faire la part de ce qui peut ou non être transposé à partir de notre culture d'origine. C'est une des tâches les plus difficiles des ethnologues et ethnomusicologues.
     
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